Revenu agricole : Moubié Victorine n’envie pas un fonctionnaire
A Evoumba, village agricole ou elle évolue, Victorine est connue pour sa détermination et son entêtement. Elle ne courbe pas l’échine devant les obstacles qui s’opposent à elle. « Après les hauts et les bas que j’ai connus, j’ai tiré des leçons et j’ai décidé d’avancer. Avec mon premier groupement, on a eu une aide de 5 millions du PDRP, et par malheur cela nous a créé des problèmes car les membres n’avaient pas l’esprit de groupement. On a ensuite reçu l’aide du PRODER qui nous a doté de 30 coqs mais six mois après, ils ont arrêté de nous fournir en aliments de bétail et cela nous a obligés à tous vendre », a fait savoir cette dernière qui s’est totalement investit dans la culture du manioc à l’heure actuelle. « Le commencement est toujours difficile, une fois qu’on se lance, on ne peut plus s’arrêter. Lorsqu’on plante 10 hectares de plants de manioc par exemple, on peut obtenir 5 millions de FCFA lors de la récolte, idem pour certaines cultures vivrières comme le maïs », a indiqué Victorine qui encourage les femmes désœuvrées à se lancer dans cette activité. Si le parcours de Victorine a parfois été difficile par rapport aux obstacles rencontrés, (difficultés liées aux fonds, à l’accès aux terres, longues distances à parcourir, pénibilité physique, temps de travail important, travailleurs qu’il faut payer), ils ne valent rien par rapport à ce que la sexagénaire récolte « On dépense environ 190 mille FCFA par hectare pour le dessouchement, le propriétaire foncier, le cerclage… Mais, à la vente, on peut avoir autour de 500 mille FCFA », a fait savoir cette dernière qui ajoute de façon ironique : « Je n’ai rien à envier à un fonctionnaire, car lorsque je vends mes produits, je me retrouve et peux prendre soin des miens ». Cette réussite n’est pas un hasard, c’est le fruit des efforts et des formations qu’elle a reçues. « C’est vrai que GESCOD nous a apporté un plus dans la formation sur la gestion de nos exploitations, mais j’ai parfait mon savoir-faire bien avant avec les chefs de secteurs agricoles qui nous enseignaient, orientaient et conseillaient. Les séminaires et les notions élémentaires parce qu’on faisait l’agriculture traditionnelle », a expliqué Victorine qui a remarqué que le métier d’agriculteur a beaucoup évolué et que les femmes avaient leur place dans ce paysage, considéré à tort comme un milieu d’hommes. Par ailleurs, l’agricultrice invite les autorités locales à aider les femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure agricole. « L’état devrait aider les femmes dans la dotation des boutures, la location des terrains, l’achat du matériel, car l’agriculture traditionnelle nécessite beaucoup d’efforts physiques », a-t-elle estimé. Berna Marty Légendes et crédits photo :Photo: Moubié Victorine |