Les Dépêches de Brazzaville



Soudan du Sud: le pays au bord d’une nouvelle guerre civile


L’armée régulière a été accusée, le 14 février, « d’avoir attaqué des civils sur une place de marché dans la ville du Haut-Nil, entraînant des affrontements entre l’armée et la jeunesse locale qui ont fait de milliers de déplacés et des dizaines de blessés », affirme l’ONG Human rights watch.

L’opposant Riek Machar, quant à lui, accusait les soldats Sud-soudanais d’avoir engagé une offensive contre ses forces dans son fief. Des accusations qui ont conduit, le 4 mars dernier, à la prise d’assaut par une milice pro-Machar de la base militaire de Nasir, proche de la frontière éthiopienne.

Une série de représailles qui a engendré la perte de plusieurs personnes dont le commandant en chef de la base militaire et d’un soldat membre de la Mission des Nations unies pour le Soudan du Sud (minuss), a annoncé l’Organisation des Nations unies, le 7 mars dernier.

Le président Salva Kiir a appelé au calme en promettant que son pays « ne retombera pas dans la guerre ». De son côté, Riek Machar a indiqué que « Restaurer la paix dans la région reste une priorité absolue ».

Un pouvoir en décadence

Plusieurs facteurs seraient à l’origine de la crise actuelle. La question de la succession du président au pouvoir attise les espoirs de ses potentiels héritiers dont Riek Machar, et surtout la guerre civile qui fait rage au Soudan voisin. Celle-ci a privé l’Etat Sud-soudanais d’une grande partie de recettes pétrolières depuis 2024, mettant à rude épreuve la capacité de Salva Kiir à maintenir son régime à flot.

Rappelons que le Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde indépendant en 2011, s’était retrouvé déchiré en deux fractions de l’ancienne rébellion séparatiste : celle du président Salva Kiir à la tête de l’armée régulière et celle du vice-président Riek Machar, dirigeant du Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition. Leur confrontation avait fait près de 400 000 morts et 4 millions de déplacés entre 2013 et 2018, date à laquelle les deux rivaux ont signé un accord de paix préservant leurs positions de pouvoir respectives. Or, cet accord ne tient plus qu’à un fil parce qu’il n’a jamais totalement été appliqué.


Jean Pascal Mongo-Slyhm (stagiaire)

Légendes et crédits photo : 

Salva Kiir et Riek Machar, son éternel rival/DR