Tendances : les tresses naturelles en voie de disparitionÀ l’époque des tresses en nattes, en arabes et au fil…
La femme aux belles tresses portée par le franc CFA Ce qui est dit plus haut n’est pas un commentaire de trop. À la recherche d'images pouvant figurer sur les pièces de monnaie ou les billets de banque, et alors que d’autres États plaquaient des effigies de leurs chefs, le Congo avait pensé, et bien !, sublimer la femme aux belles tresses. Son image, réalisée par de grands portraitistes, trônait là, au milieu ou dans un coin, sur les pièces de monnaie ou sur des billets de banque. Aujourd’hui encore, le FCFA continue de véhiculer cette image de la femme aux côtés des autres richesses naturelles comme le pétrole ou le bois, des activités industrielles et paysannes : agriculture, pêche et élevage. Au sujet de l’effigie de la femme, c’est un symbole et un message tout à la fois ! La marraine ou « La Marianne » ?
À travers cet hommage fait à la femme, avec ses tresses, il faut lire des éléments d’une culture que l’on ne trouve pas ailleurs, comme l’explique Magalie, une enseignante : « Les tresses sont la particularité de la femme noire car l’Américaine ou l’Européenne ne les pratiquent pas. Regardez les Namibiennes ou les Kényanes… Elles ont leurs cheveux naturels mais à la garçonne. Chez la Congolaise, c’est un trait de culture ». Celle qui s’exprime ainsi regrette d’avoir été emportée, elle aussi, par la vague de la coiffure importée. D’où vient ce désintérêt à l’égard des tresses naturelles ?
Le nec le plus ultra, ce sont les images placées sur les emballages desdits produits ou celles des grandes stars retransmises à la télévision : jolis cheveux tombant sur le dos, belle peau bronzée, dents blanches… Dans cette myriade d’images, encore en noir et blanc certes, la Congolaise n’a retenu que celle des cheveux longs et lisses et celle d’une peau de rêve véhiculée par des mannequins. Commencent alors le phénomène de perruque et de dépigmentation, donc de consommation des produits qui transfigurent, et l’adoption d’une culture venue d’ailleurs. Encore timide à l’époque, la tendance a été accentuée avec l’explosion des médias, le règne de la pub, la chute des barrières qui favorisent le mouvement des personnes d’un pays à un autre et d’un continent à un autre. Quelle politique pour sauver ou réhabiliter les tresses naturelles ? Quelques religions essaient, malgré elles, de ramener de l’ordre sur ce plan. Mais c’est sans compter sur la démission des fidèles. Les écoles publiques qui ont pris le relais ont vu des enfants aller vers des établissements privés et vice versa. À l’heure de la recherche du gain, des promoteurs d’établissements ont dû abdiquer là où ceux de l’école publique se sont résignés en concluant des marchés obscurs avec des élèves. Sans commentaire ! Reste peut-être aux organisateurs de concours de beauté d’en instituer un qui promeut les tresses naturelles. J.-F. Wabout, L.-J. Mianzoukouta et L.-G. Oko |