Vient de paraître : « Pour l’amour de Zaïna » de Moyila Ngonda, paru aux Éditions Renaissance Africaine
Moyila Ngonda (M.N.) : Oui, j’aime varier les genres et les domaines. Je répugne à l’uniformité. C’est pourquoi j’essaie d’être à la fois écrivain, artiste-peintre, graveur, sculpteur, fondeur d’art, et membre de l’Union des écrivains congolais, de l’Association des artistes plasticiens congolais, de l’Association internationale des critiques d’art (section Congo) ainsi que de l’Académie des marches de Saint-Jean-de-Luz France. L.D.B. : L’histoire de votre roman Pour l’amour de Zaïna se passe à Kinshasa dans les années 1990… Comme dans celui de 2019, Retrouvailles (Z4 Éditions). Êtes-vous nostalgique de cette époque-là ? M.N. : Pas du tout ! J’aborde cette époque dans mes deux romans, car c’est celle-là que je connais le mieux. Mais en trente ans, qu’est-ce qui a changé à Kinshasa sur le plan des mentalités ? Malgré les nouvelles technologies, qui nous connectent au monde à tout moment, je crois que ma ville natale a gardé les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire une ville spectacle. L.D.B. : En parlant de ville spectacle, votre roman la décrit assez bien, puisque c’est un roman réaliste - des détails descriptifs, des précisions spatio-temporelles, des champs lexicaux de la vie sociale, etc - L’un des personnages, Kikodi, homme d’affaires et lié à des politiques, n’hésite pas à corrompre à tout-va pour l’amour d’une jeune fille… M.N.: Effectivement, cet homme incarne le Congolais qui a réussi : il se croit tout permis. Il me rappelle, si vous voulez, un personnage de Dostoïevski, qui clamait haut et fort : « Dieu est mort ! Tout est permis !» C’est pourquoi, désillusionné, éconduit par Zaïna, il commet un meurtre. Il assassine en effet l’amant de celle qui est la cause de son tourment. Se pose donc la question de savoir si la déception amoureuse est, seule, sa motivation. Je laisse le soin aux lecteurs de le découvrir par eux-mêmes. Cependant, si ce personnage dostoïevskien, Kikodi, n’avait pas eu de relations politiques, aurait-il eu le courage de commettre ce meurtre ? L.D.B. : Pour ce deuxième roman, vous avez fait le choix des Éditions « Renaissance Africaine », du Congolais de Brazzaville Elvez Ngaba. Pourquoi ? M.N.: J’aime tenter des expériences. Et puis, avec Elvez Ngaba, nous parlons les mêmes langues : nous avons donc une consanguinité culturelle. Mais au-delà du pont Kinshasa-Brazza, du moins symbolique, c’est d’abord la qualité de ses publications qui m’a séduit. Du reste, il est diffusé par une grande maison française. Marie Alfred Ngoma Légendes et crédits photo : Couverture "Pour l’amour de Zaïna de Moyila Ngonda" |