Cinéma: la pétition contre la tentative d'interdiction de « L’empire du silence » approche les 1 500 signaturesMardi 12 Avril 2022 - 17:55 Initiée et lancée en ligne par le chercheur et politologue congolais Alphonse Maindo Monga, la matinée du samedi 9 avril, signée à partir du lien : https://chng.it/sDzV9VLq, vient en appui à la lettre ouverte soutenant la même cause.
Il semble que l’appel exprès à la solidarité pour une large diffusion de la réalisation du cinéaste belge, Thierry Michel, porte ses fruits. En effet, en début du week-end dernier, Alphonse Maindo demandait « aux personnalités congolaises et internationales, aux sociétés civiles congolaises et internationales ainsi qu’aux diasporas congolaises » de signer la lettre ouverte expliquant la démarche menée en faveur de "L’empire du silence", la dernière réalisation du cinéaste belge. Largement partagé sur les réseaux sociaux les heures qui ont suivi, le 12 avril en fin de journée, la pétition a passé la barre de 1 300 signatures. Celle d’Alphonse Maindo, première enregistrée le samedi même, a été depuis lors suivie par plusieurs à travers le monde. Dans sa lettre ouverte, l’initiateur de la pétition met les internautes au parfum des contours de l’action en cours, savoir qu’à la suite de la projection de "L’empire du silence" à Kinshasa l’an dernier, Thierry Michel et les Films de la passerelle avaient reçu « une citation pénale à comparaître le 10 mai 2022 devant le Tribunal de Kinshasa, soi-disant pour “contrefaçon / plagiat“ et pour “vol et le viol“ de l’imaginaire des cinéastes congolais ». Alphonse Maindo a déploré l’action en justice menée, a-t-il indiqué, par « les frères Gilbert Balufu Mbaye, réalisateur, et Balufu Bakupa Kanyinda, producteur du film "Congo le silence des crimes oubliés (2015 )". Convaincu de leur objectif de faire saisir et interdire les projections du film L’empire du silence et de faire condamner Thierry Michel à une peine d’emprisonnement de un à douze mois (selon l’article 97 repris dans la citation) ». Le politologue affirme que la procédure judiciaire « fait suite à une large campagne calomnieuse orchestrée par les frères Balufu sur les réseaux sociaux ». Pour y mettre un terme, Thierry Michel et les Films de la passerelle, société productrice du film, ont à leur tour déposé « plainte pour diffamation, devant les tribunaux belges et congolais ». Et de son côté, Alphonse Maindo, qui témoigne aussi dans le film, a dès lors pris position en faveur du cinéaste belge, indiquant : « Nous, signataires de cette lettre ouverte, dénonçons cette tentative de censure du film "L’empire du silence" qui représente une atteinte à la liberté de création, la liberté d’expression et la liberté de presse et apportons tout notre soutien à Thierry Michel et sa productrice Christine Pireaux ». Un hasard ? Pour sa part, le réalisateur mis en cause souligne qu’« il ne s’agit pas de défendre un individu mais bien un film qui s’ouvre sur le discours d’Oslo du Dr Mukwege à l’occasion de la remise du prix Nobel et se clôture par le discours de Bruxelles du docteur sur ses espoirs pour le futur de paix et de réconciliation du Congo ». De son côté, Alphonse Maindo en vient à se demander : « Est-ce un hasard si cette accusation intervient au moment même où le plaidoyer contre l’impunité du Prix Nobel de la paix 2018, le Dr Mukwege, commence à trouver un écho favorable, de même que la campagne Justice for Congo, relayée par les grandes organisations internationales de défense des droits humains et par la société civile congolaise, interpellant la classe politique congolaise et la communauté internationale pour agir contre les auteurs des massacres perpétrés au Congo depuis plus de 25 ans ? ». Ainsi, les signataires de la pétition en ligne marquent leur adhésion, soutien et appui à la campagne Justice for Congo contre l’impunité des crimes commis en République démocratique du Congo à laquelle "L’empire du silence" sert de support. Témoignage éloquent des atrocités innommables vécues dans l’est du pays et qu’il serait incompréhensible de continuer à passer sous silence. Comme l’a souligné le réalisateur belge lui-même en réponse à un échange sur les réseaux sociaux, le documentaire rend compte de faits qui ne peuvent continuer à être gardés sous silence. « Film construit sur la parole des victimes de Lemera, de Bukavu, de Kasika, de Tingi Tingi, de Kisangani, de Mbandaka, de Kananga etc., comment est-il envisageable d’étouffer ces voix et de perpétuer L’empire du silence ? ». La pointe d’indignation que l’on peut sentir dans ce propos fait bien écho à celle plus vive, manifestée à l’occasion de la projection du film les 26, 27 et 29 novembre derniers à Kinshasa. Offusqués, les quelques Kinois privilégiés qui ont pu assister aux soirées organisées au Palais du peuple n’ont pas manqué de réclamer une plus large diffusion du film. D’aucuns ont souhaité la programmation de projections partout en cité, les quartiers populaires y compris, question de mieux sensibiliser le Kinois au triste récit de la région meurtrie de l’est qui est aussi son histoire et son malheur parce que celle du Congo. Nioni Masela Légendes et crédits photo :1- La pétition a passé la barre des 1 300 signatures / DR
2- La campagne Justice for Congo dont "L’empire du silence" sert de support / DR
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