Les immortelles chansons d’Afrique : « Soyotina » de Siméon Mavuela

Vendredi 18 Novembre 2022 - 12:59

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Siméon Mavuela, surnommé Mavuela Somo, Cheik Vuelas ou encore le grand catalogue a rejoint les limbes le 12 novembre dernier. Danseur, auteur et interprète à la voix de baryton, il a enrichi le répertoire musical congolais des titres à succès comme « Soyotina ».

« Soyotina » a vu le jour au Zaïre en juillet 1975, grâce aux éditions Parions, en format 45 tours, référencé PAR 60. C’est au sein du groupe Isifi Lokole que Cheik Vuelas a écrit ce tube. Plus tard, la chanson sera rééditée en France, sous le label African avec la référence 91.041. Elle raconte l’histoire d’un jeune homme qui se dit fatigué de vivre une relation amoureuse clandestine avec sa petite amie du nom de Soyotina. Il veut alors rencontrer ses parents pour officialiser leur union. « Soyo Soyotina ngai nalembi kobomba na baboti, soki oboyi toloba na baboti, ngai naboyaka bolingo ya nzela, ngai nakosenga baboti bayeba ». Ce qui peut se traduire par  « Soyotina, j’en ai marre de me cacher devant les parents, si tu refuses qu’on le leur dise, sache que je déteste de vivre dans la clandestinité. De mon côté, je veux que les parents soient informés de notre union ».   

Cette œuvre musicale débute par une entrée instrumentale de la guitare solo de Shora Mukoko suivie de la batterie de Biko Star, la guitare basse de Djo Mali, la guitare rythmique d’Ada Muangisa, les percussions d’Otis Koyongonda et le lokole de Lolingo avant que n’intervienne le chant polyphonique de Mavuela, Evoloko, Wemba et Bozi. « Soyotina »  est une chanson à trois rythmes : la rumba, le zebola et le kimbwa souvent appelé « sébène ».

La beauté de cette chanson réside dans le travail de qualité  accompli par les musiciens qui y ont joué. La mention très honorable mérite d’être attribuée au soliste Shora Mukoko. Car il sut relever le défi qui lui était lancé. Rappelons qu’à cette époque,  Manuaku s’était imposé comme pilier de Zaiko avec ses solos endiablés et il était difficile pour les dissidents de cet orchestre de trouver un soliste de son calibre.

Né le 13 juillet 1950 à Léopoldville, Siméon Mavuela démarre son parcours musical au sein de l’orchestre Super Brown avant de rejoindre Zaiko Langa Langa en 1969. Lors du premier crash de cet orchestre, le 4 décembre 1974, il est aux côtés  d’Evoloko, Wemba pour  la création de l’ensemble musical Isifi Lokole. Bozi les rejoindra après. Deux ans plus tard, des problèmes de leadership surgissent, il claque la porte à Evoloko et forme avec Wemba Yoka Lokole. Au sein de ce groupe, Mavuela et Mashakado étaient des danseurs vedettes, ils sont arrivés jusqu’à brimer Wemba qui a fini par abandonner le navire pour fonder, en 1977 Viva la Musica . Pendant ce temps,  Mavuela tente de restructurer Yoka Lokole mais en vain car le navire va sombrer. Il s’en ira en direction du Gabon où il va se convertir au christianisme par l’entremise du pasteur Badinga avant de s’installer à Anvers, en Belgique, où il a tiré sa révérence. Il a, à son actif, neuf albums.        

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette de l'album

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