Attaques de Boko Haram au Nigéria : l’Italie veut s’impliquer

Lundi 30 Juin 2014 - 19:44

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Les attaques de la secte islamiste dimanche dernier contre des églises dans le nord du Nigéria ont suscité l’indignation dans les rangs du gouvernement à Rome

Alors que l’indignation suscitée dans le monde par l’enlèvement de plus de deux cents lycéennes de Chibok semble marquer le pas, tout se passe comme si la secte Boko Haram se sentait encouragée à repousser chaque jour plus loin les limites de l’horreur. Non seulement, après son acte revendiqué du 24 avril dernier, le groupe fondamentaliste musulman a opéré deux autres razzias de jeunes filles au Borno et perpétré deux attentats majeurs à Lagos et à Abuja, la capitale fédérale, mais il semble aussi se divertir à titiller les militaires, y compris dans leurs casernes.

Le week-end dernier, il est revenu à son dada premier : l’attaque contre les églises chrétiennes le dimanche, de préférence à l’heure des messes et cultes. Le groupe islamiste s’est ainsi surpassé : attaques ciblées contre quatre villages autour de Chibok, la martyre : 50 morts pour un seul dimanche ; 2 500 depuis le début de l’année. Et cela dure depuis trois ans ! Impuissance relative des forces armées et en conséquence aussi du président Goodluck Jonathan, devenu le centre de critiques nourries de la part de l’opposition. En Italie, la situation inquiète.

Dans un langage qui se veut plus direct que diplomatique, dimanche, la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, s’est dite indignée. « L’information qui nous est parvenue aujourd’hui sur une nouvelle série d’attaques constitue une attaque au cœur de la chrétienté sur cette terre très difficile. Demain (lundi, NDLR), j’appellerai le ministre nigérian des Affaires étrangères pour lui offrir tout notre soutien qui est actif depuis quelques mois, mais que nous pouvons et voulons renforcer », a-t-elle indiqué.

Aujourd’hui, Federica Mogherini s'affirme comme une personnalité qui monte. Elle pourrait en effet devenir dans quelques semaines la voix de la diplomatie de l’Union européenne, plusieurs capitales la voyant volontiers succédant à la commissaire de nationalité britannique actuelle, Catherine Ashton. Pour Federica Mogherini, la question Boko Haram a cessé d’être nigériane. « Il s’agit d’une question d’importance capitale non seulement pour la sécurité du continent africain, mais surtout pour le droit à la liberté de religion », soutient-elle. « C’est un élément de grande préoccupation pour le monde, et je crois que l’Europe peut faire beaucoup pour répondre à une telle attaque. En tout cas, l’Italie fera ce qui lui revient », a-t-elle ajouté.

La volonté de la diplomatie italienne vient renforcer une détermination internationale qui n’a toutefois pas encore donné de résultats tangibles sur le terrain. Grande-Bretagne et États-Unis en particulier ont activé des dispositifs plus ou moins discrets pour traquer les terroristes. Le Cameroun s’est activé lui aussi le long de la frontière commune, revendiquant un bilan de huit islamistes tués par son armée il y a dix jours, près d'Amchidé. Et la semaine dernière, au sommet de Malabo, l’Union africaine s’est elle aussi exprimée pour faire du terrorisme islamique une de ses préoccupations.

Lucien Mpama