Connexion de la RDC à la fibre optique : que de légèreté dans la conduite du projet !

Mardi 19 Mai 2015 - 19:23

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Le bureau de l’Assemblée nationale a chargé, le 18 mai, la commission d’enquête parlementaire sur le backbone national en fibre optique de déférer devant les cours et tribunaux toutes les personnes impliquées dans la mégestion de la réalisation de ce projet en RDC.

La connexion de la RDC au câble international sous-marin de télécommunications en fibre optique (Wacs) s’est butée, dans sa réalisation, à de nombreux abus perpétrés par les différents intervenants dans ce dossier. Il a fallu que l’Assemblée nationale décide d’y voir clair pour enfin découvrir le pot aux roses. Gangrené par une maffia solidement implantée avec des ramifications au plus haut niveau de l’État, ce projet continue d’évoluer en dents de scie. La commission d’enquête parlementaire sur le backbone national en fibre optique qui a livré son rapport le lundi dernier à l‘hémicycle a notamment mis en relief l’opacité des marchés passés notamment dans la construction de la station d’atterrage de Muanda sur fond d’un contentieux juridico-financier.

Le premier attributaire, l’entreprise Smart ideas trading, s’est tiré avec plus de 1,5 million de dollars, sans parler du paiement direct du Trésor public pour un montant de 600 mille dollars au titre d’avance et d’autres paiements possibles conformément au bon d’engagement n°035316A d’un montant de 9 millions de dollars. À la fin, cette entreprise fictive dont on ne retrouve aucune trace ni à la Société commerciale des postes et télécommunications, encore moins à la Direction générale de contrôle des marchés publics n’a pas fait le travail attendu d’elle. C’est ainsi que le gouvernement s’est rabattu sur Doreco. Le marché conclu avec ce nouveau prestataire est évalué à 4,7 millions de dollars, mais dont les paiements finaux avoisinent 7 millions de dollars avec des travaux supplémentaires sur la base d’une procédure de commande non conforme aux normes réglementaires.

Là encore, à en croire le rapport parlementaire, il y a à boire et à manger d’autant plus que le ministère des Finances n’a pas fourni à la commission la hauteur exacte du financement. Entre-temps, à la Direction générale du contrôle des marchés publics, le dossier Doreco ne se retrouve nulle part. La conduite du projet est teintée, en amont et en aval, des violations qui attestent la légèreté avec laquelle s’est traité le dossier de la fibre optique. Un dossier juteux qui a donné lieu à l’implantation d’un vaste réseau de détournements de fonds à l’instar du prêt-Biac de 12 millions de dollars ayant fait l’objet des retraits suspects, même de la part des personnes n’ayant aucun lien direct avec le projet. Ce qui explique le courroux du bureau de l’Assemblée nationale qui a enjoint la commission parlementaire à déférer devant les Cours et tribunaux toutes les personnes impliquées dans la mégestion de la réalisation de ce projet en RDC.

Par ailleurs, la commission note que les recettes en cours générées par l’exploitation de la fibre optique dépassent déjà 2 millions de dollars après près de 10 mois. Ces recettes seraient logées dans un compte bancaire-séquestre dont le débit ne serait autorisé que par le Premier ministre. La connexion de la RDC aux câbles internationaux de télécommunications en fibre optique comporte, d’après le rapport parlementaire, des inadéquations et lacunes sur le plan technique. D’où l’urgence des pourparlers en cours avec la société » CITCC » en vue de corriger les malfaçons et la mise en place de la redondance pour la phase 1 du backbone comprenant la station d’atterrage de Muanda, le backbone (Muanda-Kinshasa) et les réseaux d’accès associés (rings métropolitains).

Alain Diasso

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