COP21 : Serge Lema : « La Conférence devra tenir compte de la différenciation de l’agriculture itinérante »

Du point de vue du sommelier congolais, la vigne est un des marqueurs du climat en France. Il observe que les produits agricoles venant de différentes zones françaises subissent l’effet direct du réchauffement climatique. Et il constate que, selon les variations de températures, ils ne sont pas épargnés par le réchauffement climatique. « À un degré près, le vin dont le raisin aura eu une maturité distordue ne sera pas obtenu au même rythme. Au bout, l’effet climat est majeur pour les produits viticoles. En tant que distributeur de vin, nous le constatons au fur et à mesure sur l’impact du goût entre les vins d’aujourd’hui et ceux d’il y a quelques années. Mais, quel que soit le dérèglement climatique, la technologie viendra au secours de l’agriculture viticole ». 

En revanche, pour le Congo, son pays d’origine, Serge réfute l’argument selon lequel «la culture sur brûlis gaspille les ressources et se traduit par une dégradation de l'environnement». Là-bas, explique-t-il, les populations pratiquent une agriculture itinérante. Cette méthode est la plus efficace pour les peuples autochtones pour s'accommoder aux réalités écologiques du Bassin du Congo, confie le sommelier. Il soutient que, face aux difficultés d'établissement d'un agro-écosystème dans la forêt tropicale, cette pratique est une réponse adaptée. « Les populations coexistent sur les différents sites en respect avec les éco-zones où elles vivent en combinant plusieurs stratégies ingénieuses de subsistance, en laissant le sol en jachère par exemple, sans apport de fumier, engrais ou dépôt alluvial ».

De l’espoir climatique que suscite la 21^ème Conférence de Paris, « j’en attends une prise en compte de la différenciation de la zone subsaharienne », conclut Serge Lema entre deux conseils aux clients sur la dégustation de ses bons crus bien alignés dans sa boutique de la Porte de Saint Ouen à Paris.