Mode. Cherry Essam : « La règle d’or, c’est le respect du travail »

Mercredi 4 Juillet 2018 - 14:11

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Levier majeur de l’entrepreneuriat des jeunes, l’industrie du textile gagne du terrain en Afrique. Plusieurs talents africains font preuve d’une créativité qui séduit le monde. Parmi ces talents, il y a Cherry Essam, styliste ressortissant de la République démocratique du Congo (RDC). Nous l’avons rencontré à l’occasion de ses quinze ans de carrière. Interview.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Quel a été le déclic de la rencontre entre Cherry Essam et la mode ?

Cherry Essam (C.E.) : Je suis arrivé là par hasard, je ne pensais pas être appelé un jour couturier, je rêvais plutôt d’être un artiste musicien. Car, dans ma jeunesse, j’avais un penchant pour le chant. C’est ma mère qui a attisé en moi la flamme de mon amour pour le tissu. Auprès d’elle, j’ai appris à coudre, il y a de cela quinze ans déjà. Le bruit des machines est devenu un rythme de vie quotidienne pour moi. Quand je ne l’entends pas, j’ai l’impression que je ne suis pas au bon endroit.

L.D.B. : Et si on parlait de vos débuts ?

C.E. : Ma première cliente est venue vers moi, parce qu’elle m’avait seulement fait confiance, c’était la fille de mon parrain de baptême. Après elle, d’autres clients ont commencé à affluer et j’ai réussi avec l’argent perçu à me constituer ma première équipe de quatre élèves. C’est après avoir mis en place cette structure que je fus appelé « Maître couturier » pour la première fois. À cette époque, la couture était un métier de femmes et hommes d’un certain âge, et voir un jeune derrière la machine était une curiosité chez mes potentiels clients. En peu de temps, j’ai acheté mes premières machines à coudre.

L.D.B. : Quelles sont les qualités indispensables pour être un bon styliste?

C.E. : La règle d’or, c’est le respect du travail. Il faut savoir tirer l’inspiration partout dans la nature. Je suis attentif au moindre détail de mon environnement car étant créateur de mode, nous sommes des savants et il nous faut beaucoup de concentration. Par ailleurs, un créateur de mode ou un couturier doit être courtois et honorer ses engagements pour ne pas perdre la crédibilité et le respect des clients. Il faut aussi savoir s’excuser en cas de non-respect de la livraison.

L.D.B. : Quel bilan faites-vous de vos quinze années de carrière ?

C.E. : Toutes ces années représentent énormément de choses, notamment un travail de longue haleine. Quand je fais une rétrospective d’où je viens et où j’en suis arrivé, j’ai encore plus de motivation et espère faire mieux. Mes quinze ans résument un seul mot : la maturité.

L.D.B. : Vos plus beaux souvenirs dans votre travail ?

C.E ; : Il y en a tellement mais je suis fier d’être nommé parmi les meilleurs stylistes en RDC, d’être sollicité par des personnes et personnalités influentes, d’avoir participé à de prestigieuses rencontres de mode à travers le continent.

L.D.B. : Un souhait ?

C.E. : Je souhaite que la mode africaine aille encore de l’avant. Hier dans mon pays (RDC, ndlr), coudre était un métier par défaut, aujourd’hui c’est un art qu’on perfectionne dans des grandes écoles de stylisme. Nous avons rejoint le palier de ce magnifique espace moderne.

Propos recueillis par Karim Yunduka

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