Concertations nationales : participation incertaine d’Étienne Tshisekedi

Depuis que la dynamique des concertations nationales a été lancée, Étienne Tshisekedi paraît, encore et toujours, évoluer en marge de ce processus pour lequel il semble ne manifester aucun intérêt. L’UDPS avait déjà donné le ton en déclarant qu’elle refuse « de participer à un simulacre de dialogue qui prendrait la forme d’un congrès des forces politiques affiliées à la majorité présidentielle ». A la 12^e rue/Limete, on est plus que jamais convaincu que ces concertations nationales, du moins dans leur forme actuelle, tendent à conférer une certaine légitimité au chef de l’État. Depuis lors, l’irréductible opposant ne pipe mot sur l’organisation de ce forum, préférant s’enfermer dans un mur d’ivoire. Tout ce qui se trame aujourd’hui sur fond d’intenses activités du tandem Kengo-Minaku ne semble pas le bousculer dans sa fermeté.

Au moment où d’autres formations politiques de l’opposition tendent à mettre un peu d’eau dans leur vin, prêtes à mordre à l’hameçon sous certaines conditions, Étienne Tshisekedi et son UDPS restent toujours intraitables dans leur position. Le Mouvement de libération du Congo et d’autres partis de l’opposition qui jusque-là partageaient la même vision avec l’UDPS ont dû se rétracter en dernière minute en renonçant à leurs préalables. L’on croit savoir que la perspective de la formation d’un gouvernement d’Union nationale telle qu’annoncée par Léon Kengo Wa Dondo justifierait ce changement de ton de la part de ces partis avides du pouvoir. Avec ce revirement inattendu du MLC, il n’est pas exclu que l’UNC de Vital Kamerhe lui emboîte aussi le pas. Dans cette hypothèse, l’UDPS resterait alors la seule du triumvirat à ne pas encore céder à l’appât du président du Sénat.

Attitude controversée

Étienne Tshisekedi et son parti ont rejeté toutes les sollicitations en rapport avec ce forum national. Lundi dernier, alors que le présidium amorçait des consultations avec la classe politique et la société civile, l’UDPS n’était pas partie prenante. Au moment où les autres acteurs politiques et sociaux traversent le Pool pour aller à la rencontre du potentiel facilitateur Denis Sassou N’Guesso, Étienne Tshisekedi fait montre d’aucun empressement. Et pourtant, son implication dans les concertations nationales apparaît comme déterminante pour leur donner un caractère inclusif. « Il faut attendre la tenue de la rencontre entre Denis Sassou-N'Guesso et Étienne Tshisekedi avant de convoquer les concertations nationales », a déclaré le président du groupe parlementaire UDPS et alliés. Pour ce dernier, le leader de l’UDPS a effectivement sa place dans ce forum en tant qu’un des protagonistes majeurs de la crise politique en RDC résultant essentiellement des fraudes électorales ayant émaillé les scrutins de 2011. Plutôt que de se lancer sans le « lider maximo » dans « un forum qui perdra toute sa crédibilité », Samy Badibanga exhorte le présidium à la patience car, de la rencontre Etienne Tshisekedi-Denis Sassou N’Guesso dépendra, selon lui, de la suite à donner aux préparatifs de ce forum national.

À présent qu’un grand pas vient d’être franchi avec notamment la mise en place du secrétariat technique, le choix des thématiques et l’acceptation du consensus comme seul mode de décision, d’aucuns redoutent que, dans son extrémisme outré, Étienne Tshisekedi puisse tout mettre en moule. Pendant qu’une certaine opinion considère son attitude extrémiste comme un frein à l’élan de cohésion national qui se profile, d’autres par contre la soutiennent estimant qu’elle permet à l’ex-challenger de Joseph Kabila d’éviter de se compromettre dans une rencontre où les intérêts du peuple risquent d’être sacrifiés au profit du besoin de repositionnement des acteurs politiques.