Recherche : étudier de plus près le moustique pour lutter efficacement contre le paludisme

Mardi 4 Février 2014 - 18:04

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Des chercheurs italiens et allemands s’intéressent à l’odorat de l’anophèle comme piste de recherche sur le paludisme

Depuis quelques années, une équipe internationale impliquant les universités italiennes de la Sapienza (Rome), celles de Florence et de Pise alliées à des chercheurs de l’université de Berlin (Allemagne) a choisi d’explorer les mécanismes sensoriels de l’anophèle. Comme on sait, c’est ce moustique dont la vie est pourtant des plus brèves, qui transmet à l’homme par sa piqure la maladie du paludisme. Les scientifiques se sont posé la question : comment ce moustique repère-t-il, au milieu de centaines de cibles possibles, celles à sang chaud comme l’homme ?

Le moustique « sent-il » ses proies ? Et comment le fait-il alors que par ailleurs sa vue n’est pas des plus performantes ? Les personnes exposées à ses piqures – ou les animaux susceptibles de développer un paludisme – dégagent-elles une sorte de traceur génétique qui les désigne de préférence ? Les moustiques opèrent-ils un « choix » de qui piquer alors que, par exemple, ils peuvent tout aussi bien se ruer sur des aliments sucrés, en putréfaction, odorants, colorés, liquides ou secs comme le font les mouches ?

Les réponses à ces questions ont été publiées dans la revue scientifique PlosOne, et annoncent le possible développement de nouvelles molécules de soin du palu. L’objet d’étude des scientifiques a été le moustique de la famille des 'Anopheles Gambiae ' (Anophèles de Gambie), qui est le principal vecteur de la maladie en Afrique sub-saharienne. Les chercheurs ont pu identifier un groupe de protéines dans les organes olfactifs de la bête qui font que, aussi sûr qu’un missile guidé au laser, les moustiques « fondent » sans coup férir sur leurs cibles.

Pour Beniamino Caputo, de La Sapienza, « ce résultat permet de restreindre les analyses futures à un nombre plus limité de protéines, un tiers, impliquées dans le transport des substances vers les récepteurs des membres internes des organismes olfactifs. Un tel nombre limité devient un centre de recherche optimal pour l’identification des molécules impliquées dans le comportement et le choix de la cible du moustique, et donc pour le développement d’une nouvelle famille de repoussoirs ou d’attirants pour la capture ».

Au total pas moins de 90 protéines entrent en jeu chez le moustique pour capter dans l’air l’odeur dégagée par la cible et se diriger vers elle. Mais, affirme le Dr Caputo, seul un tiers de ces senseurs sont présents dans l’anophèle. C’est donc sur eux que se concentre l’étude actuelle. Les scientifiques affirment qu’une importante frontière de la recherche a été franchie avec la délimitation devenue claire entre les protéines infectantes et les autres pour la transmission du paludisme.

Les chercheurs italiens sont ici sur un terrain familier, comme qui dirait. Car c’est bien un médecin italien, le Dr Giovanni Maria Lancisi qui, le premier, comprit le lien entre paludisme et moustique. D’ailleurs aujourd’hui encore les deux mots pour désigner ce mal, malaria ou paludisme, sont d’origine italienne (palude = marais ; malaria = male + aria, soit mauvais air dégagé par les marais puants où pullulaient les moustiques au 17e siècle en Italie).

Le fait est que le paludisme reste encore une maladie redoutable aujourd’hui. Malgré sa connaissance chaque jour plus affinée de la part de la communauté scientifique, il continue de toucher 200 millions de personnes, surtout en Afrique au sud du Sahara. Quelques 500.000 malades en meurent chaque année selon les données italiennes.

Lucien Mpama