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Oligui plus viteSamedi 8 Mars 2025 - 18:07 Parmi les tenants de régimes installés à la tête des Etats africains ces quatre dernières années après un putsch militaire figure l'actuel président de Transition de la République gabonaise. Mais plus que ses homologues malien, guinéen, burkinabé, nigérien et soudanais ayant emprunté cette même voie tant décriée pour accéder au pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema semble détenir le secret de la marche forcée vers la sortie du régime d’exception. Quelle explication plausible ? Ayant fixé au 12 avril prochain l’élection du président de la République, une course à laquelle, sans surprise, il est candidat, le haut officier gabonais coupe l’herbe sous le pied de ses « camarades » mentionnés plus haut. Dernier de la liste quand on suit l’ordre d’arrivée aux affaires, il sera le premier à abandonner le treillis si la chance lui sourit de remporter le scrutin. Il est possible cependant de trouver à Libreville et à Oligui Nguema les raisons de cette démarche, probablement intransposables à Bamako, Ouagadougou, Conakry, Niamey et Khartoum. Au Gabon, le chef de la Transition n’a pas de territoire à reconquérir ou à disputer à des insurgés armés. Il est à la tête d’un pays quasiment « intact » du point de vue sécuritaire, en plus d’un voisinage qui ne lui pose pas de problèmes. Cerise sur le gâteau pour Oligui Nguema, la principale institution d’intégration sous-régionale dont son pays est membre, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale a diplomatiquement permis à Libreville d’amortir le choc du « pronunciamiento » du 30 août 2023. Telle n’est pas la situation des « Aésiens », entendu les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Mali-Burkina-Niger) soumis aux pressions des mouvements terroristes et d’un environnement extérieur hostile puisque lourdement sanctionnés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). S’il n’est pas lieu de trouver des excuses aux incursions des militaires sur la scène politique, les circonstances des prises de pouvoir dans les pays cités ci-dessus appelaient sans nul doute leurs partenaires en Afrique et au-delà à beaucoup plus de réalisme. La douloureuse séparation entre la Cédéao et l’Alliance des Etats du Sahel, actée au mois de janvier dernier, est la suite logique de l’absence de dialogue entre les parties. En revanche, la Guinée est un cas à part : Conakry n’a pas maille à partir avec quelque rébellion mais la transition paraît avoir encore de longs jours devant elle, même si, entretemps, les militaires avancent que des élections générales auront lieu cette année. L’opposition qui avait globalement salué le coup de force en 2021 exprime désormais son désarroi face aux autorités de transition qui traînent les pieds. Quant au Soudan, le conflit en cours est le résultat d’une rivalité monumentale entre d’anciens alliés qui n’ont pu s’accorder sur le partage du pouvoir hérité d’un chaos institutionnel. Le bout du tunnel s’éloigne et ajoute au malheur de la population civile. Ce mois de mars de l’an 2025 marque le quatrième anniversaire de l’arrivée au pouvoir des militaires au Mali, en Guinée, au Soudan ; trois ans pour le pays des hommes intègres, le Burkina Faso ; deux ans pour les Nigériens. En raison de la spécificité des situations dans les Etats du Sahel, l’on pourrait s’attendre à des prolongations, la préoccupation revendiquée des autorités en place étant d’éradiquer la menace terroriste, restaurer l’autorité de l’Etat et rétablir la paix dans leur espace commun avant toute démarche vers la convocation des électeurs. Et si tout se passe bien pour lui, au lendemain des joutes électorales du 12 avril prochain et avant la fête nationale, le 17 août de cette année, donc un peu moins de deux ans après l’intermède kaki, le Gabon aura réalisé le retour à l’ordre constitutionnel. Y compris dans l’hypothèse où le général président de la Transition parviendrait à troquer sa veste militaire contre le costume trois pièces. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |