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Asimba Bathy au festival Africajarc

Mercredi 10 Août 2016 - 22:15

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Asimba Bathy, l’un des grands représentants de la bande dessinée congolaise, était présent lors du festival Africajarc du 21 au 24 juillet dernier, dans le Lot en France. Les Dépêches de Brazzaville sont allées à sa rencontre.

Asimba BathyC’est au Grin littéraire, l’espace des auteurs, des éditeurs et des dessinateurs qu’il se trouvait, entouré du collectif de dessinateurs de l’Afrique dessinée. Il a évoqué pour nous sa nouvelle casquette d’éditeur.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) :  « Vous qui êtes actif dans le métier depuis plus de trente ans, vous avez déjà de nombreuses cordes à votre arc : dessinateur, scénariste, créateur de revues de bande dessinée (telles que Mak BD, Bulles & Plumes, Le Numéro Un ou plus récemment Kin Label), réalisateur de dessins animés et maintenant éditeur. Parlez-nous de l’aventure des éditions du Crayon noir ».

Asimba Bathy (AB) : « Effectivement jusqu’à présent, j’étais plutôt tourné vers la création de revues. Je suis d’ailleurs journaliste à l’origine. L’aventure Kin Label a duré huit ans, mais j’ai décidé de passer à autre chose car j’avais cette envie et ce projet d'une maison d’édition depuis longtemps. C’est à l’époque du studio Béd’Art que je partageais avec Djeis Djemba et Al’Mata qu’est venue l’idée : Djeis Djemba (un grand dessinateur qu’il faut absolument découvrir !) fait des crayonnés magnifiques, et je voulais créer une maison d’édition où les crayonnés seraient à l’honneur. Al’ a fait une blague autour du crayon noir, et voilà, le nom était trouvé ! Les éditions du Crayon noir sont nées en même temps que le lancement de mon premier album solo « Panique à Kinshasa » en 2014. Cet album évoque comment les habitants de Kinshasa ont tendance à suivre les « on dit », à les colporter et les amplifier sans même vérifier s’ils sont vrais et finalement à en prendre peur. Kinshasa, il n’y en a pas deux ! Avec ses mythes, ses légendes et ses fictions ».

LDB : « Donc c’est fini pour de bon les revues BD à Kin ? »

AB : « Non pas du tout ! Je me consacre effectivement aux éditions du Crayon noir mais j’ai quatre revues qui vont sortir à la rentrée 2016. L’idée avec Kin Label c’était de donner l'occasion aux jeunes de s'exprimer et de participer à des festivals. C’était une école de formation, c’est devenu un véritable réservoir de talents du 9e art congolais. Avec 21 numéros parus et 51 personnes dans l’équipe, basées soit à Kinshasa soit ailleurs en RDC soit dans la diaspora en Europe, on peut dire que le pari est réussi. Je suis impatient de vous faire découvrir les nouvelles revues, ainsi que ses 16 nouveaux dessinateurs. Il y aura « Les profs », revue dessinée par les professeurs de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, « Chaleur tropicale » avec des professionnels de la BD (dont le brazzavillois KHP), « Mangazine » le premier magazine manga du Congo avec de jeunes dessinateurs car c’est leur genre de prédilection, et la reprise d’ « Amazone BD », magazine créé en 2011 et réalisé entièrement par des artistes féminines (dont Jussie Nsana). Cette revue avait remporté à l’époque une mention spéciale du jury au concours international des fanzines du festival international de BD d’Alger. Elle sera maintenant en couleurs et sur papier glacé, six dessinatrices y participent. Je vous laisse découvrir tout cela à la rentrée, j’ai scénarisé l’ensemble ».

LDB : « Et quels sont les projets des éditions du Crayon noir pour 2017 ? »

AB : « Nous avons quatre albums en préparation. Deux dont j’ai signé le scénario : « Wewa » dessiné par Fati Kabuika qui évoque un nouveau gang apparu à Kinshasa avec l'arrivée des moto-taxis en 2011, certains s'improvisent voleurs à l'arrachée et « Voir Kinshasa et survivre », un album collectif avec quatre dessinateurs où est évoquée l'actualité à travers le monde par des histoires croisées, de Molenbeek au Kivu. Il y aura également deux albums que j’ai dessinés. J’espère pouvoir avoir une adresse physique en 2017 pour les éditions du Crayon noir, avec un petit studio accolé pour permettre aux dessinateurs de travailler sur les magazines et les aider dans leur carrière. Je suis confiant, j’ai reçu de très bonnes réactions à la sortie de « Panique à Kinshasa », c’est faux de dire que les Congolais ne lisent pas ! ».

Quelles sont les actualités du collectif L’Afrique Dessinée ?

Nadège Guilloud Bazin (au dessin) et Christophe Ngalle Edimo (au scénario) ont présenté à Africajarc leur dernier-né, l’album « Survy banlieue blues » paru aux éditions Les enfants rouges fin 2015. Survy est une banlieue sordide comme il y en a trop. Et comme souvent, un caïd manipulateur, Omar, enrôle de petits groupes d’adolescents en échec scolaire dans des trafics et les plonge petit à petit dans la violence et la criminalité. Des habitants du quartier essaient de lutter contre cette logique de violence.

Quatre albums sont en préparation pour une parution à la rentrée ! Le dessinateur congolais Al’Mata prépare le deuxième volume de l’album « Le Retour au pays d'Alphonse Madiba dit Daudet » qui sortira le 26 octobre chez L'Harmattan BD, le dessinateur tchadien Adjim Danngar publiera son album « Mamie Denis, évadée de la maison de retraite » avec Christophe Ngalle Edimo au scénario en novembre, chez L’Harmattan BD également. La maison d’édition créée par le camerounais Simon Pierre Mbumbo « Toom Comics » fera paraitre deux albums, « Vaudou Soccer » par lui-même et « Andolo » par le congolais Fati Kabuika.

Pauline Pétesch

Légendes et crédits photo : 

Asimba Bathy (c) ADIAC

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