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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : le football congolais, à la lumière du Chan 2018

Vendredi 2 Février 2018 - 13:48

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Le Congo a quitté le Chan (Championnat d’Afrique des nations) après le match de quart de finale, perdu aux tirs au  but contre la Libye, dimanche 28 janvier dernier. La prestation des Diables rouges, au cours de cette compétition, est mitigée. Pour eux, le chemin reste encore long pour rivaliser avec les exploits de ceux qu’on appelait « Les Brésiliens de l’Uam ».  La différence entre ces deux générations se situe au niveau du talent intrinsèque et de l’investissement physique et mental des acteurs. Toutes choses évanouies dans le temps. La tradition des « Brésiliens de l’Uam », portée, des années après, par Congo-Sports (Diables rouges), a abouti à la victoire du Congo, lors de la 8e Coupe d’Afrique des nations, et deux ans plus tard, à celle du Cara, en Coupe d’Afrique des clubs champions. Que s’est-il passé depuis cette époque ?

À l’évidence, la passion a disparu. Passion des dirigeants, passion des joueurs pour le football. Même la fierté de se parer du maillot de l’équipe nationale n’existe plus. Ceux qui ont porté à bout de bras cette discipline sportive en 1962 (coupe des Tropiques), 1965 (Premiers Jeux africains, 1972 (CAN), et 1974 (Coupe d’Afrique des Clubs) n’avaient rien des capitaines d’industrie qui gèrent le football actuel dans le monde. Ce sport est, alors, au Congo, l’œuvre de dirigeants pas  fortunés du tout. Flavien Bongo, Jacques Ndinga, Makoundia, Service Etienne, Lokoua, Ehouango, Pascal Kakou, Mangaphout, Yhomby-Opangault, Me Gomes, Clotaire Okoumou, Dos Santos, Sita, etc.,  dirigeants des différentes équipes de football congolais, avaient la passion chevillée au corps. Avec leurs revenus, ils ont contribué aux succès du football congolais au plan continental.  Pour les joueurs, le football était un hobby, sous-tendu par la passion.  À une certaine époque, les Mulélé, Wamba-La-Josée, Tostao, Miéré Chine et autres  jouaient, le matin au foot-pelote, et l’après-midi au stade Eboué, au football d’élite. Preuve de leur abnégation et de leur passion, ils allaient aux entraînements à pied, parfois transportés par un supporter sur une Peugeot BB, scooter en vogue, alors. Pas de prime de match, mais la passion comme viatique. Les supporters faisaient des kilomètres à pied pour se rendre au stade. C’était le football-passion. Tout ceci est remisé au grenier des souvenirs.

Aujourd’hui, tout est affaire de sous. L’argent, encore, toujours l’argent. J’ai rencontré, récemment, un grand entraîneur de renom qui a officié au Congo. Il m'a avoué q'un dirigeant du football congolais lui avait demandé la rétrocession d’une partie de ses émoluments. Il avait évidemment refusé. Ce refus  avait contribué à la dégradation de leurs relations et rendu délicat son office au Congo. Une chose est sûre, depuis des années, la gangrène s’est installée dans le milieu du football. Du côté des joueurs, il est fréquent, sans avoir foulé le terrain, qu’ils exigent le paiement des primes de match, oubliant qu’une prime est, en fait, une rémunération accordée à un salarié, ici le footballeur, à titre de récompense, c’est-à-dire, un bien moral ou un objet matériel que l’on reçoit en témoignage d’une satisfaction de la part d’un tiers, ici, l’Etat. La vénalité a phagocyté la raison et  la fibre patriotique. Tout est désormais, dans le monde du football, assujetti à l’argent. Finie la passion, fini le jeu.

Ce n’est donc pas sans raison qu’Hugues Ngouélondélé, le nouveau ministre des Sports et de l’éducation physique, déclarait récemment :   « Quand on a touché le fond, on ne peut que remonter ; à condition de s’en donner les moyens. La formation, dans sa dimension pédagogique, sportive et éthique est la priorité de mon action à la tête du département dont j’ai la charge. Pour cela, collectivement, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace  et le sport sera sauvé ». Citant Gilles Henry, dans son « Petit dictionnaire des expressions nées de l’Histoire », le ministre des Sports rappelait que cette citation était de Danton.  « Georges Danton naquit à Arcis-sur-Aube en 1759, et après des études de droit à Paris, s’inscrivit au barreau de la capitale. C’était un redoutable orateur. Il fut élu substitut au procureur de la Commune après un exil en Angleterre ; siégeant à la fois au Conseil exécutif et à la commune insurrectionnelle, Danton sut garder le sang-froid nécessaire à l’approche des Prussiens. Face à l’invasion, il empêcha le gouvernement de quitter Paris, envoya en province des commissaires chargés de galvaniser les énergies et surtout de recruter des volontaires, fit enfin arrêter 3000 suspects dans la capitale. Le 2 septembre 1792, il convoqua les volontaires au Champs de Mars puis prononça à l’Assemblée ces paroles:"le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours, et la France est sauvée" ».

Hugues Ngouélondélé devra faire preuve de sang-froid, d’audace et galvaniser les énergies pour la reconstruction du sport congolais, en général, et du football, en particulier. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.                                                                                                                                

 

 

 

 

Mfumu

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