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Claude-Richard M’Bissa décrypte la présidentielle du Congo de 2009

Lundi 3 Février 2014 - 0:09

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Avec la même concordance pédagogique qui transparaît dans ses deux premiers ouvrages, Élections législatives au Congo, enjeux du découpage électoral et Le Ndjobi au Congo et au Gabon, histoire et fonction sociale, parus l’an dernier chez L’Harmattan Congo, Claude-Richard M’Bissa vient de signer cette année chez le même éditeur : L’Élection du président de la République du Congo, juillet 2009. Il analyse sous ce titre « les résultats et les problématiques » qui entourent cette aventure à grands enjeux, l’élection au suffrage universel du chef de l’État, attendu qu’elle est le fondement de toute légitimité en démocratie.

L’ouvrage s’étale sur 196 pages, la première de couverture présente une carte du Congo adossée à une urne devant laquelle un électeur sans visage accomplit son devoir civique, le tout sur un fond ocre ; le nom de l’auteur, le titre du livre et le timbre de la maison d’édition étant, eux, sur fond blanc. On aurait tendance à première vue à penser que Claude-Richard M’Bissa limiterait sa traque des faits et gestes électoraux dans son pays au seul scrutin présidentiel de 2009. Ce serait trop court pour ce fouineur dont le moindre détail de la chose électorale qu’il décortique si bien peut être révélateur d’un comportement social, au sens profond du terme. Un sociologue est à l’œuvre, devrait-on constater.

Claude-Richard M’Bissa s’attarde dans son livre sur les identités des candidats à l’élection présidentielle de 2009, remportée par Denis Sassou-N’Guesso que cernaient douze challengers. Treize concurrents au total, rien d’étonnant, la course vers la fonction suprême nous ayant habitués à ce fort taux d’inscription. Ils furent en effet seize en 1992. C’est, croit-on savoir, pour mieux situer les treize concurrents de 2009 et comprendre le comportement des électeurs qui votent pour eux lors de ce scrutin que l’auteur dépeint leur profil, ne s’empêche de parler des lieux de leur provenance, de leurs langues maternelles, et donc de leurs origines ethniques. Dans une certaine mesure, les votes sont reportés en fonction des attaches régionales de chacun. M’Bissa y produit des statistiques édifiantes pour les potentiels candidats à la fonction suprême, pour les partis politiques, pour l’administration électorale et tout naturellement aussi pour les électeurs.

Le texte de Claude Richard M’Bissa est ponctué de chiffres et de tableaux synoptiques ; et si les politiques concernés au premier chef devaient se relancer pour les échéances à venir, ils sont d’avance bien servis. En 2009, comme en 1992, où les suffrages sourirent à Pascal Lissouba, d’autres enseignements à tirer de l’attitude des électeurs congolais sont qu’ils ne votent pas de la même manière à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux plus grandes villes du pays, ni dans l’hinterland. On devrait aussi retenir dans le cadre de la présidentielle de 2009 que même s’ils ne parvinrent pas tous à battre campagne sur l’ensemble du territoire national, les statistiques montrent que le pire des scores pour le candidat le moins en vue a dépassé les cinq voix par département. Ce n’est pas grand-chose, mais il faut considérer que le facteur ethnique n’a pas la garantie d’être un creuset éternel dans l’expression des votes.

Au final, l’auteur laisse parler les Congolais en recourant à l’opinion portée par la presse lorsque le candidat élu en 2009, en l’occurrence le président Denis Sassou-N’Guesso, s’adressa à la nation lors de son investiture. Ce fut un discours de rupture, remarquait unanimement la presse à travers de nombreux éditoriaux. Une rupture que contrarièrent les premières épreuves du terrain pratique, en particulier la composition de l’équipe gouvernementale inaugurale du nouveau septennat. La presse estimait alors que les lignes n’avaient pas suffisamment bougé.

Le propre des analyses du genre de celle menée dans son livre par C.-R. M’Bissa est d’aider à constituer des bases de données indispensables à l’amélioration des processus dont certains égarements, il le dit en conclusion, sont la résultante d’une « méconnaissance ou d’une simple ignorance des faits ». Comme on sait, les journaux ont leurs opinions, les dirigeants ont les leurs, les intellectuels, bien évidemment, ne sont pas en reste.

Gankama N’Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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