Dossier spécial 15 août : 1. Djambala, une cité en devenir

Mardi 13 Août 2013 - 12:15

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Le chef-lieu du département des Plateaux complète désormais, avec Impfondo, Dolisie, Owando, Éwo et Kinkala, la liste des cités qui, à l’échelle nationale, se cherchent une nouvelle âme, celle d’une ville réellement moderne

En dépit des nombreuses administrations et structures qu’elle abrite, la capitale du département des Plateaux, avec 10 062 habitants au dernier recensement général de 2007, ne ressemblait qu’à une vaste cité paysanne jusqu’ici. Son marché, arrimé au rythme des activités agricoles, ouvrait à 5 heures du matin pour se refermer à 7 heures, de même que son apparence offrait peu de choses agréables à la vue. Le touriste restait souvent sur sa faim, surtout côté hébergement, restauration ou divertissements. En l’espace de deux ans, après son choix par le président de la République pour accueillir les festivités du cinquante-troisième anniversaire de l’indépendance nationale associées au programme de la municipalisation accélérée de son département, les lignes ont remarquablement bougé.

Le secteur secondaire y trouve désormais une place notable, avec de nombreux chantiers qui s’exécutent et des sociétés (grandes et petites) installées, entraînant de fait une floraison de métiers. Par ailleurs, le commerce s’améliore sensiblement malgré la flambée des prix des denrées constatée dans la ville. Le marché a profondément revu ses heures de fonctionnement ; les voiries urbaines, l’électricité et l’eau sont en meilleur état sinon en voie de l’être. Des édifices modernes améliorent désormais la vue de la cité.

Le quartier des cadres

L’une des spécificités de la municipalisation accélérée de Djambala est le quartier des cadres. Une initiative des autorités locales qui a trouvé un grand écho auprès des hauts cadres originaires de ce département. « Après l’annonce du président de la République, nous avons pris la précaution de trouver un terrain que nous avons attribué gracieusement aux ministres, parlementaires, officiers supérieurs, directeurs généraux et autres cadres originaires du département, afin de pallier l’insuffisance de logements modernes dans la ville », explique l’administrateur-maire de la communauté urbaine de Djambala, Albert Ngouloubi. Ainsi, près d’une quarantaine de villas modernes ont été construites, donnant un visage plus luxuriant à l’entrée est de la ville. Cette image de modernité affichée de part et d’autre le long de la route principale est complétée par-delà les villas par le stade omnisport et l’aéroport de Djambala. Le prolongement entraîne le visiteur sur les nouvelles voiries urbaines. Évidemment, rien n’y est comparable aux voies encombrées de Brazzaville. Cinq minutes suffisent à l’automobiliste pour atteindre le centre-ville où, autour du grand boulevard, le palais présidentiel et plusieurs édifices administratifs en construction laissent entrevoir le Djambala de demain.

Les emplois et les métiers

Pour relier le centre et les neuf quartiers de la ville, la municipalisation accélérée a prévu le bitumage de 25 kilomètres de rues et avenues de la ville. Quinze kilomètres l’ont déjà été, alors que les dix autres sont en chantier. Des dispositions sont également prises, pour la salubrité.

« Nous avons recruté 150 jeunes tâcherons qui sont payés au Smig, c’est-à-dire 90 000 FCFA par mois, pour nettoyer chaque jour jusqu’à 14 heures les rues et avenues », indique l’administrateur-maire. Mais, les emplois créés par la municipalisation accélérée reviennent surtout à de nombreux ouvriers, maçons, charpentiers, ferronniers, menuisiers, staffeurs, carreleurs, peintres, plombiers, mécaniciens, chauffeurs et autres, qui tiennent des rôles importants dans les différents chantiers aux côtés d’agents de maîtrise et ingénieurs.

« On n’a pas le temps de se reposer, nous sommes sollicités ici et là pour des travaux qui tous deviennent urgents », confie Ghislain, un jeune peintre évoluant pour son propre compte qui, parti de Brazzaville avec trois manœuvres pour l'aider, développe ses activités depuis plus de neuf mois à Djambala. Le chef-lieu du département des Plateaux émerge effectivement.

Des solutions adéquates sont également données aux problèmes d’électricité et de l’eau qui constitue une préoccupation cruciale pour les habitants. Des centrales thermiques permettent déjà d’éclairer la ville en attendant sa connexion imminente à l’électricité produite à Imboulou. Alors que l’usine d’eau est en cours de réhabilitation et devrait connaître une amélioration de sa capacité de production selon les autorités.

 

Le département des Plateaux en bref

- Création : 1967 dans sa forme actuelle (région des Plateaux)

- Superficie : 38 400 kilomètres carrés

- Population : 198 962 habitants (RGPH 2007)

- Chef-lieu : Djambala

- Organisation administrative : 11 districts, 7 communautés urbaines, 574 villages, 51 quartiers (source : secrétariat général de la préfecture, RGPH 2007) :

* Abala : 12 593 habitants (dont 2 591à la communauté urbaine)

* Allembé : 5 079 habitants

* Djambala : 17 860 habitants (dont 10 062 à la communauté urbaine)

* Gamboma : 44 736 habitants (dont 23 451 à la communauté urbaine)

* Lékana : 16 985 habitants (dont 4 770 à la communauté urbaine)

* Makotimpoko : 20 766 habitants

* Mbon : 3 415 habitants

* Mpouya : 11 061 habitants

* Ngo : 17 311habitants (dont 6 554 à la communauté urbaine)

* Ollombo : 24 701 habitants (dont 7 163 à la communauté urbaine

* Ongogni : 15 185 habitants (dont 3 511 à la communauté urbaine

Diversité ethnique : Koukouyas (Lékana), Ndzikous (Djambala), Ngoungouonis (Mbon), Bomas (Ngo), Gangoulous (Gamboma), Mbochis (Abala, Allembé, Ollombo, Ongogni), Moyes (Makotimpoko, Mpouya), Bombonguis (Mpouya), Tékés-Alima (au bord de l’Alima).

Enseignement : 32 centres d’éducation préscolaire (dont 4 privés), 285 écoles primaires (dont 24 privées), 44 CEG (dont 6 privés), 3 lycées d’enseignement général, 4 Centres de métiers industriels et Collèges d’enseignement technique, Un collège d’enseignement technique agricole, un centre de métiers agricoles.

 

Interview

Jean-Pierre Ibombo : « Il faut renforcer la synergie entre acteurs autour des projets »

Alors que se préparaient les festivités du 15 août à Djambala où s’effectuent de nombreux chantiers dans le cadre de la municipalisation accélérée, le président du conseil départemental des Plateaux souligne, dans cette interview exclusive réalisée le 2 août, le manque de synergie entre les différents acteurs et esquisse un bilan de son action.

Les Dépêches de Brazzaville : Djambala et le département des plateaux sont aujourd’hui dans la fièvre des festivités du cinquante-troisième anniversaire de l’indépendance et la municipalisation accélérée. Qu’est-ce que cela va apporter au développement local ?

Jean-Pierre Ibombo : Depuis son lancement, le programme de la municipalisation accélérée a apporté beaucoup de changements au pays comme nous le voyons tous, et son contenu a beaucoup changé au fil des années. Il intègre depuis quelques années, entre autres, un volet routes qui permet aux populations de déplacer et d’écouler leur production agricole. Regardez le cas du département de la Cuvette-Ouest pour vous en convaincre, c’est aussi le cas dans le Pool, et les Plateaux maintenant où les routes sont construites et réhabilitées. Il faut ajouter à cela les infrastructures de base réalisées à l’occasion de ce programme : aujourd’hui, tous les districts de notre département bénéficient de l’électricité fournie par des centrales thermiques, l’énergie solaire ou le barrage hydroélectrique d’Imboulou. De même, l’eau qui était une denrée rare dans ce département, puisque les études nous avaient montré qu’elle était la préoccupation majeure des populations et une priorité dans ce département. Présentement un effort louable est fait et qui fera que bientôt l’eau va couler à flot à Djambala, et à travers les districts des châteaux d’eau se construisent.

LDB : On constate aussi que la municipalisation accélérée réalise, dans le cadre des projets dits préfectoraux et des grands travaux, certains ouvrages tels que les écoles et les centres de santé intégrés. Que restera-t-il à faire pour le conseil départemental ?

JPI : Ces volets ne sont pas retirés au conseil. Ils relèvent de la loi n°10 qui transfère aux collectivités locales la compétence de construire des écoles, des centres et des postes de santé, réhabiliter les pistes agricoles, construire les daleaux, etc. Nous constatons simplement qu’avec la municipalisation accélérée, je crois que cela a dû être le cas dans les autres départements qui ont connu ce programme, que nous travaillons parfois sur un même terrain. Ce qui peut paraître un gaspillage d’énergie et de fonds. Cela n’est sans doute pas la faute des uns ou des autres, mais il manqué une synergie entre le gouvernement et le conseil départemental qui est son relais. Par exemple nous constatons dans certains districts la construction de centres d’éducation préscolaire dans des localités où nous en avons déjà construit. C’est le cas à Lékana, entre autres, où nous venons d’inaugurer un centre d’éducation préscolaire et dans le même lieu, dans la même enceinte, de nouveaux bâtiments se construisent pour la même fin. On aurait pu orienter cet argent à d’autres projets, parce que le département en a besoin.

LDB : Vous avez évoqué le plan de développement local. Est-ce qu’il a été d’une certaine utilité dans le choix des projets qui se réalisent actuellement ?

JPI : Je ne pense pas, mais il s’agit d’un plan qui a été élaboré sur la base d’un travail de terrain avec l’appui technique du Programme des Nations unies pour le développement. Ce qu’il reste à faire, c’est son évaluation financière.

LDB : On peut donc dire que le conseil départemental ne propose pas de projets et n’est pas consulté dans le choix des projets de la municipalisation accélérée…

JPI : Non seulement, nous ne proposons pas de projets, mais surtout, nous ne sommes pas consultés, c’est le mot, consultés. Mais, après avoir constaté les cas que nous avons évoqués tout à l’heure, nous avons réagi à travers la préfecture qui est l’interface entre nous et le gouvernement. Malheureusement, il semble que les choses sont allées très vite et qu’on n’a pas tenu compte de cela.

LDB : La municipalisation accélérée est arrivée alors que votre mandat touche à sa fin. Qu’est-ce que vous avez fait et qu’est-ce qu’il reste à faire ?

JPI : Le bilan de ces cinq dernières années a été dressé au cours de la dernière session du conseil départemental. De nombreux projets ont été réalisés et d’autres, pas très nombreux, se poursuivent. Des écoles primaires, des collèges, des centres préscolaires ont été construits et équipés, avec des blocs administratifs et des logements d’enseignants, dans les onze districts du département. Des centres de santé intégrés aussi, même dans les coins les plus reculés, à l’instar de la zone dite de La Vallée (dans le district de Lékana) frontalière au Gabon. Cela nous a permis d’arrêter l’exode d'enfants congolais vers ce pays voisin pour accéder à l’éducation de base. Dans les localités où l’accessibilité était difficile, nous avons réhabilité des pistes agricoles et construit des daleaux comme dans les districts d’Allembé et d'Ongogni. Au total, sur un ensemble de 80 projets retenus, nous en avons exécuté une soixantaine, tous domaines confondus. Certains ayant un caractère économique comme la construction des marchés à Mpouya et à Lessanga, dans le district d’Ongogni, l’équipement de l’atelier de menuiserie moderne et le grand hôtel Ontsouakié à Djambala, etc.

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le quartier des cadres à Djambala. (© DR) Photo 2 : Le maire de Djambala, Albert Ngouloubi, au cœur de la mobilisation pour la salubrité. (© DR) Photo 3 : Le stade de Djambala. (© DR) Photo 4 : Le président du conseil départemental, Jean-Pierre Ibombo. (© DR)