Environnement : une larve dévoreuse de plastique suscite l'espoir

Dimanche 25 Juin 2017 - 20:57

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Pur hasard : des chercheurs se sont rendu compte que les larves de la fausse teigne (Galleria mellonella) sont capables de digérer le polyéthylène, un polymère très courant qui rentre dans la composition de nombreux emballages plastiques. Dans quelques décennies, l’on dira « Adieu » au 7e continent de déchets.

Les larves de fausse teigne sont redoutées des apiculteurs car elles se nourrissent de la cire fabriquée par les abeilles pour leur survie. Elle ne laisse alors aucune chance de survie à la colonie d’abeilles qui voit son environnement détruit. C'est ce qui explique le geste de Federica Bertocchini, scientifique et apicultrice amateur qui a retiré des larves de fausse teigne des rayons de ses ruches. Or, quelque temps après avoir déposé provisoirement les larves dans un sac en plastique classique, elle s'est aperçue que celui-ci était percé de trous. Il se pourrait que ces petites bêtes, en dévorant nos déchets, deviennent une arme redoutable contre la pollution de l'environnement.

Des chercheurs ont exposé à un sac en plastique classique, une centaine de vers de fausse teigne. Au bout de 40 minutes, des trous avaient commencé à apparaître, et au bout de 12 heures, le poids du plastique du sac avait déjà diminué de 92 mg (environ 1/50e de son poids originel).

Dans leur article publié dans la revue « Current Biology », les chercheurs indiquent que cette vitesse de dégradation est largement supérieure à celle obtenue dans le cadre d'autres découvertes récentes notamment à l'aide d'une bactérie dont on a découvert l'an passé qu'elle était capable de dégrader biologiquement certains plastiques à une vitesse d'à peine 0,13 mg par jour.

Les plastiques sont des polymères synthétiques dérivés du pétrole et qui sont très résistants à la dégradation. Ainsi, on estime, sans certitude, qu'il faut entre 100 et 450 ans pour qu'un sac plastique se dégrade dans une décharge. Pire, le polyéthylène (PE) qui entre dans la composition de 40 % des sacs plastiques n'est pas susceptible de se dégrader dans l'environnement... Une voie sans issue alors que plus de mille milliards de sacs plastiques, utilisés chaque année dans le monde, finira dans l'environnement, puis sous forme dégradée, dans les sols et dans les océans, alimentant le fameux 7e continent de déchets.

Les interdictions récentes - bien tardives - des sacs plastiques à usage unique dans certains pays n'y changeront pas grand-chose. La société de consommation se diffuse partout dans le monde et s'accompagne d'une pollution plastique omniprésente et affligeante, défigurant les paysages et affectant la biodiversité même éloignés des grandes agglomérations. La réponse à la pollution généralisée de notre planète viendra peut-être de la nature. Les larves de fausse teigne seront alors sans doute plus utiles que des simples appâts pour la pêche. En attendant, la préservation et la restauration de notre environnement nous incombent.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Une larve de la fausse teigne (DR)

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