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Investir dans la résilience : appel à l’action pour un relèvement durable après les inondations

Mercredi 20 Mars 2024 - 18:00

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A la suite des récentes inondations dévastatrices en République du Congo, près de 1790 968 personnes réparties dans 9 départements ont été durement touchées, parmi lesquelles 525 456 se trouvaient dans une situation critique nécessitant une assistance immédiate. Face à cette crise humanitaire, les agences des Nations unies ont collaboré étroitement avec le gouvernement pour élaborer un plan de réponse d'urgence d'un budget total d'environ 26 millions de dollars USD. Ce plan met l'accent sur des priorités essentielles telles que la construction d'abris, la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé, l'eau, l'assainissement et l'hygiène.

Depuis février, le Système des Nations unies collabore avec le gouvernement pour le déploiement des actions de réponse urgentes, ayant permis de sauver des vies, distribuer des vivres et non-vivres, apporter de l’assistance médicale, obstétricale et prendre en charge les besoins en abris.

Parallèlement à cette prise en charge urgente, des solutions durables doivent être trouvées et mises en œuvre, à travers une stratégie qui permettra de reconstruire en mieux le préexistant, autrement appelé « Build Back Better », visant à poser les bases pour briser le cycle d’inondations répétitives, en intégrant une résilience aux effets des changements climatiques.

Bien que les inondations aient imposé des défis immédiats, il est impératif de considérer également les répercussions à moyen et plus long terme sur le développement durable des communautés. Ces catastrophes exigent une réponse concertée entre le gouvernement, les agences de développement et le SNU afin d'aider les communautés à rebondir sur la trajectoire du développement. Dans cet article, nous explorerons la nécessité d'une approche coordonnée pour surmonter les impacts à long terme des inondations et garantir un relèvement et une reconstruction durable qui favorise la résilience des communautés affectées.

Les communautés les plus affectées se trouvent à la croisée des chemins, confrontées non seulement à la tâche de reconstruction, mais aussi à une opportunité unique d’investir dans un avenir plus résilient et plus durable. À mesure que la fréquence et la gravité des inondations continuera d’augmenter avec la réalité du changement climatique, l’impératif de mesures stratégiques de gestion des risques devient de plus en plus évident.

Une évaluation des besoins de relèvement est en cours sous le leadership du gouvernement, avec l’appui technique de la Banque mondiale et le Système des Nations unies. Cette évaluation des besoins de relèvement, fondée sur la méthodologie PDNA  (en anglais – « Post Disaster Needs Assessment »), va quantifier les pertes et les dommages infligés par les récentes inondations. Ce travail d'évaluation ne doit pas être vu simplement comme un outil de reconstruction ; mais c'est la pierre angulaire d'une approche futuriste de « reconstruire en mieux » visant à accroître la résilience des communautés contre la menace croissante de futures inondations.

La période post-inondation présente un moment opportun pour, non seulement investir dans des mesures qui aide les communautés de rebondir et repartir sur la trajectoire du développement durable, mais également réduire les risques de catastrophes potentielles futures et augmenter leur pouvoir d’adaptation aux impacts du changement climatique. Les informations et enseignements qui seront tirés de l’évaluation en cours vont permettre au gouvernement, en partenariat avec les acteurs du développement, de proposer une stratégie nationale qui transcende le relèvement, en mettant l’accent sur la résilience, la préparation et l’adaptabilité.

Les éléments-clés d’un relèvement résilient comprennent :

1. Plan d’action national du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes 

Mettre en œuvre une gouvernance des risques associée à des « cadres juridiques plus solides, de meilleurs outils de gestion des risques et de meilleures données, identifier les risques futurs et les anticiper, et pouvoir compter sur un financement adéquat de la prévention et de la préparation »

2. Résilience des infrastructures :

Concevoir et reconstruire des infrastructures capables de résister aux inondations et qui peuvent se remettre rapidement des inondations, garantissant ainsi la continuité des services essentiels.

3. Engagement communautaire :

Impliquer les communautés locales dans la prise de décision afin d’aligner les mesures de relèvement et de gestion des risques sur leurs besoins, en favorisant un sentiment d’appropriation et de résilience.

4. Systèmes d’alerte précoce :

Mettre en œuvre des systèmes d'alerte précoce robustes pour fournir des alertes en temps opportun, permettant aux communautés d'évacuer ou de prendre des mesures préventives et de minimiser l'impact potentiel des inondations.

5. Infrastructures vertes :

Intégrer des solutions de protection basées sur la nature  et des pratiques durables dans l’aménagement du territoire et la planification urbaine, comme des espaces verts et des surfaces perméables, pour absorber l'excès d'eau et atténuer les risques d'inondation.

6. Renforcement des capacités :

Donner aux autorités locales et aux communautés les connaissances et les compétences nécessaires pour répondre efficacement aux inondations, améliorant ainsi la résilience globale. Les agences spécialisées du Système des Nations unies au Congo sont mobilisées pour activement accompagner le gouvernement dans ces six axes d’intervention, pour permettre de durablement résoudre les risques d’inondation auxquels le pays est exposé. Je note avec satisfaction que l’Etat dispose déjà d’une stratégie nationale de prévention des risques de catastrophes naturelles, autour de laquelle les actions de reconstruction pourront s’aligner.

Cette période post-catastrophe doit être vue comme une opportunité pour investir dans un avenir où les communautés ne seront pas seulement restaurées mais renforcées face aux défis croissants posés par les inondations liées au climat. Ensemble, nous pouvons tracer la voie vers un développement résilient et durable, créant ainsi un précédent que d’autres pourront suivre. Embarquons-nous dans ce voyage visionnaire, transformant l’adversité en opportunité et construisant un avenir plus sûr et plus résilient pour les communautés vivant dans les zones d’inondation au Congo.

 

 

 

 

Chris Mburu, coordonnateur résident du système onusien

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Édition Quotidienne (DB)

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