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La nouvelle stratégie militaire des États-Unis en Afrique

Lundi 2 Mai 2016 - 12:09

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Au cours des dernières années les Etats-Unis ont développé discrètement une forte présence militaire sur le continent africain. L'installation de camps et d’infrastructures militaires diverses, principalement concentrés en Afrique de  l'Ouest et en Afrique de l’ Est, constituent une ceinture de sécurité géante sur les flancs instables au sud du Sahara. Par souci de discrétion la stratégie effective de l’US Africa Command (AFRICOM) consiste en une présence légère et peu visible, évitant la présence de gros bataillons sur le terrain comme ce fut le cas dans les guerres en  Afghanistan et en Irak.

A l’abri de toute information et dans le plus grand secret les  Américains investissent l'Afrique comme le nouveau champ de bataille pour lutter contre le terrorisme. Dans ce qui est connu familièrement comme la «nouvelle route des épices", les troupes et les infrastructures militaires sont déployées de l'Est à l'Ouest, le Cameroun étant le dernier pays avec des soldats américains déployés sur son territoire.

Ce réseau s’étend sur plus de soixante avant-postes qui constituent les points d'accès utilisés pour soutenir les activités des troupes américaines en Afrique : frappes aériennes ciblant des militants présumés, surveillance et sécurisation des routes commerciales, protection des ambassades, transport de troupes américaines et françaises sur les champs de bataille, évacuations sur les zones de conflit.

Lorsqu'on interroge pour savoir combien il y a de bases militaires américaines en Afrique, la réponse officielle de l’AFRICOM est «une». Le Camp Lemonnier a été créé en 2003 sur une ancienne base des légionnaires français située à proximité de l'aéroport de Djibouti par les troupes américaines qui étaient initialement stationnées sur un bateau de l’US Navy. Depuis lors la superficie du site a plus que quintuplé pour atteindre 250 hectares. En 2014, un bail de dix ans a porté le loyer annuel à 63 millions de dollars, ainsi qu’une option d'extension du site pour la prochaine décennie.

L'ambassadeur américain à Djibouti, Tom Kelly, a décrit le Camp Lemonnier comme « le plus grand projet de construction militaire actif dans le monde entier ». En contraste à Djibouti, l’actuelle stratégie d’Africom consiste également à ériger de petits avant-postes d'exploitation, très nombreux, appelés «lieux de sécurité coopérative (LSC) ». Ces avant-postes sont facilement convertibles en bases militaires concentrant des troupes, de l'équipement, des drones et des avions.

Dispersés dans des pays comme la République centrafricaine, le Tchad, le Cameroun, l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Mali, le Niger, le Sénégal et l'Ouganda, ces avant-postes sont utilisés pour des activités de surveillance, de renseignement, de reconnaissance et des missions d'opérations spéciales. Ils ne sont pas considérés comme des bases parce que dans la plupart des cas, ils ne sont que quelques entrepôts avec des tentes et de l'eau, mais ils sont aisément transformables en bases opérationnelles.

L’installation des très nombreux avant-postes fait partie d’un plan stratégique né après l'attaque de septembre 2012 à Benghazi, en Libye, où ont été tués l'ambassadeur américain J. Christopher Stevens et trois autres citoyens américains. Cette nouvelle stratégie, connue dans l'armée du nom de «New Normal », consiste à déployer un petit nombre de forces sur une très grande surface et à mettre en action les forces rapidement lorsque cela est nécessaire.

« Ce que le LSC permet est la possibilité de transférer immédiatement nos forces pour répondre à toute sorte de crise », a déclaré un officier des opérations spéciales. En effet, ce concept offensif a été testé sur le terrain lorsque le Sud-Soudan a plongé dans la guerre civile et que 160 Marines de la base aérienne espagnole de Morón ont été déployés à Djibouti à la fin de 2013.

En quelques heures un contingent de cette force a été envoyé en Ouganda au début de 2014, en conjonction avec une autre unité de réaction rapide, dépêchée au Sud-Soudan pour évacuer vingt personnes de l'ambassade américaine à Juba.

 

Sonya Ciesnik

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Édition Quotidienne (DB)

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