Le Feuilleton de Brazzaville. Acte 34. Georges et Célestine, enfin!

Jeudi 5 Mars 2020 - 21:43

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Oui, enfin ! Il serait prétentieux de raconter Brazzaville en quelques épisodes. Celui-ci est néanmoins le tout dernier de ce feuilleton promis en trente-deux actes, qui en a finalement réuni trente-quatre, deux autres étant gardés pour un usage futur. Un proche a souhaité qu’il en soit ainsi et nous l’avons suivi. Ce dernier épisode célèbre un jeune couple, Georges A. et Célestine, pour l’histoire assez particulière qui les a réunis.  

A Brazzaville, jours ouvrables ou jours de week-end, l’ambiance est quasi à l’identique. Même lorsqu’ils quittent le bureau tôt prétextant des impératifs familiaux, des amis dérivent vers le nganda. Même lorsqu’ils consacrent leur matinée à des rencontres de football amateur, des jeunes gens terminent leurs courses en partageant un verre de bière dans le nganda d’à côté. C’est ainsi à Bacongo, à Talangaï, à Poto-Poto et partout dans la capitale congolaise. Et ce n’est pas Georges A. et Célestine qui enfreindront la règle.

Un jour, -l’histoire date de plusieurs années-, les deux sigisbées qui ne vivent pas ensemble, décident de se détendre et choisissent un nganda proche situé sur une avenue passante. La bière qui leur est servie est bue. Ils souhaitent commander une deuxième tournée, mais une bagarre éclate. Georges A. se hâte de se mettre à l’abri. Il gagne l’autre côté de l’avenue alors que sa compagne Célestine, dont il affectionnait le diminutif « Célé », est restée sur les lieux. Elle venait de se rendre compte que l’une de ses camarades était prise dans la tourmente de cette rixe où des tessons de bouteilles faisaient office d’armes blanches. De là où il se trouve, Georges A. crie, apeuré : « Célé, Célé, ne reste pas là, rejoins-moi, nous devons rentrer ! Célé, Célé ! » Réponse de la fille, la voix aiguë : « Vas-y, toi ! Je ne partirai pas d’ici tant que ma camarade est attaquée, je dois la défendre ! ».

Georges A. réalisait qu’il ne pouvait pas faire partie de cette « racaille » en trouble, et aussi que Célé ne l’écoutera pas. Il l’a laissée à ses émotions répétant sans arrêt : « Elle est folle, Célé est folle ! Elle est folle, Célestine est folle ! » Est-ce pour cette raison qu’il n’en fit pas son épouse ? Ce n’est pas ce que dit l’ancien jeune homme à l’humour vif même devenu adulte, qui vous raconte ce moment avec forces détails comme s’il datait de la journée.

Témoin de toute cette existence pleine de vie, Brazzaville pourrait-elle, sans perdre son attrait séculaire, se débarrasser de ces chaises posées le long des rues, ou au moins mieux les disposer ? Peut-elle résoudre le problème de ses routes en terre encombrées de détritus et des eaux souillées des ménages ? De ses waters vidés avec des pelles ? De ses nuisances sonores dont les sources se sont multipliées ces dernières années et, contre lesquelles l’arrêté datant de l’an 79 du siècle dernier n’a jamais autant souffert d’être foulé au pied par les usagers ?

Il faut y croire ! En gardant toute la patience possible, en espérant que l’interdiction de la production et l’utilisation des sacs en plastique soit un premier pas franchi vers l’ardent désir de dépolluer la capitale congolaise de ce qui l’étreint. Si Brazzaville était mieux organisée, dans sa verdure tropicale chaleureuse, sa population vivrait mieux et n’envierait les habitants d’aucune autre cité au monde. Cela serait simplement merveilleux. Vivons d’espoir, c’est sage et moins stressant…

 

Jean Ayiya

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