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Les Centrafricains à l'heure du sursaut national

Lundi 4 Mai 2015 - 10:46

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Ce matin, 4 mai, s’ouvre, à Bangui, en Centrafrique, le Forum de paix et de réconciliation nationale. Pendant une semaine, les parties débattront de l’avenir de leur pays meurtri par des années de conflit. Les projecteurs de l’actualité mondiale, toujours tournés vers ce pays en raison de cette grave crise qu’il traverse, l’éclaireront donc encore un peu plus jusqu’au 11 mai, date de clôture des assises qui portent l’espoir de tout un peuple, pourtant aussi de toute une région.   

À l’évidence, il a fallu beaucoup de temps, beaucoup d’acteurs et d’initiatives pour que les belligérants centrafricains, restés longtemps sur le pied de guerre, réalisent que seul le dialogue est capable de sauver leur pays d’une disparition certaine en tant qu’État. On est passé près, très près du piège de la partition dans lequel la guerre qui opposait les ex-Séléka aux ex-Anti-Balakas, muée par la suite en une guerre entre Musulmans et Chrétiens, avait failli enfermer la Centrafrique. C’est une très bonne nouvelle car avant la Centrafrique, d’autres pays africains confrontés au même défi du retour à la paix après un conflit de cette ampleur, avaient emprunté la même voie de la concertation.

Certes, les réunions de la taille de celle dont on parle avec espérance en Centrafrique n’ont souvent été qu’un moment ultime de poser les fondations de l’édifice à bâtir. Ce qui importe dans ces circonstances, ce sont les décisions qui seront prises de commun accord, et bien plus les moyens et les hommes qui en accompagnent la mise en application. Et c’est bien sur les défis à venir que les conférenciers devront orienter l’essentiel de leurs réflexions.

Il sera sans doute question, au cours de cette grande réunion nationale, de discours, de révélations, de dénonciations, de revendications, de fâcheries même, alors que se profile à l’horizon la convocation d’élections générales qui mettront un terme à la transition en cours. La tentation sera grande chez les uns et les autres d’utiliser la tribune du forum pour engager des luttes de positionnement. Si dans un tel contexte les autorités chargées de conduire les débats se laissent gagner par l’émotion, elles détourneront la conférence de son objectif principal qui est de réconcilier les Centrafricains avec eux-mêmes. Elles échoueront à leur mission.

Peut-être devrait-on considérer comme une chance possible le fait que les Centrafricains « rebâtissent » l’unité de leur pays en bénéficiant d’une assistance multiforme de partenaires extérieurs. Au nombre de ceux-ci, il ne faut pas l’oublier, se trouvent leurs voisins d’Afrique centrale, les premiers à voler à leur secours lorsque la crise avait éclaté à la suite de la prise du pouvoir par les rebelles Séléka, le 23 mars 2013. Les premiers à initier une médiation confiée au président du Congo, Denis Sassou N’Guesso. Les initiatives sous-régionales avaient ensuite reçu le ferme appui de la Communauté internationale, la France y jouant son rôle avec la force Sangaris, jusqu’à la mise en place, au mois de septembre dernier, de la Mission onusienne Minusca.

Comme tous les pays ruinés par un conflit armé, l’aide extérieure éventuelle qui leur est apportée ne saurait être un laurier sur lequel dormir à poings fermés. Ce que les Centrafricains doivent absolument construire dans le sillage du Forum qui les réunit aujourd’hui est la confiance mutuelle. D’elle découlera l’apaisement nécessaire à la mise en route des décisions qui sortiront des débats. Cette confiance autorisera le pardon et d’elle renaîtra l’État centrafricain : toutes choses qui faciliteront, à terme, le retour chez eux des contingents de maintien de la paix dont les rangs sont souvent truffées de brebis galeuses, promptes à commettre toutes sortes d’exactions sur les populations qu’ils sont censés protéger.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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