Les Congolais fiers et dignes

Fiers et dignes, oui, les Congolais l’ont été durant les deux semaines des 11èmes Jeux Africains clôturés samedi 19 septembre. Fiers d’avoir accueilli sur leur sol une jeunesse africaine sportive enthousiaste, qui a envoyé au monde entier ce message d’espoir que notre continent peut tenir ses engagements internationaux. Car les JA, c’est l’Afrique, mais c’est également le regard de ses partenaires d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie.

Ceux de ces partenaires qui, aux quatre coins du globe, ont eu l’occasion de se connecter au Congo pendant ce moment, d’autres qui se trouvaient sur place, ont pu évaluer la qualité de la mission accomplie par le pays hôte des JA, son peuple et ses plus hautes autorités. Il s’agit, de ce point de vue, d’une fierté partagée avec tous les pays africains qui étaient à Brazzaville pour l’occasion. Respect et gratitude aux délégations africaines des JA du cinquantenaire.

Dignes, les Congolais le sont restés quand on sait que les JA de Brazzaville ont frayé leur bonhomme de chemin au milieu d’un environnement sociopolitique traversé par tant de discours. Les  discours des acteurs politiques et de la société civile pris dans le débat passionnant de l’évolution ou non des institutions de la République. Pour le temps des jeux, tous ont décidé d’une trêve salutaire que recommandaient à la fois leur honnête citoyenneté et leur niveau des responsabilités. Il faut leur tirer le chapeau.

Il est évident que le train-train habituel, comme on dit, va reprendre ses droits. Les états-majors et autres plates-formes politiques ont sans doute profité de la trêve offerte par les JA les deux semaines écoulées pour fourbir leurs armes, peaufiner leurs stratégies avant de revenir à la charge. Pour qu’ils ne vivent pas que d’obstination, ils devront prendre le temps de faire le point des évolutions enregistrées auprès de leurs adhérents. Question de mieux apprécier le contexte, le rapport des forces, le bien-fondé de la poursuite de la querelle et la manière de s’y engager.

C’est bien certain aussi que les Congolais, dans leur écrasante majorité, ne seront pas d’avis de voir la fin de la trêve olympique installer la peur dans les quartiers, dans les villes et dans les villages par le fait des politiques. Les JA ont en effet montré un regain d’intérêt des jeunes et de la population pour les rencontres sportives de haut niveau, ils ont, en même temps, ravivé les élans du vivre ensemble magnifiés par cette effervescence collective observée dans les lieux de compétitions inaugurées à Brazzaville le 1^er septembre dernier.

On ne sort pas d’un rendez-vous panafricain aussi réussi pour retomber dans les travers de la violence et de la division. On imagine mal que cela soit le meilleur moyen pour le Congo d’assumer son quart de siècle de pratique démocratique.