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Pierre Mabiala : des points...

Vendredi 2 Août 2013 - 19:45

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À la tête du ministère des Affaires foncières et du domaine public dont il a la charge depuis quatre ans, Pierre Mabiala s’est donné une réputation diversement interprétée. Une réputation, mais aussi cette image d’homme en blouse, sombrero enfoncé sur le crâne, qu’il affectionne lorsqu’il descend sur le terrain : « Attention, il va lancer ses Caterpillar ! », se prend-on à douter, chaque fois qu’il est en « exercice ».

Pour les uns, ce ministre dépositaire d’un attribut qui se recoupe avec l’ordre public est un casseur injuste, qui s’en prend aux plus petits, presqu’aux pauvres, en brisant les murs de maisons construites, d’après lui, là où il ne fallait pas. Pour les autres, dans un environnement où la démission et le laisser-aller prennent corps et s’enracinent, en voilà un qui a le courage et la volonté de remplir sa tâche sans atermoiement. Comme dans toute action d’intérêt public, eh bien, Pierre Mabiala a ses détracteurs et ses admirateurs.

Passons ce cap de l’action gouvernementale sur laquelle nous ne fondons pas de conclusion pour évoquer un sujet qui a défrayé la chronique ces derniers jours et sur lequel, sous réverse d’en quantifier la pertinence, Pierre Mabiala a dû marquer des points. Le 27 juillet, en effet, le ministre des Affaires foncières et du domaine public a pris l’opinion à témoin, avec la création par d’anciens miliciens Cocoyes et Mambas d’une « Dynamique pour la paix ». Une mutuelle au sein de laquelle, ces ex-combattants du bord du président Pascal Lissouba pendant la guerre du 5 juin 1997 comptent investir leurs énergies positives, conscients, ont-ils eux-mêmes déclaré, d’avoir été « manipulés, abusés et laissés pour compte ».

Non seulement, cette reddition, au sens noble du terme s’est déroulée à Dolisie, chef-lieu du département du Niari, considéré comme l’une des places fortes de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, mais le nombre de ces ex-guerriers de « bonne volonté », 343 au total, montre que l’adhésion au message de paix a été largement partagé parmi eux. Adhésion à la paix, mais c’est bien évidemment aussi un cri de cœur de ces derniers en direction des pouvoirs publics, chargés en tant que tels de gérer le passif de tous les conflits armés que le Congo a connus les décennies écoulées.

En supervisant la création de ce mouvement impliquant d’anciennes milices partisanes, Pierre Mabiala a certainement puisé dans un fonds mêlant activité politique et solidarité fraternelle. Député, puis sénateur, puis encore député de Makabana (Niari), cet ancien de l’Union de la jeunesse socialiste congolaise qui a accédé au Comité central du Parti congolais du travail, lors du congrès extraordinaire tenu en 2011, est aussi originaire du Niari. Mais, quelle que soit l’appréciation que l’on aura de l’acte qu’il vient de poser à Dolisie, ville qui attendait, ce qui est vrai, de recevoir le président de la République en visite de travail dans le Niari et la Bouenza ( le week-end dernier), le constat qui saute aux yeux est le suivant : il y avait encore des ex-miliciens à réinsérer dans la vie active.

Devant une telle initiative qui pourrait en appeler tant d’autres, les ex-miliciens concernés, ou ceux qui hésitent à se reconvertir, dans le Niari ou ailleurs, devraient prendre conscience de ce que le salut pour eux-mêmes, pour leurs familles et pour le pays, réside dans la disponibilité de chacun à apporter sa pierre à l’édification nationale. En espérant que le geste de Dolisie fera des émules !

Gankama N'Siah

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