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Postures oppositionnelles

Samedi 17 Mars 2018 - 12:48

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 La désignation du premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), Pascal Tasty Mabiala, en qualité de chef de l’opposition conformément à la Constitution qui régit le Congo, suscite la réprobation de certains dirigeants de cette famille politique qui étale ses dissensions au grand jour. Lors de sa rentrée politique, le 3 mars, le Collectif des partis mené, entre autres, par Mathias Dzon, Christophe Moukoueke et Jean Itadi a fustigé en des termes plutôt forts le « soi-disant chef de l’opposition congolaise ».

A la même occasion, le Collectif a exposé que l’opposition congolaise est plurielle, qu’elle compte en tout quatre groupes décrits ainsi qu’il suit : « Une opposition alimentaire, une opposition entriste, une opposition identitaire, et enfin une opposition réelle ». Quand on voit la ligne du discours, l’opposition « réelle » est certainement celle que pilote le Collectif. Même s’il n’a pas été en mesure, ensuite, de développer sa vision en affectant les acteurs en regard de cette catégorisation, le collège des présidents du Collectif des partis de l’opposition cible en priorité Pascal Tsaty Mabiala. Le classe-t-il dans les « alimentaires », les « entristes » ou les « identitaires » ? On ne saurait le dire pour l’instant.

Reçu en audience, le 7 mars, par le président de la République, le chef de l’opposition politique a rétorqué à ceux qui le dénigrent qu’en raison de la position qu’il occupe aujourd’hui dans la hiérarchie des institutions constitutionnelles, il refuse de « tomber dans les querelles de caniveau ». Pascal Tsaty Mabiala déclare tenir sa légitimité de la loi fondamentale qui reconnaît un statut à l’opposition politique et au chef qui la dirige moyennant des critères prévus à cet effet. En d’autres termes, il n’a pas le sentiment de jouer les faire-valoir dès lors que sont mis en application les mécanismes d’un texte suprême censé s’imposer à tous.

Au fond, la polémique entre le Collectif et le chef de l’opposition tire ses origines d’un passé plus ou moins lointain. Au sein de ce groupe émargent, en effet, d’anciennes figures tutélaires de l’Upads qui n’avaient pu accorder les violons avec ce dernier dans le cadre de leur mouvement qui finirent par lancer leur propre parti, le Congrès africain pour le progrès. Le porte-parole de ce parti n’est autre que l’ancien secrétaire général de l’Upads, Christophe Moukoueke.

Par ailleurs, Pascal Tsaty Mabiala et Mathias Dzon, l’un des ténors du Collectif, se sont parfois retrouvés sans presque jamais composer pour longtemps. En 2009, à l’issue des états généraux de l’opposition naît le Front des partis de l’opposition congolaise dont ils font tous partie. Ils ont pu aussi monnayer leurs services au Frocad (Front pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique). Puis plus rien ! Tous les deux ont cependant le verbe haut quand ils récusent une opinion, combattent une idée. On pourrait peut-être assister à d’autres échanges de parole plus ou moins corsés entre eux au nom de la bataille de légitimité qui s’engage.  

Ce qui est vrai, la fonction de chef l’opposition n’a pas encore produit ses effets sur la politique nationale, d’où une certaine indifférence de l’opinion publique à sa mission véritable. La première rencontre entre celui qui l’incarne et le président de la République, début mars, n’est certainement qu’un premier pas vers la reconnaissance du rôle qu’il jouera dans le pays. Son capital-crédit sera à la mesure de l’étendue de sa marge de manœuvre mais il est difficile de penser que s’arrêteront les récriminations. Le gouvernement lui-même, qui a en charge la conduite des affaires de la nation, le vit au jour le jour.

Gankama N'Siah

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