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Que compte faire l'Upads?

Samedi 7 Mai 2016 - 15:56

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Au terme d’un processus électoral qui s’est conclu, pour ce qui concerne l’élection du président de la République, le 20 mars dernier, les états-majors politiques de tous bords doivent, dans le moment présent, dresser le bilan de cette expérience et regarder l’avenir. Dans quelques mois, peut-être, devra-t-on poursuivre l’installation des institutions de la nouvelle République au nombre desquelles se trouve l’Assemblée nationale. Même si pour l’heure aucune date n’est fixée, ce rendez-vous finira par s’imposer comme une évidence lorsque les acteurs politiques et le gouvernement auront mis en commun les réformes qu’ils entendent y apporter pour en améliorer le déroulement.
Pour la place tenue par l’Upads dans l’establishment politique congolais, on pourrait être intéressé de savoir ce que compte faire ce parti au regard de la moisson qu’elle a récoltée lors de la dernière élection présidentielle. Se considérant, il y a encore quelque temps et à juste titre, comme la première formation politique de l’opposition congolaise, le parti que dirige Pascal Tsaty Mabiala est sorti de cette consultation majeure laminé. Et même si dans la dynamique de contestation des résultats officiels qui s’est emparée des candidats de l’opposition Frocad-Idc, celui du parti des trois palmiers (son logotype) y a associé pleinement sa voix, il est certain qu’à titre personnel ses résultats n’ont pas dépassé la barre de ceux qui ont été validés par la Cour constitutionnelle, le 4 avril.
Les « mauvaises notes » de l’Upads peuvent avoir plusieurs explications, mais la plus significative vient sans doute des dissensions internes qui le traversent depuis sa perte du pouvoir en 1997. Elles ont été amplifiées par la lutte de leadership que ses principaux dirigeants avaient érigé en modus vivendi, et qui ont fini par provoquer de nombreux départs de certains de ses piliers. C’est dans ce contexte qu’est né le Congrès africain pour la paix (CAP), dans lequel siègent d’anciens ténors de l’Upads parmi lesquels Christophe Moukoueké, Jean Itadi, Victor Tamba-Tamba, ou encore Dominique Nimi Madingou. Au nombre des partants citons aussi Martin Mbéri, Claudine Munari, Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou puis l’exclusion par le parti lui-même d’autres dirigeants comme Gaspard Kaya Magane, Clément Mouamba, etc.
Si elle devait se donner le temps de l’autocritique, l’Upads se rendrait compte qu’elle a en partie grevé sa notoriété lorsqu’elle a pris fait et cause pour l’Idc-Frocad, sans tenir compte de ce qu’elle possède une base qu’elle pouvait mobiliser sur un autre discours que celui du radicalisme presque révolutionnaire de la période préélectorale. Ses alliés lui permettront-ils, lors des futures élections législatives de consolider cette base, en soutenant l'Upads dans les circonscriptions qui lui sont traditionnellement acquises ? De circonscriptions acquises, le parti de Pascal Tsaty Mabiala en a-t-il encore vraiment ? Si tel est certainement le cas, a-t-il les moyens de les fermer à ses futurs concurrents en les mobilisant démocratiquement en sa faveur ?
Les choses étant ce qu’elles sont aujourd’hui, et malgré son exclusion du parti, l’actuel Premier ministre, chef du gouvernement, Clément Mouamba est issu des rangs de l’Upads. Officiellement, et en l’absence d’accord de principe ayant abouti à sa nomination à ce poste important, son ancien parti n' a pu officiellement lui adresser un message de félicitations. Lui-même semble lié par le principe de cohésion de l’équipe qu’il dirige et par l’engagement de mettre en œuvre le programme du président de la République. A première vue donc, rien ne pourrait augurer un quelconque rapprochement Upads-Majorité présidentielle. Mais la politique étant aussi l’art de mutualiser les efforts quand on peut, laissons à ses opérateurs le temps de décider de l'avenir de leurs partis respectifs.

Il est en revanche une chose qu'il convient de souligner: l'Upads a reconnu les résultats de l'élection présidentielle du 20 mars, puis appelé ses militants à se préparer aux futures batailles électorales. Le fera-t-elle dans le cadre de l'Idc-Frocad ou prendra-t-elle plutôt la mesure du temps perdu, des erreurs stratégiques commises pour réajuster son discours, remobiliser sa base, restructurer ses instances, conclure au besoin de nouvelles alliances? Dans l'éventualité qui se présentera à ses dirigeants de choisir l'une ou l'autre hypothèse, il pourrait être possible de voir certains mandats remis en jeu au sein de cette formation politique dont l'un des slogans, dans les années de l'avènement de la démocratie en 1991-1992 fut " Ya ba colère vè!". Traduire: "La politique ne rime pas avec la colère ". La lecture aussi.
 

Gankama N'Siah

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