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Tous les regards vers Kinshasa

Samedi 15 Décembre 2018 - 18:34

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A commencer par Brazzaville, qui jouxte sa voisine Kinshasa via le fleuve Congo, toutes les attentions sont à présent tournées vers la République démocratique du Congo (RDC) qui va aux urnes, le 23 décembre, pour élire le président de la République, les députés nationaux et provinciaux. Ces attentions émanent évidemment des neuf pays avec lesquels le Congo Kinshasa partage les mêmes frontières mais aussi, des partenaires internationaux dont l’intérêt pour ce « géant » d’Afrique centrale est toujours d’actualité. Sur cette dernière considération, la reconduction constante de la mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, depuis son déploiement en 1999, ne peut pas être prise pour de la fantaisie.

Dimanche prochain donc, le processus de renouvellement des institutions publiques, longtemps retardé pour diverses raisons, trouvera à s’exprimer sur l’ensemble du territoire de la RDC. Quelle image ce pays renverra-t-il à l’extérieur ce 23 décembre ? Celle d’un Etat qui a capitalisé sur sa propre histoire, faite souvent de violences comme plusieurs de ses voisins, pour enfin sublimer les vertus de la concorde nationale, ou celle d’une nation où les enfants ne savent pas marcher ensemble et préserver l’intérêt commun ? Il est vrai que les incidents signalés dans plusieurs localités du pays, en rapport avec la campagne électorale, dans lesquels certaines personnes ont perdu la vie, ne sont pas de nature à assurer la sérénité des échéances en vue. L’incendie qui a ravagé du matériel électoral à Kinshasa ajoute aussi à la confusion. A moins de classer ces différentes péripéties au compte de cas isolés qui n’influeront pas négativement la suite des événements !

Il paraît cependant certain que des trois coalitions les plus en vue qui sollicitent les suffrages du peuple de RDC dans une semaine, deux paraissent mobiliser la confrontation. Il s’agit du Front commun pour le Congo, plate-forme soutenant le candidat Emmanuel Zamazani Shadary, qui est chapeauté par le président sortant, Joseph Kabila Kabange, et la composante Lamuka (réveillez-vous en français), dont le chef de file et candidat-président est Martin Fayulu. Pourquoi ces deux entités semblent-elles symboliser la rivalité la plus vive ? Sans doute parce que parmi les soutiens de Fayulu se trouvent Jean-Pierre Bemba, challenger du président Kabila aux élections de 2006 et de 2011, et Moïse Katumbi Mwanke, ancien gouverneur du Katanga, devenu opposant farouche depuis qu’il avait eu maille à partir avec ses ex-amis de la majorité, il n’y a pas bien longtemps. A quelque chose près, Kabila-Bemba-Katumbi se projettent dans cette campagne électorale qui aurait pu être invivable, si les trois étaient en course.  

A côté de ces deux rivaux de premier ordre, s’il n’est pas question de prendre la paire UDPS-UNC de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe pour celle d’outsiders, disons qu’elle aurait pu être la plus belle fille dans le moment actuel et faiseuse de roi, si l’élection présidentielle du 23 décembre était à deux tours. Sans prétendre deviner qui de Tshisekedi, Shadary et Fayulu sera en tête du scrutin attendu ni quelle surprise sortira des urnes au regard de la vingtaine de candidats, il n’est pas exclu que l’on assiste, à la fin du processus, à des retrouvailles inattendues entre les ennemis d’hier. Car, il y en a dans les plates-formes politiques d’ici et d’ailleurs, en Afrique et même au-delà, qui savent mettre un peu d’eau dans leur vin quand les intérêts de la nation ou les circonstances individuelles le commandent. A condition, néanmoins, que les acteurs rejettent toutes violences et que les urnes tranchent les débats dimanche prochain dans les meilleures conditions possibles.

Gankama N'Siah

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