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Le Festival du Sahel à tout prix

Lundi 21 Octobre 2013 - 0:15

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Nous avons sans doute tous en mémoire les images idylliques et enchantées du paysage de dunes et de sable fin doré du rallye Paris-Dakar. Eh bien, des vendeurs de rêve ont relevé un autre défi dans un même décor : créer un festival en plein milieu d’un désert.

Pari fou, lancé et tenu en 2010 par Jean-Jacques Bancal et Rafaël Rodriguez, qui s’apprêtent à dérouler le tapis de la troisième édition du 22 au 24 novembre. L’idée originelle consistait à produire de grands artistes-musiciens d’Afrique, assurer une logistique qui révèlerait une centaine de tentes, des milliers de repas, à l’aide de puissants groupes électrogènes en plein désert.

Il n’est pas difficile d’imaginer tous les inconforts et les tracasseries d’un tel projet, incluant la communication en amont, mais il faut tirer la révérence aux coorganisateurs de l’événement qui l’ont mené à terme. Le festival existe depuis maintenant quatre ans, en plein cœur du désert de Lompoul. Ce qui peut être considéré désormais comme un grand campement aux allures de village nomade flottant dans les dunes, draine, comme ce fut le cas l’an passé, d’innombrables chanteurs, musiciens et danseurs et permet d’affirmer, si doute il y avait, que le Sahel n’est pas un mirage mais bel et bien une terre de vie et d’accueil, riche en traditions musicales et orales.

Le festival, c’est bien entendu des concerts nocturnes, mais aussi un éventail d’activités culturelles parmi lesquelles des projections de documentaires, des ateliers de percussions, des concours de dessins dans le sable, des ballades incessantes dans les dunes et même à dos de chameau, ce qui ravit particulièrement les nombreux touristes croisés ça et là, Espagnols, Américains, Dakarois, Français du Sénégal… qui ne boudent pas leur plaisir. Déambulations acrobatiques, samba dakaroise et animations musicales contribuent ainsi à faire monter l’adrénaline en ce lieu ou le temps d’une rencontre l’air devient féérique autour du bar qui permet de chauffer l’atmosphère en prélude aux concerts.

Sont passées par là des stars comme Ismaël Lô et la Sahraouie Mariem Hassan qui ont littéralement charmé ; mais aussi les membres de la fratrie Keïta de Takeïfa ; le groupe Wato, trio formé par un Marseillais et un Provençal saint-louisien autour d’un surdoué de la kora, le Malien Yancouba Diébaté ; les neuf Algérois de Djmawi Africa ; Mao Otayeck, Libanais ivoirien, jadis chef d’orchestre d’Alpha Blondy et qui a joué avec Stevie Wonder, révélation du festival avec de jeunes lions de la scène musicale sénégalaise tels les percussionnistes de Ngueweul Rythme ou encore Hampate et le Sahel Blues.

S’il est certain que l’on ne peut sortir que comblé d’une telle rencontre, la pérennisation de ce festival demeure difficile car il est excessivement coûteux, ce qui a fait d’ailleurs qu’il n’a pas eu lieu en 2011. Le ministre de la Culture du Sénégal déclarait à ce propos l’année dernière que le nouveau gouvernement s’investirait pour appuyer cet événement d’importance pour le Sénégal, en particulier par ce qu’il contribue à donner une image positive du Sahel, à l’inverse de celle véhiculée ces derniers temps dans les médias.

À en juger par la tenue très prochaine de ce rendez-vous, les 22, 23 et 24 novembre, on peut déduire que le gouvernement sénégalais a tenu promesse, mais surtout que Jean-Jacques Bancal et Rafaël Rodriguez ont de nouveau gagné leur pari cette année, pour le plus grand bien du public qui lui témoigne sa sympathie en se manifestant de plus en plus nombreux afin de participer à ce qu’il considère comme un moment inoubliable à vivre à tout prix.

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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