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De l’écho à notre politique culturelle

Lundi 11 Novembre 2013 - 0:17

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La dernière édition du Fespam, qui nous avait gratifiés de la présence de la directrice générale de l’Unesco, mettait encore plus en pointe la musique africaine à travers son symposium international, à l’aune d’un thème-programme : « Les musiques africaines, vecteurs d’authenticité et facteur d’émergence ». Elle nous rappelait également et à juste titre combien cette rencontre interculturelle devrait jouer son rôle de promoteur et de vecteur d’intégration régionale.

Les experts, jamais à court d’arguments, avaient échangé sur différents sujets, opportunités d’actualité, comme : les musiques africaines, levier d’émergence culturelle et économique de l’Afrique ; ou encore : l’expression musicale, support de l’authenticité africaine ; les rapports entre les expressions identitaires et le développement intégral de l’Afrique. Dans son allocution de circonstance, le ministre de la Culture, Jean-Claude Gakosso, évoquait la contribution et le rôle des musiciens, musicologues et ethnomusicologues dans un processus historique de régénérescence collective. Il ne croyait pas si bien dire, et même au-delà de toute expression caressant dans le sens du poil, on pourrait constater sans ambiguïté que la politique culturelle prônée et appliquée par ce dernier au nom du gouvernement congolais porte ses fruits.

La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, qui a peut être estimé qu’il fallait voir Brazzaville pour le croire, vient de désigner Brazzaville parmi les nouveaux membres du Réseau des villes créatives, à l’instar des villes de Zahlé au Liban, Cracovie en Pologne et Fabriano en Italie. Selon elle, en mettant en œuvre les initiatives, politiques et stratégies locales, Brazzaville fait partie de ces villes qui puisent dans la créativité en tant que source d’enrichissement pour le paysage urbain contemporain et la vie quotidienne des citoyens.

Il faut le savoir : le Réseau des villes créatives de l’Unesco est une plateforme d’échange lancée en 2004 dans le souci de développer la coopération internationale entre les villes qui reconnaissent la créativité comme un moteur du développement durable au travers d’un partenariat global entre plusieurs acteurs. On peut obtenir en devenant membre de ce réseau certaines facilités comme l’échange d’expériences, de connaissances et de ressources entre membres, mais aussi bénéficier d’un moyen de promotion du développement des industries créatives locales, et tout particulièrement se retrouver au cœur de la coopération mondiale dans le secteur créatif et culturel, le tout en faveur du développement durable. C’est un espace considérable où l’échange et le dialogue sont renforcés entre des acteurs des grandes problématiques globales, les représentants du Réseau des villes créatives en personne, des villes candidates, des décideurs politiques ainsi que des experts en politiques culturelles.

Le Réseau des villes créatives de l’Unesco comprend désormais trente-huit villes de toutes les régions du monde, et de nouvelles villes devraient être nommées d’ici à la fin de l’année. Il est certain que les villes jouent de plus en plus un rôle essentiel dans le développement et qu’elles sont au premier plan pour permettre l’exploitation de la créativité au profit du développement économique et social. Nous devons rendre grâce à l’Unesco d’avoir pu réunir autour de cette plateforme les acteurs culturels de l’ensemble de la chaîne des industries créatives, de l’acte de création initiale à la production et à la distribution. Brazzaville, qui a été désignée « ville de musique », devient le premier membre africain du Réseau. C’est le moment de rendre hommage à tous ces acteurs qui impulsent et stimulent le secteur de la musique tous azimuts.

Qui a donc prétendu que la musique se mourrait dans le pays ? Cette désignation vient à point nommé pour rappeler combien nos artistes ont du talent et de la créativité à revendre. Il va sans dire qu’il persiste de nombreuses lacunes et que du côté des infrastructures pour soutenir les industries liées au domaine musical, un fort labeur reste à fournir, mais le Congo ne se retrouve pas, pour ainsi dire, aux antipodes de la promotion culturelle.

Comme les membres du Réseau dont Brazzaville fait partie se sont engagés à « renforcer leur participation dans la vie culturelle, en favorisant l’accès à la création et à l’usage des activités culturelles, des biens et des services, en promouvant la créativité et les expressions créatives, et en intégrant les industries créatives et culturelles dans le développement local », gageons que l’avenir musical congolais et la culture en général nous réservent de belles surprises.

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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