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Brazzaville l’internationale

Lundi 17 Février 2014 - 0:43

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L’ancienne capitale de l’Afrique équatoriale française est bien au centre du développement tant prôné du continent africain par ses fils. En effet, la capitale qui vient d’abriter deux évènements majeurs se confirme comme une réelle vitrine du continent : Build Africa, premier forum qui a permis d’aller plus loin dans l’évocation des obstacles et la formulation de solutions au développement ; et la célébration du Protocole de Brazzaville sur la paix en Afrique australe qui rappelle, vingt-cinq ans plus tard, que le Congo figure parmi les acteurs actifs qui ont contribué à un grand motif de fierté et de dignité pour le continent, à savoir l’avènement de l’Afrique du Sud postapartheid.

Il faut le reconnaître, le forum, premier du genre qui s’est tenu à Brazzaville du 5 au 7 février, ne peut laisser indifférent tant sa portée est palpable et son ambition louable. Il est indéniable que le déficit d’infrastructures sur le continent entrave sa compétitivité sur le marché mondial. Il est aussi vrai que les infrastructures nécessaires, installations qui paraissent dépasser l’échelle de l’homme, n’en demeurent pas moins des œuvres humaines. Aussi un cadre d’échange et de réflexion concret entre les acteurs mondiaux qui forgent le développement de l’Afrique s’avérait-il opportun et urgent. Cela ne suppose pas que ces cadres n’existaient pas préalablement, mais à Brazzaville on veut aller plus loin dans la réflexion et l’action.

À l’image du message de bienvenue adressé par le président Denis Sassou-N’Guesso à l’endroit des participants au forum, on comprend aisément que le Congo veut prendre sa part dans les efforts qui doivent être consentis pour créer l’harmonie qu’exigent ceux engagés sur l’ensemble du continent dans le cadre du processus d’intégration continentale et sous-régionale.

Ainsi donc le Congo en abritant ce forum ne fait-il qu’apporter sa contribution aux projets d’infrastructures prévus par le Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD), dont l’un des concepteurs, l’ancien président Abdoulaye Wade, a tenu à marquer le forum de sa présence, le Programme de développement des infrastructures en Afrique, dont la BAD est l’organe d’exécution, conçu pour prendre le relais du NEPAD et piloté par la Commission de l’Union africaine, et tous les projets inscrits dans le cadre de l’intégration sous-régionale de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale.

Les effets du forum n’ont pas tardé à se faire sentir, notamment avec la création d’un fonds d’investissement de 100 millions de dollars pour accompagner le secteur privé et la signature d’accords, à l’instar de celui conclu avec la Banque mondiale pour la construction du barrage du Sounda de 1 000 MW dans le département du Kouilou ou encore dans le cadre de l’assistance technique, entre le Congo et Énergie de France. Rendez-vous est donc pris avec beaucoup d’enthousiasme en 2016 pour la deuxième édition.

Perturbation de calendrier oblige, suite au décès de Nelson Mandela en décembre dernier, Brazzaville a également célébré le 11 février le vingt-cinquième anniversaire de la signature du Protocole de Brazzaville sur la paix en Afrique australe. Pour rappel, la ville abritait les négociations tripartites entre l’Angola, l’Afrique du Sud et Cuba, sous la médiation des États-Unis, pour une paix négociée dans la région d’Afrique australe, et ces négociations historiques furent le fruit de moult négociations à travers les capitales occidentales qui conduisirent à la signature le 22 décembre 1988 des accords de New York.

Il n’est pas inutile de préciser que les accords de New York ont permis le retrait des troupes cubaines d’Angola et sud-africaines de la Namibie et du sud de l’Angola, l’indépendance de la Namibie et la libération de Nelson Mandela, et donc le démantèlement du régime de l’apartheid en Afrique du Sud ainsi que l’avènement d’une nouvelle ère politique et démocratique.

Comme on peut se le remémorer, si l’année 1978 avait été celle des grands espoirs déçus pour le règlement pacifique de la question de la Namibie, et suite à la mauvaise foi des tenants de la politique d’apartheid en Afrique du Sud, en 1988 le dialogue était redevenu possible à la faveur de deux événements. D’une part, l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev, avant même l’effondrement du bloc socialiste, manifestait sa volonté de se désengager des conflits du tiers-monde. D’autre part, le Congo affichait sa détermination en faveur des luttes de libération dans son combat contre l’apartheid sud-africain et la quasi-annexion de la Namibie par Pretoria. Convaincus déjà à l’époque que seule une solution africaine pouvait permettre le règlement de ces problèmes, deux médiateurs sortaient ainsi de l’ombre et étaient officiellement remerciés, le gouvernement suisse et la République du Congo par son président, Denis Sassou-N’Guesso.

Le Protocole de Brazzaville, signé le 13 décembre 1988, doit donc être considéré comme la pièce essentielle de ces longues négociations, et Build Africa comme un catalyseur pour le développement du continent africain. Il faut donc bien croire à la vocation internationale et bienfaitrice de Brazzaville.

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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