70 ans de Présence Africaine : la célébration s’achève par une balade fluviale

Samedi 25 Mai 2019 - 16:45

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Les festivités marquant le soixante-dixième anniversaire de la maison d’édition ont pris fin, le 24 mai, par une croisière littéraire sur le majestueux fleuve Congo. Allocution, déclamations des textes publiés au sein de cette maison, témoignages et une partie de danses ont marqué ce moment festif.   

Il est 10h 00 lorsque la Pegase (bateau affrété pour la circonstance) quitte le quai pour la randonnée sur le majestueux fleuve Congo, tant vénéré par les écrivains et chanté par les artistes musiciens. À l’intérieur se trouve le conseiller à la Culture, arts et tourisme du chef de l’État, Lydie Pongault, qui sans commentaire, laisse plutôt à ses convives (parce qu’organisatrice) le temps d’admirer le fleuve Congo en ces termes: « Amis de la culture et de la littérature, je n’ai qu’un seul mot, bienvenu à bord et admirons le fleuve Congo ». Ainsi a commencé cette belle balade.  

Mariusca Moukengue a été la première à déclamer quelques textes des guerriers de la plume, publiés aux éditions Présence Africaine. Elle a déclamé la "Prière" de Bernard Dadié. Puis s’en sont suivis " La Négritude", "Le cimetière hydraulique" et "Cahier d’un retour au pays natal" d' Aimé Césaire. Elle a également interprété quelques morceaux contenus dans son single "Slamouraï", dont le titre éponyme (Slamouraï), et "Espoir".  

Dans "Négritude" d'Aimé Césaire, il écrit: « Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole, Ceux qui n’ont jamais su dompter ni la vapeur ni l’électricité, Ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel mais ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance, Ceux qui n’ont connu de voyage que de déracinements, Ceux qui se sont assoupis aux agenouillements, Ceux qu’on domestiqua et christianisa, Ceux qu’on inocula d’abâtardissement tam-tam de mains vides, tam-tams inanes de plaies sonores, tam-tams burlesques de trahison tabide, Tiède petit matin de chaleurs et de peurs ancestrales, Par-dessus bord mes richesses pérégrines, Par-dessus bord mes faussetés authentiques. Mais quel étrange orgueil tout soudain m’illumine ? »

Harvey Massamba, un autre artiste congolais, a déclamé les textes "Le jeune noir à l’épée" et "Congo mon amour" d'Abda Malik, publiés aux éditions Présence Africaine, dont voici l’extrait.

« J’ai 19 ans et je suis Noir. Ceux qui ont l’œil du cœur ouvert savent bien que la couleur n’est qu’un jeu de lumière. Une réfraction qui a eu lieu à un moment plus ou moins précis de notre histoire collective. En cette réfraction a pris corps. Est devenue une idée, un rayonnement électromagnétique qui a franchi le champ du phénomène physique, pour devenir un concept dont on parle dans les livres savants, les faits divers sanglants, les films aux succès obscurs, les vidéos sur YouTube et les disques de rap dématérialisés… »

Après quelques témoignages sur le fleuve par le Pr Patient Bokiba (un enfant du fleuve), Irène Mboukou, conseiller du chef de l’État, ainsi que par le Pr Omer Massoumou, Pierre Ntsemou dit le saint-pierre des mots, a déclamé lui aussi un texte titré "Sénégal", en l’honneur aux hôtes de marque.

Village Maloukou Mbamou terminus de la randonnée

La croisière littéraire s’est arrêtée au village Maloukou Mbamou, situé à 32km de Brazzaville, sur le long du fleuve Congo. Ce village compte deux cent quatre-vingts habitants, vivant de la pêche et de l’agriculture. Il est doté d'une école primaire, ce qui qui fait qu’après leur admission au Certificat d’études primaires et élémentaires, les élèves désireux de poursuivre leurs études secondaires et supérieures se rendent à Brazzaville.

« Nous sommes ici pour les 70 ans de Présence Africaine et sommes extrêmement heureux de venir vous voir », a déclaré Jean Paul Pigasse, patron du quotidien Les Dépêches de Brazzaville, à l’endroit du chef du village, Francis Ngalibaki, qui a accueilli la délégation.

Ce dernier, par l’entremise de son porte-parole, Papy Konga, a exprimé sa joie de recevoir la délégation venue dans le cadre de ces festivités. « Nous sommes très heureux de vous recevoir ce jour. Merci également pour les journaux que le patron des Dépêches de Brazzaville nous a remis. Ils nous permettront de nous informer sur ce qui se passe et surtout connaître l’histoire de Présence Africaine. Ces journaux seront distribués dans tout le village », a-t-il promis.

Le fleuve a ressenti sa joie sur le chemin de retour avec de l’animation en play-back faite par Djoson philosophe et Ossibi de l’orchestre Super Nkolo Mboka, ainsi que des chansons génériques des différents groupes musicaux, à l’instar de "242" d’Extra musica de Roga-Roga ; "312 Métaphysique" de Patrouille des stars de Kevin Mbouande-Mbenga ; "Maman Syska" de Zaïko Langa-Langa de Jossart Nyoka Longo ; sans oublier le collectif Bisso na Bisso. L’animation s’est arrêtée nette au quai du port de Mami Wata restaurant.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Dans la Pégase / Basilique photo) Photo 2 : Le patron des Dépêches de Brazzaville remettant les journaux au chef du village Maloukou Mbamou et à son porte-parole / Basilique photo Photos 3&4 : L'ambiance dans la Pégase / Basilique photo

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