Adoptions italiennes au Congo : des irrégularités sur certains dossiers

Jeudi 16 Février 2017 - 17:02

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Des sommes d’argent auraient-elles été versées en sous-main pour obtenir l’adoption de certains enfants en Italie ? À Rome, l’affaire agite jusqu’au Parlement.

L’accusation portée par la CAI (Commission des adoptions internationales d’Italie) devant le Parlement à Rome est pesante. La justice a été invitée à se pencher sur certains cas d’adoption d’enfants venus de la République démocratique du Congo. Le soupçon, a expliqué la semaine dernière Silvia Della Monica, vice-présidente de la CAI devant une commission parlementaire, est que certains des enfants arrivés en Italie ont été littéralement arrachés à des familles !

Ces enfants « non adoptables » parce qu’ayant des parents bien vivants et non pas des orphelins comme il apparaissait dans leur dossier, semblent avoir été « glissés » dans les listes retenues. Le fait d’intermédiaires véreux ayant perçu des espèces sonnantes et trébuchantes pour cela ? Ou d’organismes étatiques congolais ou d’associations italiennes peur regardantes ? Les enfants semblent avoir été soustraits à leurs familles naturelles par duperie. « Si effectivement ces enfants ont été arrachés à des familles et que les services le savaient, il y a des responsabilités ici sur lesquelles il faudra enquêter », a dit avec colère Mme Della Monica. Elle intervenait devant une commission parlementaire présidée par le sénateur Maurizio Romani. Elle y a redit la ligne de conduite sur laquelle agit son organisation : « les adoptions doivent être éthiques et sans tache ».

L’affaire n’en est qu’à son début dans cette nouvelle phase. Nouvelle, parce qu’en juillet dernier déjà, le journal L’Espresso s’était fait l’écho de rumeurs autour de ces adoptions, avançant l’hypothèse d’irrégularités avérées. Aussi bien les humanitaires que la presse en Italie rappellent aujourd’hui combien les autorités de Kinshasa s’étaient montrées peu empressées de libérer ces enfants, s’accordant des délais supplémentaires pour voir plus clair dans tous les dossiers présentés.

Pourtant, ajoute la CAI, le 30 août de l’année dernière leur feu vert avait été assorti de l’assurance que toutes les adoptions italiennes ne présentaient plus aucun motif de préoccupation. Elles avaient même adressé un démenti officiel à L’Espresso pour ses allégations. Une association italienne en pointe sur l’affaire, l’Ai.Bi (Amici dei Bambini, les amis des enfants) était montée au créneau accusant le journal de diffamation. Les informations actuelles semblent resituer les positions des différents acteurs aussi bien Congo qu’en Italie où, plus que jamais, une guerre ouverte semble opposer la CAI à la Ai.Bi qui s’accusent de tous les maux.

Aux accusations de « volonté de freiner les adoptions » de l’association répond « une arrogance crasse » dont la CAI, organisme gouvernemental, accuse les humanitaires. Pour Madame Della Monica, « contrôleurs et contrôlés ne peuvent siéger dans une même instance ». Elle se dit déterminée : « Je demande des instruments normatifs (des lois, Ndlr) pour faire en sorte que les autorisations aux organismes d’adoption ne soient pas à vie. Je veux faire le ménage à la CAI et n’entend pas reculer. J’irai jusqu’au bout. Moi, c’est au nom du gouvernement (italien) que j’agis, pas en mon nom propre  », a dit celle qui a été longtemps juge en charge de … la lutte antimafia !

Lucien Mpama

Notification: 

Non