Affaire Daniel Safu : FFJ-Afrique veut saisir la Cour africaine de justice

Lundi 24 Août 2015 - 17:03

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L’ONG attend porter devant cette instance continentale un déni des soins médicaux imposé à ce journaliste condamné à deux ans de prison.

Dans une communication faite le 23 août, l’association de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist (FFJ-@frique), a annoncé ses intentions de saisir, à travers une requête, la Cour africaine de justice et de droits de l’homme de l’Union africaine, en faveur du journaliste Daniel Safu.

Citant les informations qui lui sont parvenues, FFJ-Afrique a noté que le journaliste et directeur de Les Points saillants Plus, un périodique paraissant à Kinshasa, condamné à deux ans de prison ferme au Kongo central, pour « outrage au chef de l’État et imputations dommageables » à deux élus locaux, est privé des soins de santé adéquats alors que son état se dégrade chaque jour. Selon cette ONG, les jambes de Daniel Safu, déjà tourmenté par une malaria aiguë, sont enflées et les soins administrés sont inappropriés. « C’est depuis cinq jours que les jambes sont enflées et ont pris des proportions inquiétantes; j’ai du mal à me tenir débout et la fièvre née de l’enflure ne baisse pas. Le service médical de la prison m’a amené à l’hôpital de Kinkanda mais les douleurs sont toujours là. Je suis hospitalisé dans cette cellule de trois lits mesurant cinq mètres carrés », aurait déclaré Safu au correspondant local de FFJ-Afrique qui lui a rendu une visite dans sa cellule.

La suite des actions antérieures

Pour FFJ-@frique, cette action n’est que la suite logique d’autres démarches menées précédemment. L’ONG a affirmé avoir déjà lancé un cri d’alarme sur la santé de ce journaliste incarcéré à Matadi. Cet appel n’a eu aucun écho de la part des autorités. « Nous avions lancé une alerte, le 23 juillet dernier, sur l’état de santé du journaliste dont le transfert vers un établissement approprié était prioritaire mais aucune autorité n’y a prêté son oreille. La responsabilité devra être établie au cas où un malheur adviendrait au journaliste bien que condamné à des droits acquis comme l’accès aux soins de santé appropriés », a déclaré le chargé d’aide judiciaire à FFJ-Afrique, maître Gérard Kashama.

Parlant de l’instance visée, ce juriste a fait observer que, conformément au protocole portant statut de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme, en son article 28, point g, il est disposé que la cour est compétente sur l’existence de tout fait qui, s’il est établi, constituerait la violation d’une obligation envers un État-partie ou l’Union. « Comme il est clairement indiqué dans la charte de cette instance que les affaires portées devant la Cour relatives à une violation alléguée d’un droit de l’homme ou des peuples sont introduites par requête écrite adressée au greffier, comme c’est le cas devant nos juridictions nationales, nous allons, dans un bref délai, saisir le greffe de cette cour au sujet de ce qui nous paraît comme une mort programmée du journaliste Safu », a ajouté l’avocat dont l’organisation suit de près l’évolution du dossier.

Pour FFJ-@frique, en effet, en gardant le journaliste dans des conditions inhumaines, on viole délibérément les dispositions de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et les autres instruments pertinents ratifiés par l'État-partie concerné. « Nous sommes optimiste que le greffier notifiera immédiatement la requête à l’État-partie qui est la RDC », a souhaité l’organisation.

Daniel Safu, rappelle-t-on, a été interpellé avant d’être extrait, de force, de sa chambre d’hôtel le 1er juin 2015, par des agents se réclamant de la police munis d’un mandat d’arrêt émis par le parquet près le tribunal de paix de Matadi. Il lui est reproché ses propos jugés outrageants et diffamants tenus le 25 mai  sur « Plateau oval », une émission diffusée sur Radio Télé Atlantic (RTA), un média local, émettant à Matadi, alors qu’il émettait vertement des critiques sur la gestion jugée catastrophique de la province à une époque donnée comparativement à la gestion actuelle.

Safu, écroué à la prison centrale de la province, a été condamné au premier degré, peine reconduite en appel au tribunal de grande instance de Matadi. Il a été transféré à l’hôpital de Kikanda, accompagné de dix policiers mais il a été ramené à sa cellule alors que son cas nécessitait une hospitalisation.

FFJ-@frique avait instamment demandé aux autorités de la province d’ordonner une urgente hospitalisation du journaliste et le bénéfice de l’urgence au regard de son état de sante fort préoccupant. Dans son dernier rapport à mi-parcours publié dernièrement sur la presse concernant l’Afrique francophone, FFJ-Afrique a noté que le Burundi, la RDC, le Madagascar, la Guinée-Conakry et la Côte d’ivoire ont plus violé la liberté de la presse, en s’illustrant dans les attaques contre les journalistes et les médias.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le journaliste Daniel Safu

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