Affaires étrangères : le rappel de trois diplomates congolais continue de faire jaser

Samedi 21 Décembre 2019 - 15:30

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La ministre de tutelle, Marie Thérèse Ntumba Nzenza, traverse, par ces temps qui courent, une mauvaise passe à la suite de sa dernière décision portant relèvement de trois ambassadeurs de la République démocratique du Congo (RDC) devant les Nations unies et au Japon.

 

 

Ignace Gata Mavita, représentant de la RDC auprès des Nations unies à New-York;  Zénon Mukongo, représentant auprès des instances spécialisées de l’ONU à Genève; et  Ramazani Kithima, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la RDC au Japon, ont été rappelés définitivement au pays. Cette décision a été mal accueillie par certains acteurs politiques congolais, qui la rejette pour irrégularité.

A la tête de la fronde orchestrée contre la ministre des Affaires étrangères, la sénatrice Francine Muyumba, présidente de la commission des Relations extérieures du Sénat. Cette dernière estime que la ministre Ntumba Nzenza a pris une décision non conforme à la procédure requise. « La décision de madame la ministre d’État n’a pas été délibérée en Conseil des ministres. En conséquence, elle a agi en usurpant les compétences qui ne lui sont pas reconnues », a-t-elle dénoncé, au cours d'une intervention en plénière de la chambre haute. Selon elle, la ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, a foulé au pied les articles 81 et 91 de la Constitution, s’arrogeant un rôle qui n’est pas le sien. Francine Muyumba a  précisé : « Le président de la République nomme, relève de leur fonction et le cas échéant révoque les ambassadeurs et envoyés spéciaux sur proposition du gouvernement délibérée en Conseil des ministres».

En vertu de ces observations, la sénatrice a pris l’option d’adresser une question écrite à la ministre afin de permettre à la chambre haute d’être suffisamment éclairée sur les contours de cette décision qu’elle qualifie d’anticonstitutionnelle. Une décision qui, a-t-elle signifié, « peut avoir des lourdes conséquences, si elle n’est pas reportée par la ministre ou annulée par le président de la République, chef de l’Etat et garant de la Constitution ».

A en croire des sources, les deux représentants de la RDC aux Nations unies auraient été  sanctionnés pour avoir soutenu la position de la Chine sur la région autonome de Xinjiang, à la quarante et unième session du Conseil des droits de l’homme et à la troisième session de l’assemblée générale de l’ONU, en octobre. Quant à l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la RDC au Japon, il lui aurait été reproché d’avoir vendu illégalement l'immeuble abritant les services diplomatiques congolais dans ce pays. Des griefs que les détracteurs de la ministre des Affaires étrangères amplifient pour le besoin de la cause, c’est-à-dire la mettre en porte-à-faux avec l’opinion intérieure.  

L'incriminée peut néanmoins compter sur le soutien des diplomates, agents et fonctionnaires du ministre des Affaires étrangères, qui encouragent cette décision qui rappelle définitivement les trois ambassadeurs, indiquant que « désormais, le temps de l'impunité est révolu ». Dans une déclaration publier récemment dans les médias, ils invitent la ministre d'Etat « à ne pas céder aux chantages des brebis galeuses mais de rester intransigeante par rapport à sa mission de redressement de la machine diplomatique longtemps abandonnée ».

Entre-temps, le bras de fer se poursuit entre la cheffe de la diplomatie congolaise et la sénatrice Muyumba, en attendant la prochaine session ordinaire du parlement qui statuera sur ce dossier.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Marie Thérèse Ntumba Nzenza, ministre des Affaires étrangères

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