Afrique centrale : le financement de l’industrialisation confronté à plusieurs facteurs

Lundi 24 Septembre 2018 - 12:15

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Délégués par leurs gouvernements respectifs, les institutions bancaires et autres organisations régionales et internationales, environ une centaine d’experts venus de onze pays de la sous-région ont épinglé, du 18 au 21 septembre à N’Djamena, capitale du Tchad, les différents obstacles qui freinent le développement de l’industrie dans leur zone.

Riche en ressources naturelles (du sol et du sous-sol), l'Afrique centrale est malheureusement présentée comme le maillon faible de l’industrialisation en Afrique. Les facteurs sont multiples qui freinent le financement de ce domaine alors qu'il joue un rôle déterminant dans la diversification des économies.

Selon les experts, le faible niveau de mobilisation des financements pour développer l’industrialisation s’explique, entre autres, par de faibles charges fiscales, des conditions prohibitives d'accès aux prêts, de faibles taux d'épargne nationaux. A ces facteurs, il faut ajouter une dette publique insoutenable et des canaux de financement restrictifs. En plus, des indices de perception politique négatifs et des environnements des affaires difficiles sont aussi des écueils qui limitent les flux de trésorerie nécessaires au financement durable de projets industriels en Afrique centrale.

Les experts (économistes, planificateurs nationaux et financiers) se sont réunis à N’Djamena à l’occasion de la 34e session du Comité intergouvernemental d'experts de l'Afrique centrale sous l’égide de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).

Cette session est intervenue au moment où  la plupart des économies d'Afrique centrale « suivent des programmes d’ajustement structurel en raison de la chute des prix des matières premières qui a débuté en 2014, ce qui ne laisse qu’une faible marge budgétaire pour des investissements à long terme nécessaires » pour des efforts d’industrialisation, a relevé Hissein Tahir Souguimi, secrétaire d’État à l’Economie et à la planification du Tchad.

« Nos systèmes financiers sont encore peu développés et incapables de répondre aux besoins d’industrialisation du secteur privé ; nous manquons de financement pour nos infrastructures de transport, pour l'accès à une énergie peu coûteuse et pour notre développement technologique », a-t-il ajouté.

Dans la sous-région, l’industrialisation n’a pas connu un réel essor parce qu’elle est essentiellement financée par les banques qui accordent des prêts dont la durée ne dépasse pas cinq ans.

« Un prêt de cinq ans maximum ne peut pas permettre véritablement d’asseoir un processus d’industrialisation dans un pays », a affirmé Jean-Anaclet Mampassi, conseiller au ministère de l’Economie du Congo-Brazzaville.

Selon les spécialistes, les onze pays de la sous-région (Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, République démocratique du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Rwanda, Sao Tomé-et- Principe et Tchad) peuvent miser sur des financements innovants pour accélérer l’industrialisation.

« Parmi ces financements, on peut citer, entre autres, la création de fonds de garantie bien ciblés pour les PME, le recours aux importantes bourses d'investisseurs institutionnels pour la création de fonds de dépôt et d'investissement capables de financer des projets à fort impact sur le développement », a expliqué Antonio Pedro, chef du Bureau de la CEA pour l’Afrique centrale.

Les fonds transférés par les immigrants africains installés en Europe ou dans d'autres parties du monde, les fonds qui sommeillent dans les caisses de retraite et de prévoyance, puis les investissements directs étrangers sont aussi des sources qui peuvent participer au financement de l’industrialisation, selon les experts. Ils sont aussi convaincus que l’industrialisation est facilitée et favorisée par la sécurité et la stabilité des Etats.

L’insécurité « reste le plus grand challenge pour les Etats de l’Afrique centrale. Il faut que la sécurité soit, parce que si chaque année nous nous retrouvons comme pour prendre des décisions et on retourne dans nos pays dans l’insécurité, les guerres et des transitions politiques qui sont difficiles à vivre, c’est clair que cela va ralentir suffisamment notre évolution », a souligné Octavie Yemmata Fokou du ministère camerounais de l’Economie.

Après Douala en 2017 et N’Djamena en 2018, ces experts ont fixé le rendez-vous 2019 à Malabo, en Guinée équatoriale, pour poursuivre les débats et mettre en place des politiques adaptées d’industrialisation.   

 

 

La Rédaction

Légendes et crédits photo : 

Des panélistes à la conférence de N'Djamena / DR

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