Afrique/ Etats-Unis : flou sur la politique africaine et l’aide au développement de Donald Trump

Samedi 8 Avril 2017 - 14:30

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A ce jour, la diplomatie américaine manque de secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires africaines. Intitulé « American First », le premier budget du programme du gouvernement de Donald Trump prévoit une réduction de moitié des montants d’aide à l’Afrique. Ils s’élevaient à 8 milliards de dollars en 2016, pour l’Afrique subsaharienne.

Coupe sauvage sur les programmes dédiés à l’Afrique

Certains programmes phares, comme l’US African Developement Foundation (ADF) ou la Young African Leaders Initiative (YALI) devraient être suspendus. Ce qui aura des conséquences sur les pays vulnérables. C’est le cas du Soudan du Sud, du Mali, de la Centrafrique, la RD Congo. Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump n’a pas présenté son spécialiste de l’Afrique. C’est une réelle différence idéologique. Même la concurrence avec la Chine n’a pas poussé l’actuel président américain à s’intéresser au continent. Ce qui fait moins de pression pour les pays africains.  Par contre, cela aura des répercussions négatives sur l’aide au développement.

Dans un mémorandum établi à son arrivée à la magistrature suprême, une série de questions étaient posées au département d’Etat américain sur les relations entre l’Afrique et les Etats-Unis. La directrice du programme africain de l’Institut Woodrow Wilson relevait : « la formulation de certaines questions suggère une définition plus restreinte des intérêts américains en Afrique, et une approche (…) à court terme de l’engagement avec les pays africains ». Donald Trump semble ne pas comprendre la pertinence de certains soutiens et interventions militaires américaines en Afrique, selon certains spécialistes.

Donald Trump et la pertinence des interventions américaines en Afrique

Le président américain pose des questions.  En Somalie par exemple : « Nous combattons les Shebab depuis une décennie. Pourquoi ne l’avons-nous pas encore emporté ? ». Sur la LRA ougandaise , « nous avons poursuivi Joseph Kony pendant des années. Est-ce que cela en vaut vraiment la peine ? La LRA n’a jamais menacé nos intérêts personnels ». Plus généralement : « Pourquoi devrions-nous dépenser autant de fonds dans l’aide au développement en Afrique alors que des gens souffrent ici aux États-Unis ? ». Ces questions auraient pu servir d’alerte.

Baisse drastique de l’aide au développement et ses conséquences sur la lutte contre la pauvreté

Donald Trump a aussi annoncé une baisse drastique des dépenses d’aide au développement. Ce qui risque de mettre en péril les efforts internationaux de lutte contre la pauvreté. Dans la proposition, qui devra être approuvée par le Congrès, le budget de l’aide au développement américain serait réduit de 28%. Cette annonce arrive alors que la communauté internationale a pris en 2015 des engagements ambitieux en matière de développement en adoptant les objectifs de développement durable (ODD) et l’Accord de Paris pour le climat.

Autre cible, la contribution des États-Unis au budget de l’ONU serait réduite, alors que l’organisation peine à faire face à la multiplication des situations d’urgence dans le monde.

Objectifs de développement : les ODD

Les objectifs de développement durable (ODD) font partie d’une nouvelle série d’objectifs, cibles et indicateurs universels sur lesquels les États membres de l’ONU fondent leurs programmes et politiques dans les 15 prochaines années. Il s’agit de 17 ODD  entrés en vigueur depuis janvier 2016 et s’appliquant à tous les pays :

  1. Eradication de la pauvreté;
  2. Lutte contre la faim;
  3. Accès à la santé;
  4. Accès à une éducation de qualité;
  5. Egalité entre les sexes;
  6. Accès à l’eau salubre et à l’assainissement;
  7. Recours aux énergies renouvelables;
  8. Accès à des emplois décents; 
  9. Innovation et infrastructures;
  10. Réduction des inégalités;
  11. Villes et communautés durables;
  12. Consommation et production durables;
  13. Lutte contre le changement climatique;
  14. Protection de la faune et de la flore aquatique;
  15. Protection de la faune et de la flore terrestres;
  16. Justice et paix;
  17. Partenariats pour la réalisation des objectifs.

La directrice d’Amnesty International Etats-Unis, Margaret Huang, estime que réduire le financement accordé aux Nations unies et aux agences qu’elles soutiennent, va compromettre l’aide au développement, les programmes humanitaires et les missions de maintien de la paix dans des pays où des millions de vies sont en danger. L’administration Trump se refuse à montrer le chemin à suivre en matière de droits humains, ce qui aura des conséquences dans le monde entier.

Le sénateur Mitch Mc Connell pense que le Sénat votera contre la proposition du président. Pour le commissaire européen à la coopération internationale et au développement, Neven Mimica, « tout retrait ou coupe dans l’aide au développement serait contraire à la mise en place des ODD ». 

Les États-Unis sont le premier pays donateur d’aide au développement dans le monde. En 2015, le pays a dépensé plus de 31 milliards de dollars en aide au développement, selon l’Ocde. Donc une dizaine de milliards pour la seule Afrique subsaharienne. Ce qui équivaut à seulement 0,17% du revenu national brut des Etats-Unis, loin derrière l’objectif de 0,7%.  La perte de cette aide aura un impact sur l’Afrique.

Noël Ndong

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