Afrique : inquiétude sur le financement du fonds spécial, et dénonciation du modèle financier des ODD

Jeudi 15 Septembre 2016 - 14:00

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Une étude des eurodéputés fait état d’une faible contribution de l’Union européenne (UE) au fonds d’affectation spécialisée, et une autre étude, de l’ONG Oxfam dénonce le modèle financier des Objectifs de développement durable (ODD).

Les Etats membres de l’Union européenne (UE) contribuent faiblement au fonds d’affectation spéciale destiné à l’Afrique, a indiqué le Parlement européen. D’un montant de 1,8 milliard d’euros, ce fonds est censé répondre aux défis de développement des pays d’origine des migrants, principalement les régions du Sahel, du lac Tchad  de la Corne de l’Afrique et du Nord du continent.

Faute de financements suffisants, ce fonds fiduciaire peine à tenir ses promesses, d’après le constat des eurodéputés. Depuis le sommet de la Valette sur les migrations, les contributions sont restées faibles, et « sont loin d’atteindre l’engagement officiel, totalisant seulement 81,71 millions d’euros en 2016 », selon un rapport.

En plus de la faible contribution des Etats, c’est la Commission européenne qui utilise les crédits du Fonds européen de développement (FED). Ce qui aurait « une incidence sur les pays africains bénéficiaires d’une aide, mais qui ne sont pas couvertes par le fonds d’affectation », précise les eurodéputés.

Le président du principal groupe politique au Parlement a regretté que « les dirigeants des pays européens passent leur temps à dire qu’il faut répondre aux problèmes dans les pays d’origine des migrants puis ils coupent l’aide au développement ».

Une autre étude, de l’ONG Oxfam a dénoncé le modèle financier des ODD. Intitulé « Responsabilité et propriété : le rôle de l’aide dans le monde après 2015 », dénonce l’utilisation à outrance du secteur privé pour tirer profit de l’aide de l’Etat. Plus de 87 milliards d’euros ont été distribués dans le monde en 2013 pour contribuer à la rentabilisation des investissements privés dans les pays en développement, selon l’OCDE.

Oxfam cite l’exemple du Libéria. Le pays a annoncé récemment que toutes les écoles primaires  seraient sous la responsabilité d’une entreprise privée avec le soutien financier des donateurs, malgré « les objections des spécialistes et des organisations de la société civile, notamment les professeurs fonctionnaires […]  Reste à savoir quel sera le rôle des institutions publiques dans la surveillance et la responsabilité de ces arrangements, en particulier à l’échelle locale »,  selon Oxfam.

Selon le rapport, « le mélange de l’aide publique aux finances privées complique le suivi et l’évaluation des répercussions » des dons. L’étude dénonce aussi le détournement de l’Aide publique au développement (APD) pour encourager des entreprises originaires des pays donateurs et aux résultats contestables, aux dépens de l’aide qui pourrait être mieux dépensée dans les pays en développement.

En d’autres termes, les entreprises privées ne sont pas intéressées par les pays les plus pauvres, ou n’y font pas assez profit, ajoute l’ONG. Adoptés en 2015 pour remplacer les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), les 17 ODD se concentrent sur l’éducation et la prévention des malades souffrant par exemple du paludisme. « Le détournement fréquent de fonds d’aide pour les pays donateurs, des questions de sécurité et le secteur privé ternit la crédibilité politique des donateurs et leurs efforts fournis pour les ODD », indique Oxfam.

Le rapport infirme l’idée selon laquelle la croissance économique à elle seule suffira pour atteindre ces objectifs, en raison du piège des inégalités qui ralentissent la réduction de la pauvreté.

 « Les gouvernements ont la responsabilité fondamentale de faire les investissements nécessaires pour que les citoyens atteignent les ODD et ne laissent personne à la traîne, rappelle l’organisation. Les progrès seront certainement plus durables si les populations pauvres et les gouvernements peuvent prendre leurs propres décisions sur la répartition de l’aide au développement et quand les gouvernements peuvent être tenus pour responsables ».

 Les 17 ODD

1.  Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde;

2.  Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable;

3.  Donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tous les âges;

4.  Veiller à ce que tous puissent suivre une éducation de qualité dans des conditions d’équité et promouvoir les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie;

5.  Réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles;

6.  Garantir l’accès de tous à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement et assurer une gestion durable des services en eau;

7.  Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable;

8.  Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous;

9.   Mettre en place une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation soutenable qui profite à tous et encourager l’innovation;

10. Réduire les inégalités entre les pays et en leur sein;

11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et soutenables;

12. Instaurer des modes de consommation et de production soutenables;

13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions;

14. Conserver et exploiter de manière soutenable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable;

15. Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité;

16. Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer à tous l’accès à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes;

17. Revitaliser le partenariat mondial au service du développement soutenable et renforcer les moyens de ce partenariat.

Noël Ndong

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