Afrique subsaharienne : une réaction « tardive et parcellaire » des pays pétroliers et miniers face au spectaculaire ralentissement économique

Samedi 29 Octobre 2016 - 17:24

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pour le Fonds monétaire international (FMI), les pays touchés n’ont pas ajusté à temps leurs politiques publiques au point de décourager l’investissement privé et d’empêcher le développement d’autres sources de croissance.

Dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, le FMI décrit une région marquée par une croissance à plusieurs vitesses. En effet, il fait état d’une diversité des trajectoires économiques des pays africains. D’une part, l’Afrique minière enregistre son plus bas niveau de croissance depuis plus de 20 ans et, par conséquent, assiste de manière impuissante à un durcissement de ses conditions financières. Et, d’autre part, l’Afrique peu tributaire des exportations des matières premières, soit près de la moitié de la région, continue à afficher des taux vigoureux de croissance économique. Des pays comme la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Sénégal et la Tanzanie devraient même s’attendre à des taux de croissance de plus de 6 % au cours des deux prochaines années, note le rapport. Ils continueront ainsi à bénéficier de la diminution de leur facture pétrolière, de l’amélioration du climat des affaires et du niveau élevé des investissements dans les infrastructures.

Entre-temps, les perspectives de développement restent sombres dans la plupart des pays exportateurs de produits de base. Ceux-ci continuent à subir de plein fouet des graves tensions économiques. Mais là également, il y a une petite ligne de démarcation entre les pays affectés. L’Angola, le Nigéria et au moins six pays appartenant à la Cémac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), des pays pétroliers exclusivement, ont connu une sévère dégradation des perspectives à court terme ces derniers mois, malgré la légère remontée des cours. Comme l’explique le FMI, le vrai danger tient du fait que la crise a eu des répercussions au-delà du secteur pétrolier. De ce fait, elle s’est propagée en quelque sorte dans l’ensemble de l’économie, créant ainsi les conditions requises à un ralentissement pérenne de l’activité économique. Mais à côté, il y a aussi les pays miniers qui ne dépendent pas directement du pétrole. Il faut citer l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo, le Ghana, la Zambie et la Zimbabwe. Dans ces pays qui accusent un ralentissement notable, la croissance reste toujours molle.

Toutefois, le FMI reste d’avis que la croissance devrait connaître un rebond à près de 3 % en 2017 dans les pays les plus affectés mais il faut arrêter des mesures décisives au cours des prochains mois. Le retard et le caractère parcellaire des mesures précédentes n’ont pas aidé ces pays à faire face à l’ampleur et la persistance du choc. Le FMI plaide ainsi pour des politiques publiques plus soutenues, formant un tout cohérent sur le plan interne, afin de rétablir la stabilité macroéconomique. L’institution recommande aux pays non membres d’une union monétaire de resserrer leur politique monétaire en cas de nécessité pour contrer toute hausse prononcée de l’inflation. D’où la nécessité que les banques centrales laissent le taux de change absorber complètement les pressions extérieures. Elles n’interviendront qu’en cas d’urgence. Il faut des mesures capables de réduire durablement les déficits budgétaires, allant jusqu’à la réduction considérable de leur financement par la banque centrale pour les pays membres d’une union monétaire. D’après le rapport, le taux de change moyen devrait s’établir à 1,4 % en 2016, un niveau inférieur à la moitié de celui de l’année précédente. L’on est très loin des 5 % enregistrés sur la période 2010 à 2014. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non