Al-Azhar et le Vatican entrouvrent la porte du dialogue.

Mardi 24 Mai 2016 - 17:13

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Le grand imam d’Al-Azhar a rendu visite au pape François lundi, au Vatican : l’amorce d’une coopération ? Peut-être.

Tous les gestes ont été posés ; les mots ont été prononcés et l’accolade a eu lieu entre le pape François et cheikh Ahmed al-Tayeb, le grand Imam de la plus influente université sunnite du monde basée au Caire, en Egypte. Mais il continue de planer comme un filet d’incertitude tant les relations entre catholiques et musulmans sont loin de se réduire à de simples symboliques. Mais il est un fait : le grand théologien musulman a fait le déplacement du Vatican lundi, et a accepté les cadeaux du chef de l’Eglise catholique : une branche d’olivier en étain et un exemplaire de l’encyclique écologique du pape, Laudato Si.

Ce ne sont là que de petites touches, mais tous les observateurs sont unanimes, à souligner que cette première rencontre du pape argentin avec le leader sunnite égyptien en annonce certainement d’autres. Ainsi que la reprise des contacts de collaboration entre les deux parties, brutalement interrompus en 2006, lorsque les musulmans ont pris ombrage d’un discours du pape Benoît XVI à Ratisbonne (Allemagne) où le Souverain pontife traitant du thème « Foi et Raison », commentait la sourate 2, 256 du Coran où il est dit : « Nulle contrainte en religion ! ». Il rapportait une conversation des érudits du premier siècle de l’islam, mais suscita une vague planétaire de protestations. Et la rupture avec Al-Azhar insinuant que le pape allemand avalisait la thèse islam=violence.

La visite du grand imam lundi est donc beaucoup chargée de signification, d’autant qu’elle est la première à se dérouler au Vatican. Le 24 février 2000, le pape Jean-Paul II avait bien rendu visite au prédécesseur de l’imam actuel, le grand imam cheikh Mohammed Sayed Tantawi. Mais c’était au Caire. Lundi, aussi bien le pape François que le cheikh Ahmed al-Tayeb ont salué « la signification importante de cette nouvelle rencontre dans le cadre du dialogue entre l'Eglise catholique et l'Islam ». L’arrivée au Vatican du pape François, et ses prises de position répétées en faveur de la paix et du dialogue entre les croyants, ont détendu les rapports avec les autres religions.

Pendant près de 30 minutes lundi, le théologien musulman et le chef de l’Eglise catholique ont eu un tête-à-tête, dont on ne saura pas grand-chose, le Vatican s’étant borné à dire qu’il avait consisté en un échange sur les questions de « la paix dans le monde, du refus de la violence et du terrorisme, de la situation des chrétiens dans le contexte des conflits et des tensions au Moyen-Orient, ainsi que de leur protection ». Peu avant leur entretien, le pape François avait expressément affirmé qu’il ne fallait pas chercher de clauses secrètes dans cette rencontre : « le message, c’est notre rencontre », avait-il lancé, sibyllin.

L’imam s’est présenté au Vatican avec une délégation très nourrie. Son adjoint, Abbas Choumane, a expliqué à la presse que les gestes et propos du pape François ont plaidé pour cette rencontre. « Si ce n'était pour ces prises de position positives, cette rencontre n'aurait pas lieu », a reconnu M. Choumane. Il a indiqué que cette rencontre visait à présenter « le vrai islam, et dissiper les malentendus créés par les groupes terroristes extrémistes ». Un discours qui passe bien au Vatican où on laisse entendre cependant que, de temps en temps, il serait de bon ton que « tous les dirigeants musulmans du monde, politiques, religieux et universitaires » condamnent, à haute voix, les violences perpétrées au nom de Dieu et les persécutions des chrétiens.

Lucien Mpama

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