Allocution liminaire du directeur général de l’OMS lors ‎du point de presse sur la COVID-19 du 23 mars 2020‎

Mercredi 25 Mars 2020 - 12:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

« Plus de 300 000 cas de COVID-19 ont désormais été notifiés à l’OMS, ‎par la quasi-totalité des pays du monde. C’est tragique-.‎

La pandémie s’accélère. Il a fallu 67 jours pour atteindre les ‎‎100 000 cas, 11 jours pour atteindre les 200 000 cas et quatre jours ‎seulement pour atteindre les 300 000 cas.‎

Mais nous ne sommes pas esclaves des statistiques. Nous ne ‎sommes pas des spectateurs passifs. Nous pouvons changer le cours ‎de cette pandémie. ‎

Les chiffres ont leur importance, car ce ne sont pas seulement des ‎chiffres. Ils se rapportent à des personnes dont la vie et la famille ‎ont été bouleversées.‎

Mais le plus important, c’est ce que nous faisons.‎

Pour gagner un match de foot, il ne suffit pas de défendre, il faut ‎aussi attaquer.‎

Le confinement à domicile et les autres mesures de distanciation ‎sociale sont d’importants moyens de ralentir la propagation du virus ‎et de gagner du temps – mais ce sont des mesures défensives. ‎

Pour gagner, nous devons attaquer le virus selon une stratégie ‎offensive ciblée, qui consiste à tester chaque cas suspect, à isoler et ‎à prendre en charge chaque cas confirmé et à rechercher et à placer ‎en quarantaine chaque contact proche.‎

Nous savons que certains pays ont des difficultés à mettre en œuvre ‎ces mesures offensives.‎

Plusieurs pays ont montré qu’il est possible d’accroître les capacités ‎en mobilisant, en interne, les ressources des régions moins ‎touchées. ‎

Nous remercions également les pays qui ont envoyé dans d’autres ‎pays qui en ont besoin des équipes médicales d’urgence pour ‎prendre en charge des patients et former des soignants. ‎

C’est un exemple extraordinaire de solidarité internationale. Mais ‎ce n’est pas le fruit du hasard.‎

L’OMS collabore depuis de nombreuses années avec les pays pour ‎constituer un réseau d’équipes médicales d’urgence afin que, dans ‎des situations telles que celle que nous connaissons aujourd’hui, ‎des professionnels de la santé hautement qualifiés puissent être ‎dépêchés pour soigner des patients et sauver des vies. ‎

Mais les soignants ne peuvent travailler efficacement que s’ils sont ‎en sécurité.‎

Nous recevons encore de partout dans le monde des informations ‎alarmantes selon lesquelles un grand nombre de soignants sont ‎infectés.‎

Même si tout le reste est parfait, si nous ne donnons pas la priorité ‎aux soignants, beaucoup de gens mourront, car la personne qui ‎aurait pu leur sauver la vie est malade.‎

Comme vous le savez, l’OMS travaille d’arrache-pied avec de ‎nombreux partenaires pour rationaliser et hiérarchiser l’utilisation ‎des équipements de protection individuelle. ‎

Pour tenter de remédier à la pénurie mondiale de ces équipements ‎vitaux, il faut agir sur chaque point de la chaîne ‎d’approvisionnement, des matières premières au produit fini.‎

Les mesures instaurées pour ralentir la propagation du virus ‎peuvent avoir des conséquences imprévues en aggravant les ‎pénuries d’équipements de protection essentiels et des matériaux ‎nécessaires pour les fabriquer.‎

Pour régler ce problème, un engagement et une coordination ‎politiques s’imposent au niveau mondial. Cette semaine, je vais ‎m’adresser aux chefs d’État et de gouvernement des pays du G20. Je ‎leur demanderai notamment de collaborer pour accroître la ‎production, éviter d’interdire les exportations et garantir une ‎répartition équitable, suivant les besoins.‎

Les pays du G20, qui représentent plus de 80 % du PIB mondial, ‎doivent s’unir. L’engagement politique du G20 est un signe fort de ‎solidarité qui peut nous aider à avancer et à combattre cette ‎pandémie le plus fermement possible.‎

Le plus important est que les dirigeants du G20 soient solidaires et ‎agissent à l’unisson, car c’est pour eux que les enjeux sont les plus ‎grands, à tous les égards. ‎

Nous savons aussi qu’un traitement efficace est plus que jamais ‎nécessaire. À l’heure actuelle, aucun traitement n’a fait la preuve de ‎son efficacité contre la COVID-19.‎

C’est extraordinaire de constater que tant d’énergie est consacrée à ‎la recherche contre la COVID-19.‎

Les études observationnelles non randomisées de petite taille ne ‎nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin. ‎L’utilisation de médicaments non testés, sans éléments factuels ‎adéquats, pourrait susciter de faux espoirs, voire faire plus de mal ‎que de bien et entraîner une pénurie de médicaments essentiels ‎pour traiter d’autres maladies.‎

 C’est pourquoi l’OMS a lancé l’essai SOLIDARITY afin d’obtenir le ‎plus rapidement possible des données solides et de qualité. Je suis ‎heureux que de nombreux pays participent à cet essai qui nous ‎aidera à aller plus vite et à monter en puissance.‎

 Plus les pays prenant part à l’essai SOLIDARITY et à d’autres études ‎de grande ampleur seront nombreux, plus vite nous obtiendrons ‎des résultats montrant quels sont les médicaments efficaces et plus ‎nous pourrons sauver de vies.‎

Pour terminer, je tiens à rappeler à chacun que si la COVID-19 ‎monopolise l’attention du monde, il existe une autre affection ‎respiratoire évitable et traitable, mais qui tue 1,5 million de ‎personnes par an : la tuberculose, une maladie très ancienne.‎

Demain, c’est la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. À ‎cette occasion, il sera rappelé aux dirigeants mondiaux les ‎engagements qu’ils ont pris pour mettre un terme aux souffrances ‎et aux décès provoqués par cette vieille et terrible maladie.‎

À juste titre, le monde riposte à la COVID-19 rapidement et avec ‎détermination. Nous appelons la communauté internationale à agir ‎de la même manière face à la tuberculose – et pour un monde plus ‎sain, plus sûr et plus juste pour tous.‎

 La règle du jeu est la suivante : il faut battre le coronavirus.‎

 

Je vous remercie.‎ »

 Tedros Adhanom Ghebreyesus

Camille Delourme

Notification: 

Non