Amisom : bras de fer entre l’UA et l’UE sur les salaires des soldats burundais

Lundi 14 Novembre 2016 - 11:55

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Premier donateur du Burundi, l’Union européenne, qui avait déjà pris des sanctions contre Bujumbura pour faire respecter les droits humains, a été appelée par l’UA à revoir sa décision de payer directement les soldats burundais déployés en Somalie sans passer par les dirigeants du pays.

« Nous rejetons fermement la récente décision de l’UE de différencier la procédure de paiement du contingent des forces burundaises déployées en Somalie », a indiqué l’UA dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion vendredi soir à Addis-Abeba de son Comité de coordination des opérations militaires. Cette rencontre rassemblait en particulier les chefs d’état-major des pays contributeurs de troupes à la mission de l’UA en Somalie (Amisom), dont le général burundais, Prime Niyongabo, qui vient d’achever une tournée chez ses partenaires pour gagner leur soutien sur la question.

L’organisation panafricaine a salué « les sacrifices réalisés par les forces en Somalie » et demandé à l’UE de « réfléchir d’urgence à une manière d’inverser une décision qui pourrait avoir des conséquences lourdes et négatives sur les opérations de l’Amisom ainsi que sur les avancées sécuritaires réalisées en Somalie », notamment à l’approche des élections.

Par sa décision de payer directement les salaires aux soldats burundais, l’UE entend accentuer la pression sur le régime burundais en évitant qu’il n’utilise cet argent à d’autres fins.

Le contingent burundais fort de 5.400 soldats, occupe la 2e place - derrière l’Ouganda - au sein de la force africaine dans ce pays qui compte 22.000 hommes, dont les salaires sont financés par l’UE. Et depuis dix mois, les Européens n’ont pas versé les 5 millions d’euros mensuels à payer  les soldats burundais de l’Amison.

Pour l’heure, et selon une source diplomatique européenne, Bruxelles veut payer les soldats concernés en passant par l’UA et non par Bujumbura. Ces fonds seront engagés par l’UE dès que l’UA aura trouvé un moyen de payer ces militaires sans passer par Bujumbura, souligne la source.

L’UE est donc déterminée à accentuer sa pression sur un pouvoir burundais qui refuse tout dialogue avec l’opposition alors qu’il est déjà asphyxié économiquement par des sanctions internationales. Elle ne veut pas que les salaires envoyés à Bujumbura servent à « réprimer le peuple ».

Rappelons que depuis la réélection contestée de Pierre Nkurunziza, en avril 2015, les violences ont fait plus de 700 morts et 800 disparus au Burundi, selon les organisations de défense des droits de l’Homme, qui pointent aussi les actes de tortures et les centaines de milliers de personnes qui ont fui le pays.

Nestor N'Gampoula

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