Anatole Collinet Makosso lance l’émulation des enseignants et des élèves (Dossier spécial)

Vendredi 12 Août 2016 - 18:00

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À l’occasion des festivités du 56ème anniversaire de l’indépendance du Congo à Madingou, une émulation scolaire, initiée par le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, sous le haut-patronage d’Antoinette Sassou N’Guesso, récompensera les meilleurs enseignants et élèves de 2016.

 Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Vous lancez à Madingou la première édition de l’émulation scolaire pour primer « Les émules scolaires de la Nouvelle République ». Quel sens donnez-vous à cette cérémonie ?

Anatole Collinet Makosso (ACM) : Emulation rime avec compétition et compétition avec stimulation. Il s’agit donc de stimuler les jeunes à un travail assidu et rigoureux pour qu’ils s’engagent dans une compétition loyale et républicaine avec leurs condisciples et congénères dans l’espoir de figurer, des années plus tard, dans le peloton des personnes qui auront fait les meilleures études avec, à la clé, le parchemin d’une grande école. Cette émulation ne concernera pas seulement les élèves mais, primera aussi les chefs d’établissements scolaires et leurs collaborateurs lorsqu’ils auront fait aboutir à des résultats scolaires spectaculaires, au-delà de 50%, aux examens d’Etat, et qui se seront illustrés en outre par une discipline scolaire exemplaire, la propreté de l’établissement, le travail productif, la sauvegarde du patrimoine scolaire et le port régulier de la tenue de travail.

LDB : C’est dire que vous primerez également des enseignants ?

ACM : Les meilleures équipes de maîtrise de nos différents établissements scolaires, et les meilleurs enseignants se verront dorénavant primer lors d’une cérémonie solennelle à Brazzaville, ou ailleurs dans notre pays, pour recevoir la légitime reconnaissance de la République et d’une Nation qui a laissé choir le sens du mérite et de l’effort et où le nouveau riche méprisant, vantant ses biens, ferait bien de se souvenir de l’apport précieux dispensé par son instituteur pour le reste de sa vie.

LDB : Des colonies de vacances aux émulations scolaires  : d’où vous viennent ces idées novatrices ?

ACM : Ce ne sont pas des idées novatrices : Je m’appuie juste sur le travail de mes prédécesseurs. La culture que j’ai de la gestion de l’Etat m’enseigne que les vraies réformes sont celles qui sont menées, non pas en diabolisant l’action des prédécesseurs, mais plutôt en la capitalisant.

LDB : Mais avouons que nous n’entendions jamais parler, ces dernières décennies, ni de colonies de vacances, ni d’émulation scolaire organisées par l’Etat ?

ACM : Lorsque je suis arrivé au ministère de la Jeunesse, j’ai juste poursuivi et rendu visible l’action de mes prédécesseurs. Par exemple, donner au Conseil National de la Jeunesse, mis en place par mon prédécesseur, toutes les prérogatives d’encadrement et de défense des intérêts des jeunes à l’image de celles qu’avait l’Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise par le passé. J’ai retrouvé et actualisé deux Lois, adoptées depuis 2000 par le Conseil National de Transition sous le ministre Okombi Salissa, portant orientation de la jeunesse et instituant le fonds d’appui à la jeunesse ; j’ai appliqué en les actualisant les politiques nationales de la jeunesse et de l’éducation civique précédemment élaborées et prévoyant des centres de vacances organisées ou des accueils collectifs de mineurs couramment appelés Colonie de vacances. Je n’ai donc rien inventé et je rends hommage à mes prédécesseurs. De la même manière, à mon arrivée au ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, j’ai mis la main sur une note circulaire du 24 novembre 1983 instituant des mesures d’émulation à instaurer en milieu scolaire.

LDB : Que prévoient ces mesures et pensez-vous qu’elles sont encore d’actualité ?

ACM : Elles avaient été prises par le ministre Antoine Ndinga Oba pour créer les conditions d’amélioration de rendement de notre système éducatif. Elles visaient à honorer, par le biais de grandes cérémonies, les plus méritants de nos jeunes au travers d’encouragements et félicitations décernés en public, d’offres de voyages d’information, d’étude ou de découverte du pays, d’attribution de prix divers, et par la publication dans les journaux des noms des meilleurs élèves de la République. J’ai simplement voulu réactualiser ces mesures en organisant désormais, chaque année, la grande émulation scolaire. Comme vous l’avez si bien rappelé, depuis un moment, ce sont des personnes morales de droit privé qui organisent régulièrement ces cérémonies, à l’image de la Fondation JED de madame Ayissou Ngayama, le FAWE Congo de Rosalie Kama et la Fondation Congo Assistance d’Antoinette Sassou N’Guesso, pour n’en citer que quelques-unes. Il me semble important pour le gouvernement de reprendre sa part de ce dispositif pour ne pas le laisser entre les seules mains des partenaires privés.  Madingou 2016 constitue donc la première édition de la relance de cette cérémonie pour la promotion de l’intelligence, de l’effort et du mérite dans notre société d’aujourd’hui gangrénée par la tentation à la facilité, au favoritisme et investie par des partisans du moindre effort.

LDB : Vous avez mis en place un arrêté pour exiger l’uniformisation de la tenue scolaire. Pensez-vous qu’il s’agit là d’une bonne mesure ?

ACM : Ici encore, je rends hommage à monsieur le ministre Hellot Matson Mampouya qui avait initié la réflexion que nous n’avons fait que concrétiser en actualisant et en généralisant les circulaires des 24 juin 1968 et 16 octobre 1973 instituant et règlementant la tenue scolaire. La République a besoin d’une jeunesse unie et solidaire. L’uniformisation de la tenue scolaire dès la rentrée scolaire prochaine va permettre à nos jeunes de se côtoyer sans complexe et de vivre dignement, et en toute légitimité leur statut d’élèves de la République. Nos partenaires des écoles dites privées et confessionnelles comprendront l’intérêt d’une telle démarche qui prêche la mixité sociale entre enfants de toutes les couches, et de toutes les aptitudes physiques, morales et intellectuelles. Nous ne devons nullement opposer l’école publique à l’école privée, ni l’école républicaine à l’école confessionnelle. L’école de la République est l’école de tous les enfants qui ne postulent que pour leur intégration à la vie sociale et professionnelle.

LDB : Les examens d’Etat indiquent, cette année, 21,26 % au BAC contre 10% l’année dernière ; 46% au BEPC contre 34% en 2015l. Un succès pour vous ?

ACM : Pas vraiment. Nous devons fournir davantage d’efforts pour améliorer le rendement scolaire, non seulement en quantité, mais surtout en qualité. Sur plus de 15619 admis au BAC, nous n’en avons eu que 31 avec la mention Bien, c’est à dire avec une moyenne comprise entre 14 et 15,99. Aucun admis n’a eu la mention Très bien, à savoir entre 16 et 17,99, ni excellent, soit au-delà de 18 de moyenne. Pour un pays qui prône l’excellence et qui aspire à l’émergence, ce n’est pas très rassurant. Tout comme au BEPC, nous n’avons que 11 élèves qui ont eu 17 de moyenne. Il nous faut donc continuer à améliorer les conditions d’apprentissage de nos jeunes. C’est ce à quoi le gouvernement s’attèlle.

 

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Légende : Anatole Collinet Makosso lors de la municipalisation accélérée de Sibiti 2014

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