Application de l'accord du 31 décembre : des difficultés s’accumulent

Lundi 9 Janvier 2017 - 16:30

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Une semaine après la signature du compromis politique du Centre interdiocésain, les évêques catholiques ont trouvé plus de problèmes que de solutions. D’ici là, il y a tous les arbitrages à effectuer pour le partage du pouvoir.

Décidément, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Après la signature de l’accord du 31 décembre qui était censé dénouer la crise dans laquelle le pays s’est engouffré à la suite de la non-organisation des élections dans le délai constitutionnel, sa mise en œuvre est loin d’être un acquis. L’on continue à tourner en rond. Les évêques catholiques qui ont offert leurs bons offices pour parvenir à ce résultat se rendent à l’évidence que les choses ne sont pas aussi simples que cela. Juste après les assises du Centre interdiocésain, Mgr Fridolin Ambongo (archevêque de Mbandaka-Bikoro), et ses pairs ne cessent de multiplier des allers et retours auprès des acteurs politiques réfractaires à l’accord du 31 décembre qu’ils tentent de ramener aux bons sentiments. Peine perdu. Au-delà des déclarations de bonne intention entendues par-ci par-là, les lignes ne bougent pas donnant l’impression du sur place. Le front pour le respect de la Constitution (FRC) qui a promis de signer incessamment l’accord ne fait plus montre d’empressement et entend obtenir des garanties sûres par rapport à sa revendication majeure, celle de présider le Conseil national de transition confié à Étienne Tshisekedi.

Là-dessus, le Rassemblement n’entend pas lâcher du lest et ne manque pas d’arguments pour justifier  le choix porté sur le vieil opposant  historique, par ailleurs, leader de l’UDPS. Les inquiétudes exprimées par le Front, qui a dénoncé le diktat de l’UDPS qui s’est aussi adjugé le poste de Premier ministre, ont été balayées par le Rassemblement. Cette plate-forme de l‘opposition note qu’Étienne Tshisekedi « n’a pas été porté à la tête du Comité de suivi des accords en tant que président de l’UDPS, mais plus tôt comme président du Rassemblement, par consensus et à titre personnel ». Nonobstant ces explications, le MLC et ses alliés du Front sont restés sur leur garde. En dernière minute, les deux plates-formes se sont convenues autour d’un arrangement dont les propositions seront soumises aux évêques ce mardi. 

Si le choix porté sur Étienne Tshisekedi l’ait été par consensus bien qu’il existe encore quelques contestations, il n’en est pas le cas  de celui de son fils biologique Félix Tshisekedi pressenti futur Premier ministre de la transition. Pour le G7 qui ne trouve pas d’inconvénient que ce poste revienne à l’UDPS (parti phare du Rassemblement), cependant la personne à désigner n’aurait pas d’emblée le quitus de la plate-forme. « Lorsque nous, le G7, disons que nous faisons confiance à l’UDPS, cela ne veut pas dire que nous allons accepter n’importe quelle personne qu’on va nous donner », a déclaré Pierre Lumbi, leader du Mouvement social pour le renouveau (MSR). Entre-temps, l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre pilotée par Samy Badibanga continue de rejeter le compromis politique du Centre interdiocésain négocié sans son accord. Quant à la déchéance de l’actuel Premier ministre, le sujet paraît ne pas préoccuper ce regroupement politique de circonstance qui, citant la Constitution, note que « c’est le Premier ministre qui doit choisir de démissionner ou il doit être démis par l’Assemblée ».

Dans le cas d’espèce, aucun de ces deux cas de figure n’est à l’ordre du jour. À la majorité présidentielle, on laisse entendre que le soutien au nouveau gouvernement issu du Centre interdiocésain n’aurait rien d’automatique. Tout devra se jouer à l’Assemblée nationale à défaut de la démission de l‘équipe gouvernementale conformément à la Constitution.  Des remises en cause qui inquiètent quant à la suite du processus. Face aux positions difficilement conciliables des uns et des autres, l’arbitrage des évêques s’impose, cette fois-ci plus qu’hier, car il s’agit de gérer des susceptibilités. «Là, il faut discuter avec les politiciens. Et, c’est la partie la plus difficile parce que là, il s’agit de la mise en application d’un accord. Ça signifie donner des postes à des plates-formes politiques. Ça signifie aussi mettre des noms sur les postes et quand on commence à toucher à des personnes, les susceptibilités montent à la surface et aussi les intérêts égoïstes », a reconnu Mgr Fridolin Ambongo. 

Pour l’heure, les parties prenantes aux négociations directes du Centre interdiocésain s’attellent à finaliser leurs propositions d’arrangement particulier pour la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre, lesquelles propositions feront l’objet d’harmonisation au cours de la séance de ce 10 octobre sous la direction des évêques catholiques.   

Alain Diasso

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