Application de l’accord du 31 décembre : entre manœuvres dilatoires et intransigeances irréalistes

C’est, à la limite, une sorte de ras-le-bol que l’épiscopat catholique a exprimé le 27 février par le biais de ses évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco). Ces derniers qui étaient ce jour face à la presse ont, à l’occasion, rendu public le communiqué final ayant sanctionné l’assemblée plénière extraordinaire des évêques tenue à Kinshasa du 20 au 25 février. À travers ce rapport intitulé « Non au blocage. Face aux tribulations du moment: prenez courage, car le Christ a vaincu le monde », la Cénco livre à l’opinion sa lecture par rapport aux enjeux politiques actuels caractérisés notamment par le blocage de la mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre.

L’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la Cénco qui s’est chargé de lire le message de la Cénco, a mis en exergue l’impatience qui gagne de plus en plus la médiation au regard de l'intransigeance affichée par les parties prenantes sur le nom du candidat Premier ministre. Les évêques trouvent, en effet, indécente l’intransigeance faite sur un ou trois noms des candidats Premier ministre à présenter pour nomination par le Rassemblement et appellent les uns et les autres à faire preuve de bonne foi pour appliquer l’accord. « L’appel est lancé aux uns et aux autres de considérer d’abord l’urgence dans laquelle se trouve notre population aujourd’hui (…) C’est d’abord question d’aimer le pays plutôt que de considérer le positionnement politique », peut-on lire dans le message lu par l’abbé Donatien Nshole. À ce sujet, les évêques recommandent au Rassemblement et à la majorité de faire des concessions réciproques car, notent-ils, le fait de considérer les chiffres comme sacro-saints n’est pas de nature à faire avancer le processus.  

Pour les évêques, tout le monde doit mettre la main à la pâte pour tirer le pays du bourbier dans lequel il s’est empêtré. D’où l’exhortation faite à la majorité présidentielle, à l’opposition et à la société civile qu’ils invitent « à aplanir sans délai les points de divergence quant à l’arrangement particulier afin de parachever les négociations en cours ». Le président de la République n’est pas épargné dans ce message des évêques qui voudraient le voir s’impliquer davantage, en sa qualité de garant de la Nation, « dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre, et particulièrement dans le processus de nomination du Premier ministre chargé de former le gouvernement ayant pour priorité l’organisation des élections ».

À toutes les parties prenantes, les évêques demandent d’être «sensibles au cri de détresse du peuple congolais qui attend impatiemment l’application de l’Accord du 31 décembre 2016 et de ne pas bloquer son application par des manœuvres dilatoires et par des intransigeances irréalistes ». Sur la même lancée, ils insistent sur la nécessité d’un «dialogue franc, basé sur la bonne foi et la confiance mutuelle » tout en rappelant aux deux parties que « la recherche du bien commun va bien au-delà des intérêts privés ».

Enfin précisant le sens de leur démarche en tant que médiation, les évêques catholiques ont précisé que leur mission de bons offices « consiste à offrir aux acteurs politiques et sociaux un cadre propice aux concertations et à les exhorter à trouver un consensus en privilégiant les intérêts de la population et le bien supérieur de la République ». Et d’ajouter que la Cénco ne jouant que le rôle de médiation, on ne peut lui attribuer la responsabilité du blocage actuel. Toutefois, malgré les embûches dressées sur leur chemin, les évêques se sont dits décidés à « accompagner le peuple congolais dans la mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre ».