Appuis financiers : la RDC n’émettra pas d’eurobond

Mercredi 18 Mai 2016 - 17:46

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Selon les informations en notre possession, le pays a suspendu l’émission de son eurobond pour financer son déficit budgétaire. En effet, le projet consistait concrètement à émettre un milliard d’obligations internationales en devises américaines.

Citant les autorités congolaises, l’agence Ecofin a fait état d’une volonté de la RDC de se tourner désormais vers les appuis financiers directs des bailleurs de fonds multilatéraux pour arriver à soutenir son déficit budgétaire. Dans l'une de ses dernières livraisons, la rédaction a repris les inquiétudes du Fonds monétaire international (FMI) sur le risque d'un endettement massif des États africains pour financer certains projets infrastructurels. À travers cette annulation, le pays se tourne vers ses partenaires multilatéraux pour emprunter un milliard de dollars US au lieu de s’adresser aux marchés qui appliquent des taux non concessionnels. Selon notre source, les appuis financiers de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine de développement (BAD) devraient avoisiner plusieurs centaines de millions de dollars US. L’on parle exactement de 250 à 500 millions pour la BM et de 100 millions pour la BAD, sous réserve de la revue de portefeuille par le FMI au mois de juin prochain. 

En RDC, le projet de l’émission prochaine de l’Eurobond a commencé à se préciser dès 2015. L’on apprend que plusieurs pays africains ont renoncé finalement à mettre en œuvre le projet à cause des conditions du marché international de la dette et la triste expérience des taux élevés offerts au Cameroun et à l’Angola, se rapprochant des 10%. Ce type de financement n’est pas de nature à rassurer les pays post-conflits comme la RDC dont l’économie reste très fragile et la capacité de rembourser très faible avec la chute des recettes minières. L’Afrique du Sud et quelques pays africains ont eu le courage de s’engager jusqu'au bout dans cette voie. Bientôt, le Sénégal pourrait leur emboîter le pas.

Comme l’a expliqué un analyste économiste, il y a un avantage de s’adresser au marché international. En effet, le pays emprunteur arrive effectivement à mettre cet argent au service de la réalisation de sa vision. Il est également possible de négocier les taux, les délais et donc d'avoir une réelle marge de manœuvre. Ce qui n’est pas toujours le cas pour les appuis des partenaires multilatéraux. « Il n’y pas que la RDC qui cherche à s’endetter. Même les États-Unis d’Amérique et les pays européens sont très endettés. Tout se joue sur la capacité à rembourser. C’est une bonne chose pour le pays d'être finalement coté, même si la cotation n’est pas bonne. Cela permet malgré tout au prêteur de pouvoir vous évaluer ». Avec la morosité du marché des matières premières, la RDC n’est plus en mesure d’atteindre ses prévisions de recettes pour l'exercice 2016. Le premier producteur africain de cuivre est contraint désormais de réduire ses dépenses de manière drastique sans arriver à régler totalement le problème de son déficit budgétaire.

Laurent Essolomwa

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