Arlette Soudan Nonault : « Le tourisme et les loisirs sont des secteurs nobles et sources de création d’emplois...»

Lundi 2 Janvier 2017 - 15:17

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Sitôt arrivée à la tête du ministère du Tourisme et loisirs, Arlette Soudan- Nonault, a mené plusieurs actions. Elle a réuni les acteurs économiques et les professionnels du tourisme et des loisirs de la ville de Brazzaville, ensuite les autorités et responsables administratifs du même département, avant d’ouvrir les bureaux d’informations touristiques (BIT) de l’aéroport international Maya-Maya au départ et à l'arrivée. S’en sont suivies, les descentes à l’île Mbamou ; dans les départements du Niari, de Pointe-Noire puis du Kouilou. Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, la ministre du Tourisme et des loisirs, explique la politique de son département qui consiste à vendre « la destination Congo » et atteindre la mission qui lui a été assignée : apporter une part significative au Produit intérieur brut (PIB) congolais à l’horizon 2021. 

Les Dépêches de Brazzaville. Madame le ministre, quels sont les objectifs assignés à votre département au moment de votre prise de fonction? ?

Arlette Soudan-Nonault : La Marche vers le développement, programme de société du président de la République, Denis Sassou N’Guesso, mis en œuvre par le Premier ministre chef du gouvernement, Clément Mouamba, dans l’optique de l’indispensable diversification de l’économie, donne une place importante aux secteurs du tourisme et des loisirs. Le ministère que, j’ai la charge de conduire, a pour objectif de développer l’industrie touristique et des loisirs au Congo, afin de promouvoir ce secteur jusqu’ici insuffisamment exploité et méconnu d’acteurs potentiels. Le but, ambitieux mais réalisable de cette politique de rupture, est que ce secteur devienne suffisamment générateur de revenus et d’emplois pour atteindre une part significative du PIB à l’horizon 2021.

LDB : Quels sont les atouts dont bénéficie la « destination Congo » pour atteindre cette part significative du PIB à l’horizon 2021 ?

ASN. Les atouts dont bénéficie la « destination Congo », nous les connaissons tous ou plutôt, nous croyons les connaître, tant il est vrai que les Congolais semblent parfois être les derniers à se rendre compte de leurs richesses potentielles. Diversité des sites, hospitalité des populations, richesse culturelle et artisanale, engouement planétaire pour l’écotourisme et le tourisme fluvial, deux niches dans lesquelles nous sommes en théorie particulièrement bien placés : le potentiel est là, intact et prometteur. Ni le gouvernement, ni mon ministère ni moi-même ne disposons de baguette magique pour transformer le Congo en eldorado touristique. Mais la volonté, je dirai le volontarisme politique de réussir est là et dans le secteur que le chef de l’état et le Premier ministre ont fait l’honneur de me confier, j’entends bien l’incarner au quotidien.

LDB : La première réalisation visible sur le chemin du renouveau du tourisme au Congo est sans nul doute la mise en place des BIT ; d’où vous est venue cette initiative ?

ASN : Le tourisme, certes est source de richesses, de développement durable, de valorisation du patrimoine culturel et environnemental congolais, mais il est aussi et avant tout une source de création d’emplois. Il représente aujourd’hui un emploi sur onze à travers le monde, une proportion que le Congo est encore loin d’atteindre. Il nous fallait, sans tarder, relever le défi et l’inauguration des BIT qui est un premier pas significatif dans cette direction. Les animateurs touristiques de ces BIT ont suivi un séminaire intensif de formation et de mise à niveau, pour devenir ce que l’on appelle en jargon de la profession, « des conseillers en séjour ». Certains d’entre eux sont appelés à travailler sur le site du premier bureau d’information touristique du Congo à l’aéroport international de Maya-Maya. Ce sont donc vingt emplois jeunes qui ont été créés. Vingt autres le seront prochainement, dans le cadre des BIT des aéroports de Pointe-Noire et de Dolisie, qui seront opérationnels d’ici le premier trimestre 2017. Et bien d’autres encore. Je m’y engage, dans le cadre du déploiement de notre maillage touristique à travers tout le Congo. Un déploiement déjà en cours, par le biais de diverses missions et partenariats lancés dès mon entrée en fonction.

LDB : Qu’allez-vous faire pour poser les bases du développement du tourisme et des loisirs ?

ASN : Mon ministère a décidé de mettre en place, le plus rapidement possible : un Guichet unique des systèmes de tourisme, de l’hôtellerie et des loisirs, une procédure fiable et rigoureuse de catégorisation et de classification des hôtels, restaurants et établissements touristiques ; un mécanisme d’accompagnement technique et financier des initiatives privées de petite taille dans les domaines du tourisme et des loisirs ; une participation assidue du ministère aux réunions, conférences et salons nationaux et internationaux, afin de faire connaitre et de vendre la destination Congo ; une politique ambitieuse et agressive de marketing, via la création de sites internet dédiés et la prise de contact avec les tour-operators et investisseurs potentiels. Concernant particulièrement le secteur du tourisme, l’action du gouvernement va se focaliser sur la mise en œuvre de la politique de développement durable de l’industrie touristique récemment adoptée et dont le schéma directeur est en voie d’être appliqué.

LDB : Comment procédez-vous pour rationaliser le paiement de la taxe touristique ?

ASN : Pour des raisons de traçabilité et de maitrise des recettes et afin de se mettre en conformité avec les textes en vigueur, j’ai dès mon arrivée au ministère fait obligation aux promoteurs d’hôtels de payer la taxe touristique par chèque ou virement sur un compte ouvert dans une banque de la place.

LDB : Quel est l’apport des partenaires étrangers au développement touristique du Congo ?

ASN. Avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et l’organisation mondiale du tourisme (OMT), nous avons mis en place notre stratégie nationale du tourisme et notre plan directeur. Nous sommes en train de procéder à la refonte de la classification hôtelière. Avec la Banque mondiale et le projet PADE, nous avons établi une relation multiforme.

LDB: Que devraient faire les Congolais afin de mieux connaitre ce secteur ?

ASN. C’est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur. Les premiers clients ou ambassadeurs du tourisme congolais devraient être les congolais eux-mêmes. Ce n’est hélas pas toujours le cas. Trop peu d’entre nous connaissent et visitent les richesses de notre propre pays et trop rares sont ceux qui les vantent à l’extérieur. J’ai moi-même plus d’une fois constaté la tendance fâcheuse qu’ont certains personnels évoluant dans les métiers du tourisme, de la restauration, de l’hôtellerie ou des loisirs à traiter leurs clients africains comme des clients de seconde zone, alors que l’étranger, surtout quand il vient d’occident a droit, au traitement de faveur que tout client est en mesure d’attendre. Si nous n’aimons pas notre pays, ne nous respectons pas, si nous nous complaisons dans le dénigrement et l’autodénigrement, alors tous les efforts pour rendre le Congo attractif seront vains.

LDB : Après avoir fait le diagnostic, quels sont les atouts dont bénéficie le secteur du tourisme au Congo ?

ASN : Le diagnostic du secteur touristique au Congo, a permis de mettre en évidence des améliorations observées ces dernières années et de relever également les insuffisances multiformes dont souffre ce secteur. Les atouts dont bénéficie le secteur du tourisme dans notre pays se présentent comme suit : la richesse et la diversité des sites soutenus par leurs potentiels naturels et culturels, la renommée mondiale de certains d’entre eux, la densité et la diversité de la forêt équatoriale ; l’envergure du fleuve Congo ; l’hospitalité des populations environnantes ; l’existence de plusieurs infrastructures de base, attenantes aux sites ; l’implication progressive des investisseurs étrangers dans les domaines de l’hôtellerie et de la restauration ; la perception du tourisme comme moyen de lutte contre l’exode rural par la création d’emplois et le développement d’activités dérivées ; la position de carrefour dans la sous-région Afrique centrale.

LDB : Comment aviez-vous reparti les zones de développement touristique ?

ASN : Dans le cadre de sa politique de renouveau, le ministère a reparti le territoire national en trois zones de développement touristique, à savoir : la zone nord ; la zone sud ; et la zone de Brazzaville et ses environs.

La zone de Brazzaville et de ses environs, arrosée par un des plus grands fleuves du monde, concentre une multitude d’activités touristiques existantes au potentielles qui, selon le développement futur de l’offre, peuvent se réaliser aussi bien sur terre que sur eau. Brazzaville n’est pas seulement une capitale en plein essor dans le secteur des arts et de la musique, c’est aussi la zone de développement touristique la plus développée en terme d’infrastructures, de potentialités, de diversités et d’impact social et c’est surtout le pôle culturel et historique du Congo. La probabilité d’une croissance économique durable est aussi très élevée dans cette zone dont la particularité sera de répondre aux besoins du marché domestique, de la diaspora congolaise et de la clientèle haut de gamme des conférences et expositions. Elle devra jouer un rôle de hub pour les touristes voyageant dans les principales zones protégées du pays.

LDB : La matérialisation parfaite de cette action à très court terme, est la première édition du Marché de Noël que vous avez organisé à Brazzaville ?

ASN. Absolument le Marché de Noël, c’est pour nous l’occasion de nous rassembler, de partager ensemble des moments chaleureux et d’union, de faire nos emplettes aussi à l’approche des fêtes de fin d’années, tout en mettant en valeur le savoir-faire de nos artisans, la richesse de notre culture et de notre patrimoine. Offrir cet évènement familial destiné à l’épanouissement de tous, en cette période ou plus que jamais nous devons cultiver les valeurs d’amour, de tolérance, de fraternité et de paix, me tenait à cœur. Cette paix que nous a léguée le chef de l’état, Denis Sassou N’Guesso et que nous devons à tout prix préserver. Le succès de ce premier Marché de Noël a dépassé toutes mes espérances. L’affluence et la convivialité qu’on y rencontre sont pour moi une vraie source d’encouragement.

LDB. Quelles sont vos perspectives ?

ASN. Dans le cadre de la promotion du secteur du tourisme et des loisirs, mon département ministériel se projette dans les activités suivantes : poursuivre la finalisation du cadre institutionnel et réglementaire ; parvenir à la classification des établissements touristiques et hôteliers ; parvenir à la classification des établissements de loisirs ; vulgariser le mode de paiement de la taxe hôtelière ; formation continue des agents et cadres du ministère ; formation des conseillers en séjour ; formation des guides ; recrutement des professionnels du tourisme et des loisirs ; réaffectation des cadres et agents de l’enseignement détachés au ministère du tourisme et des loisirs, à leur ministère d’origine pour les besoins de service public ; installation d’un BIT à Dolisie et Pointe Noire ; création d’un jardin botanique ; création d’un grand aquarium ; création de parcs à thème ; Etude de faisabilité du développement balnéaire de Pointe-Noire ; tenue des assises du tourisme et des loisirs ; poursuite de la construction des gîtes ruraux ; création de la société congolaise d’aménagement touristique (Socatour).

LDB :  Un mot pour conclure notre entretien …

ASN : Le tourisme intérieur, celui qui amène les Congolais à la découverte du Congo, est un puissant vecteur de brassage et d'unité nationale. Le développer est pour moi une priorité. La politique de municipalisation accélérée a offert à tous les congolais l’accessibilité à leur propre territoire : routes, aéroports, hôtels,  restaurants, banques, hôpitaux et conditions de sécurité sont présents. Au congolais de s’approprier leur pays, dans les deux sens : visiter et recevoir. Quand vous êtes l’hôte de quelqu'un, vous ne l’agressez pas et il ne vous agresse pas. Le tourisme est un facteur de paix et fraternisation à nul autre pareil.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo : Madame le ministre Arlette Soudan-Nonault

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