Art d’Orphée : le cri de détresse de Yantula Petit Pierre et Brazzos Mwango

Jeudi 11 Juillet 2019 - 20:02

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Les deux anciennes stars ont fait partie du groupe de sept musiciens qui ont agrementé les pères de l'indépendance à la table ronde politique de Bruxelles. Délaissés et sans assistance, alors qu'ont participé à la composition et l'enregistrement de la célèbre chanson "Indépendance Cha Cha", ils se tournent vers le président de la République, Félix Tshisekedi, pour demander sécours et reconnaissance de l'Etat.

Abandonnés et oubliés, les deux survivants des sept musiciens ayant agrémenté la table ronde de Bruxelles, en 1960, Pierre Yantula Bobina Elengesa, alias Petit-Pierre, et Mwangu Fwa Maya dit Armando Brazzos, viennent d’adresser un SOS au président de la République. Ils sollicitent son assistance et la reconnaissance de l’Etat aux musiciens qui ont accompagné les pionniers de l’indépendance à la table ronde à Bruxelles, dont le cinquantième anniversé a été célébré le 30 juin dernier. 

« Au nom des cinq autres musiciens qui nous ont précédés dans l’au-delà, nous avons adressé une requête à la bienveillante attention du président de la République et chef de l’Etat, en tenant compte surtout de sa sensibilité aux doléances du peuple dans le volet du slogan ‘Le peuple d’abord’. Nous tirons à ce jour le diable par la queue, privés de toute assistance », a déclaré Petit Pierre Yantula, âgé aujourd’hui de 78 ans. Il était le benjamin du groupe à l’époque, contraint d’arrêter presque sa carrière en 1963 à la suite d’un grave accident qui lui coûta l’amputation d’une jambe. Et depuis plusieurs années, il est chef du quartier Singa Mopepe, dans la commune de Lingwala.

Très malade, Mwango Fwa Maya dit Armando Brazzos, 86 ans, ne peut plus voir ni parler. Plusieurs demandes d’assistance auprès des autorités sont restées sans suite favorable. Aujourd’hui, il s’adresse directement au président Félix Tshisekedi afin de voler à leur secours, eux qui n’ont jamais perçu même un centime des droits de la chanson « Indépendance Cha Cha ». 

Pour la petite histoire, Petit Pierre Yantula Bobina Elengesa a 17 ans en 1958 lorsqu’il est recruté par Kabasele Tshamala dans l’African Jazz qu’il fréquentait avec des amis de son quartier dans la cité indigène à Léopoldville, Kinshasa d’aujourd’hui. Percussionniste formé aux rythmes afro-cubains et à la rumba de l’époque, il joue la conga. Lorsque Thomas Kanza, futur ministre délégué à l’ONU, sollicite les musiciens pour agrémenter les pères de l’indépendance à la table ronde avec la puissance coloniale, Petit Pierre fait partie des sept musiciens qui s’envolent pour Bruxelles. 

Dans la capitale belge, les négociations perdurent et les musiciens venus de Kinshasa ne tournent pas le doigt. Ils ont le temps de composer et enregistrer des chansons, "Naweli Boboto", "Table ronde", "Sophia" et surtout l’hymne "Indépendance Cha cha".

Ces sept musiciens venus de l’African Jazz et de l’OK Jazz sont donc Joseph Kabasele Grand Kallé, Roger Izeidi, Vicky Longomba, Nico Kasanda, Dechaud Muamba, Petit Pierre Yantula et Brazzos.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Petit Pierre Yantula Bobina et Brazzos Mwango Fwa, deux survivants des sept musiciens à la table ronde de Bruxelles, en 1960

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