Assemblée nationale : encore une motion de défiance !

Mardi 21 Octobre 2014 - 16:45

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Cette énième tentative de l’opposition vise la tête d’un membre du gouvernement, le ministre délégué en charge des Finances, Patrice Kitebi.

La motion anti-Kitebi initiée par le Député national Samy Badibanga et cosignée par près d’une soixantaine de ses compères de l’Opposition, vient d’être déposée au bureau de l’Assemblée nationale (AN). À considérer la fin réservée aux précédentes tentatives, plusieurs questions se posent dans l’opinion. Déjà, ce qui aurait pu être une démarche purement parlementaire a déjà pris une tournure politique. C’est donc un autre affrontement Majorité-Opposition que les députés nationaux et leurs dépendants tendent à offrir à leurs électeurs.

Parmi les préoccupations qui se dessinent clairement, l’opinion veut notamment savoir ce à quoi s’attendent l’initiateur et les co-signataires de ladite motion, sachant que l’opposition est minoritaire à la chambre basse du Parlement. Cette inquiétude est motivée par les différentes suites obtenues lors des initiatives prises dans la foulée de deux dernières législatures. « Certaines initiatives n’ont pas obtenu le nombre de signatures exigées pour être acceptées au niveau du bureau et soumises au vote alors que d’autres ont carrément été déboutées par la Majorité lors desdites votes », rappelle-t-on.

Le moustique et l’éléphant

Pour certains, cette action de l’opposition vaut son pesant d’or dans la mesure où elle permet de freiner les ardeurs de la Majorité qui se croirait « toute puissante et permise de tout faire ». « Il faut de temps en temps les bousculer pour freiner leur ardeur et leur rappeler qu’ils sont surveillés dans leur action », soutiennent les tenants de cette logique qui pensent que ces actes parviennent à « emmerder » ceux qui dirigent. Mais, à bien voir, ces initiatives sont « nulles et de nul effet » et ne font que passer le temps car, leur conception et le traitement des questions qu’elles abordent constituent un gaspillage de temps, et pour le concepteur et pour toute l’institution.

Des motions « affaires »

L’opinion se rappelle également des parodies de certaines motions montées de toute pièce pour le besoin de la cause, des motions « coop » qui auraient permis à leurs auteurs ou aux co-signataires de truander les personnes visées en se partageant leur « butin de fonction ». Il est à noter que dans les corridors des motions, de fortes sommes d’argent circulent sous les manteaux afin d’arrêter la machine infernale. Si pour la Majorité - qui est plus ou moins unie – un mot d’ordre de l’autorité morale ou une montée à Kingakati suffit pour calmer le jeu, l’opposition qui n’a pas une personnalité habilitée à engager l’ensemble de la plate-forme ne se calme que lorsque les intérêts financiers sont mis en jeu.

C’est ce qui aurait permis à l’initiateur d’une motion initiée dernièrement de s’acheter une parcelle et un véhicule. Cette propension à confectionner des motions que l’on sait d’avance mort-nées inquiète. En toute logique, même le soutien accordé à certaines motions par les membres de la Majorité ne viserait que le partage du butin car, celui qui est visé voudra avoir l’assurance du soutien des membres de son camp. Ce qui le pousserait à s’approcher d’avantage d’eux…

En ce qui concerne la motion de défiance initiée contre Kitebi, il se dit déjà que la Majorité n’est pas prête à laisser son ministre monter sur la table pour y être immolé. Elle tient à lui éviter la guillotine dont les conséquences peuvent aller jusqu’à la divulgation de certains secrets qui la fragiliserait.

Qu’attend-on donc de cette motion contre le ministre des finances ? Cette motion pourra-t-elle se démarquer de précédentes ? C’est autant de questions pour lesquelles l’opinion congolaise attend des réponses.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: une vote à l'Assemblée nationale.