Assemblée nationale : vers une réduction drastique des prévisions budgétaires

Pour la énième fois, Matata Ponyo s’est présenté le 16 mai devant la représentation nationale avec, sous les bras, le projet de loi des finances rectificatif de l’exercice 2016 adopté dernièrement au niveau du gouvernement. Le Premier ministre s’est attelé à présenter les grandes lignes de ce collectif budgétaire soumis, par ailleurs, à l’appréciation de la chambre basse du Parlement pour adoption. La grande particularité du nouveau projet de loi des finances tient notamment à la réduction drastique des prévisions budgétaires, conséquence de la baisse du budget 2016 passé de 8 milliards de dollars à 6 milliards de dollars.

Situé à hauteur de 6.610,9 milliards FC, en équilibre en recettes et en dépense, le budget 2016 comme rectifié est la conséquence des fluctuations économiques que connaît le pays ces derniers trimestres à la suite à des chocs exogènes et endogènes. Se voulant persuasif sur ce terrain, le premier ministre a indiqué que, face à la baisse des cours des principales matières premières que la RDC exporte, il n’y avait pas d’autre alternative que de revoir à la baisse les prévisions budgétaires afin de préserver le pays de l'hyperinflation. Pour lui, ce traitement de choc était plus qu’indispensable pour la RDC qui tire une grande partie de ses recettes budgétaires (plus de 50%) des secteurs minier et pétrolier. Or, justement avec la chute des prix du cuivre et du pétrole sur les marchés mondiaux depuis le début de l’année, il était tout à fait indiqué de revoir les prétentions à la baisse. Ce, d’autant plus que cela s’est fait sentir sur les finances de l’État qui a vu fondre ses recettes fiscales.

Le gouvernement qui avait initialement tablé sur des recettes de l’ordre de 8.476 milliards FC devrait, par la force des choses, se contenter de 6.610 milliards FC, soit une dépréciation d’environ 2.000 milliards FC (un peu plus de 2 milliards de dollars). C’est ainsi que le taux de croissance initialement prévu à 9% pour cette année a été ramené à 6,6% impliquant naturellement une modification substantielle des objectifs originels. Pour pallier  cette situation, l’une des recettes que propose le Premier ministre est la réduction de 30% du train de vie de l’État. Et pour y parvenir, Matata Ponyo compte notamment geler les salaires et renforcer le volet fiscal de l’action gouvernementale.

Malgré tout, les raisons de s’inquiéter pour l’avenir économique immédiat du pays restent toujours entières, car, comme l’a indiqué le Premier ministre, les prix des matières premières exportées par la RDC vont « descendre davantage » en 2016 du fait de la contraction de la demande chinoise qui a eu « un impact direct » sur les recettes budgétaires. Wait and see.