Auf Wiedersehen, Pitchou Mouaya*

Samedi 14 Mai 2016 - 23:45

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À presque 32 ans, Pitchou Mouaya prend sa retraite, usé par deux graves blessures. Mais l'ancien défenseur international, au club depuis 2009, reste à Hallescher comme superviseur et entraîneur des jeunes. Après avoir reçu un vibrant hommage de ses supporteurs, il se confie aux Dépêches de Brazzaville

Les Dépêches de Brazzaville : Pitchou, avant de nous raconter le match de samedi dernier, peux-tu nous donner des nouvelles de ta santé, un an après ta rupture des ligaments croisés (ndlr : le 26 mai 2015) ?

Pitchou Mouaya : Je vais bien, j’ai repris l’entraînement il y a un mois, après une très longue indisponibilité, avec un long travail de rééducation et de réathlétisation. Malheureusement, je n’ai pas 90 minutes dans les jambes. Je pourrais rentrer en fin de match, mais comme le club jouait le maintien en fin de saison, je n’ai pas eu l’occasion de rentrer.

LDB : A presque 32 ans, tu prendras ta retraite sportive à l’issue de la saison. Mouaya joueur, c’est fini ?

P.M : Oui, je raccroche les crampons. J’arrive en fin de contrat avec le club, après sept saisons à Hallescher, qui m’a proposé une reconversion technique. J’aurai aimé jouer une ou deux saisons supplémentaires, mais avec mes deux blessures graves, c’était trop compliqué (ndlr : fin 2012, il avait été victime d’une fracture du tibia-péroné). Donc je tourne cette page de joueur pour devenir scout (ndlr : superviseur) et entraîneur des U17 de Hallescher.

LDB : Samedi dernier, contre Aalen, les supporteurs t’ont rendu un vibrant hommage (ndlr : http://bit.ly/1TBREaz ). C’était impressionnant…

P.M : C’était vraiment très émouvant, j’en ai  eu la chair de poule rien que d’en parler. N’étant pas dans le groupe, je me suis installé en tribune, sans savoir ce qui m’attendais. Quand j’arrive dans le stade, je vois une banderole aux couleurs du Congo, avec inscription en français : « Un de nous pour toujours ». J’étais ému, mais ce n’était que le début, puisqu’à l’entrée des joueurs sur le terrain, toute la tribune s’est parée de vert-jaune-rouge, avec un tifo de mon visage et le chant que les supporteurs m’ont attribué depuis mon arrivée. On m’a ensuite expliqué que c’était la première fois que ça arrivait à Hallescher, qu’aucun joueur du club n’avait jamais eu le droit à un tel hommage.

LDB : On te sent ému…

P.M : Oui, forcément. Un tel hommage, c’est tellement beau. Je suis allé voir les supporteurs après le tifo, certains pleuraient, en me demandant de jouer encore une ou deux saisons...

LDB : Comment expliques-tu cette fusion avec Hallescher et ses supporteurs ?

P.M : Je sais très bien que je ne suis pas le meilleur défenseur central du monde et les supporteurs le savaient aussi. Mais ici, en Allemagne, ils accordent beaucoup d’importance à la personnalité, à l’humain. Sur le terrain, j’ai toujours tout donné, je me suis toujours battu pour le club. Et en dehors, j’ai toujours beaucoup échangé avec les supporteurs, j’allais à leur rencontre pour discuter, pout signer des autographes. Ce qui m’unit à Hallescher, c’est l’équivalent des liens familiaux. Quand je me suis fracturé la jambe, en 2013, mes dirigeants sont venus me voir à l’hôpital, juste après l’opération pour me faire prolonger mon contrat, qui s’arrêtait en juin. Personne ne pouvait savoir si j’allais rejouer, mais eux ne voulaient qu’une chose : me soutenir et me revoir avec le maillot sur le dos. C’est rare, très rare même.

LDB : Puisque tu vas raccrocher les crampons, peux-tu nous donner ton meilleur souvenir de footballeur ?

P.M : C’est ma première sélection avec le Congo. J’ai vécu des choses magnifiques à Hallescher, mais la sélection, c’est le mieux. Surtout que mon père était lui aussi international, mais que ma mère ne voulait absolument pas que je devienne footballeur. C’est après avoir eu mon baccalauréat que j’ai pu jouer au football tranquillement. A Hallescher, j’ai aussi vécu de grandes choses, avec le brassard de capitaine en 2013 avec la montée en Liga 3, toute la ville de Halle était en fusion.

LDB : Et ton plus grand regret ?

P.M : C’est d’être arrivé un peu tard en Europe. Sinon, je pense que j’aurai pu franchir davantage de paliers. Quand nous arrivons à Oberneuland avec Francky (Sembolo), en 2009, des clubs comme Hanovre et Hambourg nous veulent pour leur équipe U23. C’était trop tard. En sélection, j’aurai aimé disputer la CAN, mais quand j’étais sélectionné, c’était compliqué, avec une organisation bien moins bonne qu’aujourd’hui. Mais bon, la vie continue…

LDB : Justement, elle continue sur le banc : tu vas passer des diplômes pour entrainer ?

P.M : Oui, j’ai déjà la licence C, en tant que joueur professionnel. D’ici août, je vais passer les examens pour la licence B, qui  permet d’être entraîneur ou entraîneur adjoint chez des jeunes ou alors les séniors, mais jusqu’en 5e division. Ensuite, je compte passer la Licence A, qui permet de diriger des équipes de Regionnaliga, de Liga 3 et de Bundesliga 2. La dernière étape, c’est le fußball lehrer, pour entraîner en Bundesliga ou au niveau international…

LDB : Et ton rôle de « scout » ?

P.M : Il y a plusieurs fonctions. Je vais superviser les futurs adversaires du club, pour définir les caractéristiques. Ensuite, j’irai voir des joueurs ciblés par le staff en vue d’un recrutement. Je peux aussi en repérer et le proposer. C’est une nouvelle vie qui commence.

* Au revoir, Pitchou Mouaya 

 

 

 

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

En 2013, Mouaya, capitaine du FC Hallescher, fête à l'allemande le titre de son club, qui accède ainsi à la Liga 3 (droits réservés) Samedi dernier, le stade ERDGAS Park de Halle s'est mis aux couleurs du Congo pour rendre hommage à Pitchou Mouaya (droits réservés) Proche des supporteurs, Mouaya a une relation presque familiale avec le club est-allemand (droits réservés) Avec une quinzaine de sélections entre 2007 et 2010, Mouaya a réalisé son rêve, mais regrette de ne pas avoir disputé la Coupe d'Afrique de nations (droits réservés)

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